Pire que le statu quo...

Publié le par JSS


« Une vraie fête », a commenté le « guide suprême » et vrai détenteur du pouvoir en Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, en saluant la victoire de son protégé Mahmoud Ahmadinejad, le bras séculier des mollahs. La « fête » du déni de démocratie, sans doute, tant les résultats officiels de cette élection paraissent étranges. Même la très forte participation annoncée laisse perplexe, en l'absence d'observateurs impartiaux. Le bourrage des urnes est une pratique chère aux Gardiens de la révolution, l'impitoyable milice de ce régime clérical.
 Mais fallait-il s'attendre à autre chose ? Bien naïfs ceux qui ont cru comme souvent dans un passé récent que les « réformateurs » avaient une vraie chance. Peut-être en ville, dans les beaux quartiers de Téhéran et dans les universités. Pas ailleurs dans ce vaste pays où emplois et subsides sont distribués aux « bien-pensants ». Où les non-Perses représentant la moitié de la population sont sous surveillance constante et dans l'impossibilité d'exprimer leurs convictions.
 Après quelques échauffourées, la chape de plomb va retomber sur l'Iran. Et l'extrémisme va encore gagner. A l'intérieur du pays, avec un programme nucléaire accéléré jusqu'à la fabrication de la bombe, sans oublier un provocant discours populiste, nationaliste et religieux destiné à masquer le marasme économique. A l'extérieur de l'Iran, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien seront vite confortés : le grand « parrain » de Téhéran est toujours en place, plus solidement installé que jamais. A juste titre, Israël s'estimera encore plus menacé avec, pour conséquence, le maintien ou le renforcement de la ligne dure engagée par le gouvernement Nétanyahou.
 Dans ces conditions, la main tendue par Barack Obama à l'Iran ne sera jamais saisie. Le changement de cap de la politique américaine au Moyen-Orient, en exigeant de vraies concessions israéliennes - notamment l'arrêt de la colonisation en Cisjordanie - pourrait vite se heurter à d'autres réalités. La réélection d'Ahmadinejad ne confirme pas seulement le statu quo au Moyen-Orient, elle porte les germes de la confrontation.
 Pourtant, l'Iran aurait tout intérêt à s'ouvrir au monde, à dialoguer avec l'Europe et les Etats-Unis, pour des raisons autant économiques que politiques car le bourbier afghan est à ses portes. Mais prendre langue avec une dictature, même en restant sur le seul terrain de la realpolitik, relève déjà de la gageure. Avec une théocratie qui prétend recevoir ses ordres de Dieu, c'est mission impossible.

Publié dans Ayatolland d'Iran

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