Election en Ayatolland d'Iran: un point complet

Publié le par JSS

http://sheikyermami.com/wp-content/uploads/ahmadinejad-chimp.jpg1: Echec de la stratégie d'Obama:

Ce fut une erreur. Sa première peut-être en politique étrangère. Hier, à quelques heures de la fermeture des bureaux de vote en Iran, Barack Obama s'est trop découvert. Sûr comme tout le monde que le fort taux de participation favoriserait l'adversaire d'Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, il a déclaré:"Ce qui a été vrai au Liban peut être vrai en Iran aussi... On voit que les gens cherchent de nouvelles possibilités..."

Autrement dit, il a cru qu'à l'instar du Hezbollah Ahmadinejad ne remporterait pas le scrutin - pas au premier tour en tous cas. Il a cru que, comme au Liban, sa stratégie allait payer. Que son discours du Caire avait convaincu les électeurs de se détourner des extrémistes antiaméricains. Que ses interventions sur les chaînes arabes et surtout sa vidéo à l'attention du peuple iranien avait incité ce dernier à voter pour le candidat favorable à une reprise de dialogue avec Washington, Mir Hossein Moussavi.

Or c'est tout le contraire qui s'est passé. Sa stratégie a donc échoué - dans une large mesure en tous cas. Certes, il y a eu une très forte mobilisation des modérés, des jeunes, des femmes. Mais, apparemment et au-delà de la fraude (massive sans doute), ça n'a pas suffit. C'est une immense déception pour les partisans de la paix. Et un grave revers pour Obama.

Sa diplomatie de la main tendue est-elle désormais dans l'impasse? Certes, il a dit qu'il était prêt à discuter avec le nouveau pouvoir en Iran, quel qu'il soit. Mais il a fixé aussi une sorte d'ultimatum à ces autorités: si d'ici la fin de l'année il n'y a pas d'ouverture tangible sur le dossier nucléaire, Washington demandera des sanctions très dures au Conseil de Sécurité.

Fort du soutien de sa ligne dure incarnée par Ahmadinejad, le Guide suprême, Ali Khamenei, va-t-il choisir la confrontation? Ou, justement parce qu'il est en position de force, saisira-t-il l'opportunité d'un dialogue avec l'administration Obama?

Rédigé par Vincent Jaubert

Le guide suprême fait la fête!

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a qualifié la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad de "vraie fête" et le scrutin de "succès massif", selon la télévision d'Etat. "La participation de plus de 80% et les 24 millions de voix pour le président élu sont une vraie fête qui peut garantir le progrès du pays, la sécurité nationale et une joie durable", a dit la plus haute autorité de l'Etat. L'ayatollah avait promis de ne pas révéler son vote, mais avait apporté avant le scrutin un soutien implicite à M. Ahmadinejad. Il a cette fois "félicité le peuple pour ce succès massif".

http://tinypic.com/64nhusAlors que des partisans du candidat Mir Hossein Moussavi, arrivé deuxième, manifestaient dans le centre de Téhéran contre ce qu'ils considéraient comme une élection "volée", le guide suprême a mis en garde contre tout trouble. "J'appelle les jeunes à être vigilants, j'engage les partisans des candidats à éviter les actes et mots provoquants", a dit M. Khamenei. Il est allé plus loin en remarquant que "le président élu est le président de tous les Iraniens et (...) tous devraient le soutenir et l'aider". La campagne électorale a été marquée par une très grande animosité dans les débats entre M. Ahmadinejad, M. Moussavi et Mehdi Karoubi, un réformateur.

Ces derniers ont régulièrement reproché au président sortant de "mentir" sur son bilan économique, alors que M. Ahmadinejad a accusé ses adversaires d'être proche des "profiteurs" du régime. Moussavi a proclamé sa victoire après la clôture du scrutin vendredi soir, avant d'être contredit par le ministère de l'Intérieur. Il a protesté samedi "vigoureusement contre les irrégularités visibles et nombreuses".

Quant à Mehdi Karoubi, arrivé quatrième, il a jugé samedi que les résultats annoncés par le ministère de l'Intérieur étaient "illégitimes" et "inacceptables". Le guide suprême a averti que "les ennemis pourraient vouloir gâcher la douceur de cet événement (l'élection) pour le peuple avec des sortes de provocations mal intentionnées". En fonction depuis vingt ans, à la suite du fondateur de la République islamique Rouhollah Khomeiny, l'ayatollah Khamenei est un conservateur. Il a vu dans l'élection de vendredi "la preuve qu'après 30 ans l'Iran est immunisé et inflexible face aux agressions politiques et psychologiques".

JSS avec AP et autres agences

Moussavi, le rêve éveillé des médias français

Toute la journée que dura l'élection présidentielle en Iran ce vendredi, nos médias en cour multiplièrent les flashs d'information sur le déroulement du scrutin, avec force micros-trottoir à la sortie des urnes. Mais pas une seule interview, pas une seule intervention des partisans du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad.

Au contraire un déballage enflammé des propos lâchés par les soutiens du principal candidat adverse, auto-proclamé "modéré", Mir Hossein Moussavi.

Et nos as de la déontologie journalistique d'y aller de leurs commentaires éclairés, de leurs projections lumineuses : la participation massive ? Rien moins qu'un gage de la mobilisation des opposants face à l'obscurantisme quasi nucléaire des religieux obtus. Emporté par cet élan irrésistible, Moussavi lui-même n'hésita pas à revendiquer la victoire avant même le dépouillement des bulletins de vote.

Les "sondeurs" éberlués

http://www.haber27.com/images/news/26691.jpgRésultat des courses : Mahmoud Ahmadinejad en passe d'être élu à une écrasante majorité. Et au premier tour !

On entre là dans le domaine du fantasme qui voudrait se faire réalité. Nos journaleux, largement soutenus par "l'opinion" (je veux dire celle des sondeurs), avaient déjà commis la même erreur lors de la précédente édition iranienne de 2005, sondages et interviews à l'appui.

Au bout du compte : Mahmoud Ahmadinejad, élu largement avec plus de 60% des voix au second tour. A la "surprise générale", déjà.

Cette propension répétitive à vouloir obstinément dessiner les réalités rêvées, contre toute évidence ou raison, illustre l'impasse dans laquelle se retrouve aujourd'hui l'Empire occidental, si infatué de sa propre importance qu'il est incapable d'envisager d'autres vérités que les siennes.

De quelques motivations obscures derrière les intentions auto-proclamées

Ces rêves éveillés ne vont pas sans quelques motivations obscures beaucoup moins avouables. Celle du dominant et de sa pensée forcément unique face au reste du monde.

Nous reprochons à l'Iran et à ses satellites une volonté d'acquérir l'arme nucléaire, quand nos arsenaux regorgent d'armes similaires, et depuis longtemps, et que nous sommes les seuls à nous en être servis (Hiroshima, Nagasaki).

Nous dénonçons leur volonté hégémonique, quand c'est nous-mêmes qui pour l'heure, occupons leurs territoires (Afghanistan, Irak). Pour le salut de nos civils menacés par la nébuleuse "terroriste", nous massacrons les leurs…

Quand après les avoir économiquement rincés à la corde par nos embargos ou nos multinationales goulues, nous voyons les plus affamés d'entre eux débarquer en hordes sur nos territoires, nous exigeons d'eux une intégration qui n'est rien d'autre qu'une soumission assez servile à nos modes de pensée. Et à nos hiérarchies pré-établies dans lesquelles ils sont bien entendus confinés au plus bas de l'échelle.

Quand le flot de ces migrants se fait par trop insupportable, nous n'hésitons pas à envoyer croupir dans d'inavouables centres de rétention, ces mères voilées que nous nous targuons par ailleurs de vouloir émanciper. Dans nos délires, nous ne sommes pas à une contradiction près.

La réalité en boomerang contre les rêves des somnambules

Le problème des rêves, c'est qu'ils finissent toujours par un réveil. Retour en force d'une réalité d'autant plus douloureuse, que nous avions fini par croire nous-mêmes à nos propres fadaises.

Mince alors, ce Mahmoud Ahmadinejad, élu à 62,6% des voix ! Même celles des femmes "humiliées" ! Et du premier coup !

Nous avons beau nous frotter les yeux, il est trop tard. La réalité est bien là, mouchante à souhait pour nos fantasmes. Pas du tout conforme à nos prétentions étriquées.

Et nous, somnambules impénitents, en équilibre hasardeux sur le bord d'une fenêtre au-dessus du vide, qu'allons-nous faire ? Nous réveiller et prendre en considération avec humilité les vrais réalités ? Ou essayer de nous rendormir illico presto, une fois de plus, dans notre intenable position auto-satisfaite, au risque de tomber ?

Rue89

 

Publié dans Ayatolland d'Iran

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Y
la grande guerre nucléaire a bien eu lieuretour a la Planète des Singes ....
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