Pour les journaux arabes, Israël n'est pas impressionné par l'Iran
Alors que le monde se réunit à Genêve pour discuter du programme nucléaire iranien, le quotidien panarabe Asharq al-Awsat rappelle que le régime des mollahs prend un gros risque. Ses démonstrations de force a peut-être impressionné les Occidentaux, mais certainement pas les Israéliens.
Iran semble avoir décidé de monter le ton vis-à-vis de l'Occident dans le dossier nucléaire. "Quand tu traverses l'enfer, poursuit ton chemin", avait dit Winston Churchill. Conformément à cette maxime, les Iraniens ont testé de nouvelles roquettes dont la portée est suffisante pour atteindre Israël. Contrairement à la plupart des analystes qui se focalisent sur la communauté internationale et sur les options du monde occidental, il faut surtout prendre en compte un autre élément, à savoir Israël. Pour Jérusalem, les progrès du nucléaire iranien tout comme l'indécision occidentale constituent une menace. Contrairement aux Occidentaux et même aux Arabes, les autorités israéliennes prennent les déclarations iraniennes au sérieux, y compris celles de Mahmoud Ahmadinejad au sujet de la destruction d'Israël. C'est pourquoi elles ont demandé aux Occidentaux (et en particulier aux Américains) de réagir rapidement à la découverte d'une deuxième installation nucléaire (à côté de la ville de Qom).
Face à l'intransigeance israélienne, il y a l'intransigeance iranienne, exprimée par le guide suprême Ali Khamenei lors du prêche du vendredi qui clôturait le ramadan. De nombreux observateurs ne se sont pas aperçus de sa teneur. Il y disait qu'il fallait "rester ferme sur la défense du droit iranien au nucléaire" et que le régime "irait à sa perte s'il se montrait faible face à l'arrogance des ennemis et leur cédait". Khamenei établit donc un lien entre le nucléaire et la pérennité du régime. Celui-ci ne tire pas sa légitimité de sa capacité à bâtir un Etat et à servir le citoyen, mais de ses succès nucléaires. On pourrait se dire que ce discours est simplement destiné à faire monter les enchères à la veille des négociations avec l'Occident. Or, vraie ou fausse, cette théorie n'est pas partagée par Israël. Il faut également s'interroger sur les concessions que pourraient faire les uns et les autres. Les Iraniens peuvent-ils en faire à partir du moment où le guide suprême en fait un enjeu de survie pour son régime ? Quant à l'Occident, pourrait-il concéder la bombe à Téhéran ? Ou un rôle de puissance régionale ? Cela irait au détriment des pays et régime voisins, et aucun pays arabe n'accepterait d'en faire les frais. Cela réveillerait d'autres ambitions nucléaires dans la région et ouvrirait la boîte de Pandore de la course à l'armement. Voilà encore un scénario qu'Israël veut éviter à tout prix.
C'est pour cela que l'ensemble de la région, voire le monde entier, est désormais hanté par la menace qui pèse sur la sécurité, l'économie et la stabilité. Le Moyen-Orient risque de connaître un conflit destructeur, incomparablement plus grave que ce que nous avons connu lors de toutes les nakbas passées.