Le monde célèbre la lune. Israël pense à Ilan Ramon.

Ilan Ramon (1954-2003), colonel dans l’armée de l’air israélienne, et le premier astronaute israélien. Trouva la mort lorsque le vaisseau spatial Columbia s’écrasa lors de son retour sur terre le premier février 2003.
Ilan Ramon est né à Ramat-Hen et à grandi à Béersheva. En 1974, il acheva le cours de pilote, avec la mention “excellent” et commença son service actif dans l’armée de l’air comme pilote de combat. Au début de sa carrière dans l’armée de l’air, il pilota des avions “Mirage” et “Skyhook”, et dans les années 80, il fut parmi les premiers à partir aux Etats-Unis pour apprendre à piloter l’avion de combat F-16. En tant que pilote d’un F-16, il participa à de nombreuses opérations, parmi lesquelles l’attaque contre la centrale atomique en Irak.
Après avoir occupé la fonction de commandant adjoint de l’escadrille “Phantom”, Ilan Ramon fut démobilisé et commença d’étudier l’ingénierie électronique et l’informatique à l’Université de Tel-Aviv. Après avoir achevé ses études, il se joignit à l’équipe qui développa l’avion “Lavi”et participa à d’autres projets liés à la sécurité. En 1988, il revint à l’armée et remplit diverses fonctions dans l’armée de l’air comme officier supérieur, parmi lesquelles celle de commandant de l’escadrille F-16.
En 1995, les Etats-Unis et Israël conclurent un accord selon lequel un astronaute israélien participerait au programme spatial américain. Deux ans après, à la fin d’un long processus de sélection, deux membres de l’armée de l’air furent choisis pour cette mission, Ilan Ramon et son remplaçant, le lieutenant-colonel, Itzhak Maiv. En juillet 1988, tous deux furent envoyés aux Etats-Unis, et furent préparés à leur mission dans le centre spatial de la NASA. Le lancement ayant été reporté à plusieurs reprises, Maiv annonça qu’il démissionnait du programme. Ilan Ramon, quant à lui, demeura aux Etats-Unis et continua son entraînement. Le lancement dans l’espace fut repoussé à nouveau plusieurs fois pour différentes raisons.
Finalement, après quatre années et demi, Ilan Ramon s’envola à bord du vaisseau spatial Columbia le 16 janvier 2003. Le décollage du premier astronaute israélien fut retransmis en direct par la télévision israélienne et suscita un large intérêt du public.
Au cours de la mission, qui dura 16 jours, Ilan Ramon fit diverses expériences pour plusieurs instituts de recherche israéliens, parmi lesquelles l’expérience, que développèrent des élèves du secondaire, destinée à vérifier le développement des cristaux en état d’apesanteur.
La principale expérience qui fut confiée à la responsabilité de Ilan Ramon fut appelée “Meidex” et fut destinée à vérifier la dispersion au-dessus de la mer Méditerranée de la poussière provenant du Sahara et l’influence de cette poussière sur le passage des rayons solaires dans l’atmosphère. Au cours du vol, Ilan Ramon dialogua en direct depuis l’espace, avec le Premier ministre, Ariel Sharon, et écrivit par e-mail à plusieurs personnalités.
Le shabbat, 1er février 2003, le vaisseau spatial Columbia commença le processus de retour sur terre. Une panne technique entraîna la décomposition du vaisseau lors de son retour dans l’atmosphère. Les sept membres de l’équipage, et, parmi eux, Ilan Ramon, périrent. Le cadavre de Ilan Ramon fut trouvé parmi les débris du vaisseau qui se dispersèrent dans l’Etat du Texas, son corps fut ramené en Israël et il fut enterré au cimetière de Nehallel.
Une commission d’enquête qui fut mise en place par la Nasa après le désastre conclut que la cause de l’échec était due, semble-t-il, à la présence de bulles d’air dans la mousse d’isolement recouvrant le réservoir, et qui augmentèrent son volume. A l’étape suivante, le bloc de mousse se détacha et heurta violemment l’aile gauche du vaisseau, ce qui endommagea la protection thermique du bord d’attaque de son aile gauche. Lors du retour du vaisseau sur terre, le trou dans l’enveloppe d’isolement du vaisseau entraîna la pénétration d’un plasma brûlant créé par le frottement avec l’atmosphère dans le bloc du vaisseau et qui amena son explosion.
Selon les conclusions d’une commission d’enquête extérieure, les gens de la Nasa étaient conscients de la possibilité de la panne, mais avaient sous-estimé son danger.
Notre esprit est frappé d'incrédulité à l'annonce de l'explosion de la navette spatiale Columbia.
Nous autres, en Israël, nous sommes accoutumés aux nouvelles d'attaques terroristes. Nous nous sommes même habitués à discerner les nuances de sérieux dans la voix du journaliste qui présente les informations à la radio, pour nous blinder contre les inévitables nouvelles tragiques. Tout cela est encore plus tangible le samedi soir, lorsque, après avoir passé tout un Chabbat déconnecté du monde extérieur, les premiers instants des informations post-chabbatiques sont abordés avec une certaine appréhension.
Pourtant, rien ne nous avait préparés à cela.
C'était tout simplement impossible.

Depuis 16 jours, avec une couverture médiatique quasiment ininterrompue du voyage de Ilan Ramon, le premier astronaute israélien, dans l'espace, nous avions tous l'impression de le connaître. Il faisait partie de notre famille. Il nous représentait tous - notre pays, notre peuple, notre passé et notre futur. Il était notre héros, à un moment où nous en avions douloureusement besoin.
Fils de survivants de la Shoah, il réunissait toutes les qualités d'un juif israélien, et fier de l'être. Il était un héros de guerre ; en tant que pilote de l'Armée de l'Air israélienne, il avait participé au bombardement de la centrale nucléaire en Iraq en 1981 et combattu dans les guerres de Kippour et du Liban.
Bien qu'il ne soit pas religieux, Ilan Ramon avait tenu à observer certains commandements religieux emblématiques dans l'enceinte de la navette spatiale, pour réaliser son rêve d'unir tout le peuple juif et de le représenter. Il avait emmené à bord un livre de Psaumes et un dessin réalisé par un jeune juif de 14 ans assassiné à Auschwitz. Il n'a mangé que de la nourriture Cacher, a fait le Kiddouch le vendredi soir, et récité le Shéma Israël alors qu'il survolait Jérusalem.
Il disait qu'il voulait " souligner l'unité du peuple d'Israël et des communautés juives à travers le monde ".
Avec mes amis, nous parlions du " Kiddouch Hachem " (sanctification du nom de D.ieu) qu'il avait fait par son comportement exceptionnel.
Comment se pourrait-il qu'il soit parti?
Comment se pourrait-il que tous nos espoirs et nos rêves se soient désintégrés dans la fine couche d'atmosphère qui protège la Terre ?
Nous attendions impatiemment son retour sur terre, pour célébrer le triomphe de notre nouvel héros national. Nous étions loin de nous attendre à une telle tragédie.
" Il est plus dangereux de conduire une voiture dans ce pays que de voyager dans l'espace ", a déclaré son frère Gadi. " Même dans nos pires cauchemars, nous ne pouvions imaginer qu'il y ait un problème quelconque ".
Samedi, tôt dans la matinée, alors qu'il attendait impatiemment l'arrivée de son fils, son père déclarait : " Notre seul souci, c'est le temps qu'il fera ; cela pourrait reporter l'atterrissage d'un jour ou deux ".
Encore une fois, la tragédie nous a ramené à la fragilité de l'effort humain. Nous sommes bouleversés lorsque les frontières de la science et de la technologie, dans lesquelles nous plaçons toute notre confiance, se révèlent si précaires et limitées.
Le Colonel Ramon s'était fait un grand plaisir d'emporter une " surprise "- un rouleau de la Torah qui avait échappé à l'enfer de la Shoah. Pour lui, ce rouleau symbolisait avec force son rêve d'unifier le peuple juif sous D.ieu.
Ce rouleau de la Torah a explosé avec Ramon et ses amis astronautes (...).
Nos cœurs et nos prières vont vers ses parents, son épouse, Rona, et ses quatre enfants. Notre nation pleure l'homme, le père, les espoirs, la vision, et l'héritage. Malheureusement, c'est dans la peine que nous avons réalisé le rêve d'unité d'Ilan Ramon.
Jeudi dernier, Ilan décrivait le monde tel qu'il lui apparaissait depuis l'espace. " Le monde a l'air merveilleux, de là-haut, si paisible, si magnifique, et si fragile ".
Nous pouvons désormais reprendre cette phrase et dire à Ilan Ramon z'l, " Tu semblais si merveilleux d'ici-bas, si paisible, si magnifique … et si fragile ".