Iran : Ce qui se cache derrière le « scepticisme » des Américains !

Publié le par JSS

Hier, Téhéran a fait état de progrès nucléaires irréversibles avec le lancement d’un projet à base de plutonium qui peut avoir des utilisations militaires. Normalement, cela aurait dû déclencher l’ire des Etats-Unis et l’adoption éclair de nouvelles sanctions très rudes, mais Washington a tout simplement refusé d’admettre l’authenticité des annonces iraniennes avant de répéter son attachement au dialogue ! | Décodages |



Hier, à Ispahan et à l’occasion de la troisième édition de la journée nationale de la technologie nucléaire, Ahmadinejad a annoncé des progrès nucléaires irréversibles obtenus « grâce au refus du dictat imposé par les Etats-Unis ».

La journée nationale de la technologie nucléaire tombait un 9 avril cette année, et un 8 avril l’année précédente, mais il s’agit du 20ième jour de l’année iranienne, le 20 du mois Farvardin. Cette date n’a pas été fixée au hasard d’une découverte scientifique nucléaire : c’est la date à laquelle les Etats-Unis ont rompu il y a 29 ans leurs relations diplomatiques avec la république islamique d’Iran. Hier, le régime des mollahs n’a cessé de rappeler à chacun qu’il devait ses progrès nucléaires à cette « rupture salutaire ».

Hier le régime entendait faire des déclarations très anxiogènes propres à provoquer une grande colère chez les Américains pour retrouver cette ambiance orageuse et refuser tout dialogue avec Obama : fermer la porte pour priver les Etats-Unis d’une entente avec l’Iran par laquelle ils pourraient enfin accéder à l’Asie Centrale, région qu’ils doivent nécessairement contrôler pour affaiblir la Chine et la Russie. En gardant le sourire, Washington s’est tenu loin de ce piège. Hillary Clinton a d’ailleurs dit que les Etats-Unis n’attribuaient « aucune signification particulière » aux déclarations d’Ahmadinejad.

Pendant 6 ans, la moindre déclaration iranienne à propos d’un équipement nucléaire était immédiatement suivie par des demandes américaines de sanctions : Téhéran s’attendait à une telle réaction. En évitant d’aller dans le sens de l’escalade souhaitée par Téhéran, Washington a en fait gardé sa maîtrise de la gestion de la crise qui recommande l’apaisement avec Téhéran pour l’engager dans un dialogue qui le forcera à cesser de jouer les agitateurs, c’est-à-dire à faire des compromis dans le sens des attentes de Washington.

La gestion de la crise est essentielle dans cette affaire. Washington a d’abord demandé le transfert du dossier nucléaire au Conseil de Sécurité : il a ainsi internationalisé son bras de fer avec les mollahs. Il a opté pour des résolutions avec des sanctions très doux qui ont néanmoins légitimé le recours à des sanctions. Il a par la suite demandé l’adoption de nouvelles résolutions qui ont légitimé régulièrement ses propres sanctions. Il s’est substitué à l’ONU et à l’AIEA qui ne cesse de contester ses ingérences [1]. Après avoir mis en place une impressionnante batterie de sanctions, il a changé de ton pour évoquer un dialogue sans condition préalable, que Téhéran refuse car il s’agit quand même d’un dialogue sous la menace des sanctions en vigueur ou à venir.

Là, ils viennent de laisser passer 3 séries de déclarations anxiogènes depuis mi-mars, mais peu avant, début mars, ils avaient alourdi leurs sanctions contre Téhéran alors que les mollahs n’avaient fait aucune déclaration nucléaire anxiogène, mais seulement repoussé leurs avances pour contrarier leur maîtrise de la gestion de la crise.

Ce sont les Etats-Unis qui mènent la danse et entendent garder la main, parfois par des sanctions comme en mars 2009 et d’autres fois en se disant sceptiques sur l’authenticité des progrès nucléaires iraniens annoncés à une date symbolique.

Gestion de la crise et intérêts extra-nucléaires sont les mots-clefs de cette crise, chacun a ses intérêts et ses méthodes pour prendre le dessus.

Cela concerne les Etats-Unis et les mollahs, mais aussi les autres acteurs de cette crise comme la Grande-Bretagne, la Chine, la Russie, l’Allemagne ou encore la France qui ne souhaitent pas une entente irano-américaine, mais un compromis global avec tous les pays qui ont des intérêts en Iran, autrement dit les Six. C’est ce qui explique la réaction un peu plus ferme de Paris aux déclarations d’Ahmadinejad, même si elle reste très proche de celle des Etats-Unis.

-Article repris du site Iran-Resist.org

Publié dans Ayatolland d'Iran

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J
Négociations nucléaire avec l’Iran : rebelote Iran Manif - Effervescence à l’Union européenne qui sort du chômage technique en matière de négociations avec l’Iran. L’émotion est à son comble. Depuis deux jours le globe-trotter de l’Union s’est lancé dans une préparation intensive : gymnastique du poignet et assouplissement des doigts, en vue de prendre le combiné et de composer les numéros. Il a également lancé une révision complète des recettes de cuisine iraniennes apprises durant les sept longues années de négociations ardues avec les mollahs qui n’ont mené à rien, si ce n’est à cette nouvelle annonce triomphale reprise par tous les médias : Solana va inviter l'Iran à une rencontre avec le groupe des Six.Sisyphe de la diplomatie, Solana n’est pas de ceux qui abandonnent. Il sait parfaitement que l’objectif numéro n’est pas d’obtenir un résultat, mais de combler le temps.Le sport national chez les mollahs étant de savoir à quel point ils peuvent ridiculiser la diplomatie occidentale, à Téhéran les paris ont été lancés. La mise d’Ahmadinejad bluffe déjà ses adversaires : 7000 centrifugeuses à Natanz, une broutille à côté de la bombe qu’ils nous préparent.Tout sourire carnassier, il a annoncé maîtriser désormais le cycle de la fabrication de combustible nucléaire et avoir testé deux nouveaux types de centrifugeuses d'une capacité plusieurs fois supérieures à celles existantes actuellement.Solana aura-t-il des vapeurs ? La réponse lors du prochain round de négociation.http://www.iranmanif.org/content/view/4654/89/
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G
@ Quignon, je pense qu'on ne peut pas assimiler les préférences conjugales de Biden avec ses tendancespolitiques : Joe Biden a fréquemment opté pour un rapprochement avec l'Iran et a même touché l'argent de lobbyistes militant pour cette solution.De même, être pour Clinton durant les primaires ne relève que d'une tactique à choisir "le moindre mal". Maintenant qu'elle est totalement inféodée à l'Adminstration Obama, et de plus, qu'elle ne dépend plus du vote pour l'Etat de New York des Juifs dont elle a besoin pour être élue comme Sénatrice, que reste t-il des "engagements" préalables de Clinton? Dans "le flou" on ne voit rien de très "amical" survenir, sinon des restrictions budgétaires quant à l'autonomie technologique israélienne (réduction du budget alloué au Khetz 3 de façon à favoriser le monopole américain en matière de protection anti-nucléaire et anti-missiles, alors qu'Israël se trouve en pole-position, etc.). A l'heure de la survie face à des menaces majeures, il n'est pas temps pour Israël de finasser avec le nouveau maître du monde.
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Q
Brezinski, je vous suis.Mais tout la belle famille de Biden est juive, je suis donc surpris de vous lire.Pour Clinton, pour avoir discuté avec plusieurs israeliens, je sais que pendant les primaires, ils étaient majoritairement pour Clinton dont on disait qu'elle etait tres proche des israeliens. 
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A
Salut Quignon,Moi je te donne mon avis d'Israelienne, et de ce que je perçois dans ce que je j'entends, dans ce que je vois et dans ce que je discture.On se méfie comme de la peste de cet Obama, c'est tout dire.Mais surtout on se méfie de ce qu'il y a derrière, berezensky et Biden, deux anti Israeliens, en + avec la revencharde Clinton, je peux t'assurer qu'on est mal barrés.Nous savions dés le départ que ça pourrait clascher, alors qu'on arrive dans une période ultra délicate ou il faut une poigne et une énorme fermeté.....
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Q
Merci Gad pour votre réponse.Oui j'ai en effet constaté ce rapprochement israelo russe et un travail commun sur un sous marin nouvelle génération.Tout comme le rapprochement technologique israelo indien.Mais au fond, la question que je me pose consiste à savoir si Obama fait du cinéma diplomatique pour mieux faire accepter une éventuelle intervention israelo américaine, ou bien si il veut sincérement se désolidariser d'Israel pour se rapprocher des iraniens ? Je ne sais pas comment decrypter le Seder de Pessah à la maison blanche. Faut il y voir une sincère proximité, ou bien au contraire un geste destiné à renier tout "anti israelisme" au cas ou les USA lachent les israeliens ?Les positions d'Obama me paraissent tres floues, il a l'air de brouiller les pistes, et je n'arrive pas à déterminer qui en sera le véritable bénéficiaire au final ? Obama est il un Bush light, ou un Carter extrême ? Pense-t-il vraiment que les mollah abandonneront leur programme, ou il prend une posture pour faire accepter ses futures décisions ?Tout cela ne me semble pas clair.Merci de me donner votre avis Gad, ou JSS. 
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