Décès du Commandant de la révolte de Varsovie
«Marek Edelman, un des commandants de l'insurrection du Ghetto de Varsovie, combattant de l'insurrection de Varsovie, cardiologue et militant de l'opposition démocratique à l'époque de la Pologne communiste, est décédé à Varsovie», écrit vendredi soir le quotidien Gazeta Wyborcza sur son site internet.
«Varsovie est ma ville. C'est ici que j'ai appris le polonais, le yiddish et l'allemand. C'est ici, qu'à l'école, j'ai appris qu'il faut toujours prendre soin des autres. C'est aussi ici que j'ai reçu pour la première fois un coup dans la figure seulement parce que j'étais juif», avait dit Edelman quand il fut fait citoyen d'honneur de Varsovie en 2001.
Un combat pour l'honneur
Quand éclate la Seconde guerre mondiale, il se retrouve enfermé par les Allemands avec près d'un demi-million de Juifs dans le ghetto de Varsovie. Coursier dans un hôpital, il publie des revues clandestines du Bund dont il est devenu membre comme ses parents. En avril 1943, quand les Allemands décident de liquider le ghetto où il ne reste plus que 60 000 Juifs - la majorité ayant déjà été déportée vers le camp d'extermination de Treblinka - les organisations juives du ghetto décident d'attaquer les nazis dans un combat pour l'honneur.
«On savait parfaitement qu'on ne pouvait en aucun cas gagner. Face à 220 garçons mal armés, il y avait une armée puissante», se souvenait Edelman. «Nous, nous n'avions pour nous tous qu'une seule mitrailleuse, des pistolets, des grenades, des bouteilles avec de l'essence et tout juste deux mines dont l'une n'a même pas explosé», a-t-il raconté. Le soulèvement durera pourtant plus de trois semaines.
Lorsque Mordechaj Anielewicz, 24 ans, le commandant de l'insurrection, pris au piège, s'est suicidé, c'est Edelman qui reprend le commandement pour les derniers jours de combats. Pour en finir, les Allemands décident alors de brûler tout le ghetto, maison par maison. «Ce sont les flammes qui l'ont emporté sur nous, pas les Allemands», soulignait Marek Edelman.
Avec quelques derniers combattants, ils réussissent à sortir du ghetto le 10 mai par des égouts. Marek Edelman rejoint alors la Résistance polonaise. Plus d'un an après, il participe à l'Insurrection de Varsovie, qui coûta la vie à 200 000 Varsoviens, insurgés et civils, et se solda par la démolition quasi-totale de la ville par les nazis.
Engagé contre les communistes
Après la guerre, il décide de rester en Pologne, y fait des études de médecine et devient un cardiologue connu. Engagé aux côté de l'opposition anti-communiste dès les années 70, puis dans Solidarité - Solidarnoc - ce qui lui vaudra d'être interné en 1981. A la chute du communisme en 1989, il est élu sénateur sur les listes de Solidarité puis de l'Union démocratique.
LeParisien.fr