Carnage sanglant en Guinée...

Au moins une centaine de personnes ont été tuées, hier lundi, à Conakry par l’armée guinéenne lors d’une manifestation pacifique organisée par les forces vives de la nation. Ce regroupement des partis politiques et des syndicats, selon plusieurs sources concordantes, voulait manifester son opposition à la candidature du Capitaine Moussa Dadis Camara, aux prochaines élections présidentielles. Plusieurs dizaines d’autres personnes, dont des chefs de partis, ont par ailleurs été blessées et hospitalisées à la clinique Pasteur de Conakry, sous l’œil vigilant de leurs bourreaux. C’est le cas notamment de Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et François Fall, tous trois chefs de partis politiques et anciens Premiers ministres du général Lansana Conté.
De sources dignes de foi indiquent également que Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré ont ensuite été conduits au camp Alpha Yaya Diallo, qui abrite le Quartier général de la junte militaire, où ils seraient détenus depuis lors. Le domicile de Cellou Dalein Diallo a été aussi saccagé en début d’après-midi, par des individus non identifiés. Selon Radio France internationale, cette sanglante répression aurait fait au moins 87 morts et des dizaines de blessés, parmi les manifestants. Les militaires auraient, par ailleurs, déshabillé des femmes en public, avant d’introduire le bout de leur arme dans leurs parties intimes, rapportent des témoins. Ces scènes iniques et horribles, précise-t-on, ont choqué plus d’un observateur de la scène politique guinéenne. ‘Près de cent mille personnes s’étaient rendues au Stade du 28 Septembre à l’appel des forces vives de la nation, pour manifester leur opposition à la candidature du Capitaine Dadis Camara. Les bérets rouges les ont laissé entrer puis ont fermé les portes, avant de tirer à balles réelles sur la foule. J’ai vu au moins une cinquantaine de corps sans vie jonchant le sol’, a déclaré ce manifestant témoin oculaire, à des confrères guinéens.
Après la répression, les militaires armés de fusils d’assaut ou d’armes blanches, en uniforme ou en civil, ont pourchassé les manifestants jusque dans les quartiers périphériques comme Ratoma. Comme pour ne rien arranger, on rapporte aussi qu’un commissariat de police aurait été attaqué par des manifestants en colère, qui auraient emporté des armes, indiquent d’autres sources. Des bérets rouges se sont, par ailleurs, rendus en début de soirée à l’hôpital Ignace Deen, pour récupérer les corps qui y avaient été déposés, pour les empiler dans des Pick-Up à destination du camp Alpha Yaya Diallo. Un jeune manifestant, âgé environ d’une vingtaine d’années, a aussi été abattu en milieu de matinée, près de Belle-Vue dans la commune de Dixin, par des soldats appartenant à la Brigade spéciale de lutte anti-drogue et contre le grand banditisme, simplement pour avoir crié ‘A bas Dadis’, rapportent d’autres témoins.
Des journalistes, chargés de la couverture de ce meeting de tous les dangers au Stade du 28 Septembre, auraient également été harcelés et pourchassés par les mêmes militaires. ‘Certains confrères ont été obligés de jeter leur carte de presse, pour avoir la vie sauve’, a déclaré ce confrère. L’usage excessif de la force contre des manifestants désarmés, témoigne de la cruauté de l’armée guinéenne. Cette répression barbaresque permet ainsi de connaître le vrai visage du Capitaine Moussa Dadis Camara. Par ce bain de sang, l’homme vient de démonter le peu de considération qu’il a pour son peuple. La Guinée, qui vient de subir 26 longues années de dictature sanglante sous le règne de Sékou Touré, n’est pas au bout de ses peines. Les vingt-quatre autres années du règne de l’arbitraire et de la corruption généralisée sous le Général Conté ne seront qu’un jeu d’enfant demain, si par malheur le Capitaine Dadis Camara devait, pour longtemps encore, présider aux destinées de ce pays martyrisé.