Chavez à peur... Et pourtant...

Publié le par JSS

C'est un référendum en forme de plébiscite qu'Hugo Chavez a convoqué pour aujourd'hui. Les électeurs devront se prononcer sur une modification de la Constitution lui permettant de se représenter ad vitam aeternam à la tête de l'Etat. Le leader populiste, qui avait perdu un référendum similaire en 2007, joue gros. Dans les sondages, les deux camps sont au coude à coude.
"Je suis prêt à être avec vous, si Dieu le veut et me donne la santé, jusqu'en 2019, jusqu'en 2021". Quelques jours après sa victoire lors des élections régionales de novembre 2008, Hugo Chavez confirmait son intention de se représenter. Arrivé au pouvoir en 1998, réélu en 2000 et 2003, il devrait en principe quitter son fauteuil de président début 2013. Mais à plusieurs reprises, il a montré qu'il n'en avait pas l'intention, tout en souhaitant respecter une certaine légalité.
C'est la raison pour laquelle il avait convoqué, en décembre dernier, un référendum constitutionnel portant sur 69 mesures. Et pour mieux convaincre, Hugo Chavez avait rusé, mêlant réformes critiquées - dont la possibilité de briguer un nombre de mandats illimité à la tête de l'Etat - et réformes populaires, dont la réduction à six heures de la journée de travail. Mais cela n'avait pas suffit et 51% des électeurs avaient rejeté le projet. A l'époque, Hugo Chavez, dont c'était la première défaite électorale, avait estimé que le "peuple" n'avait "pas compris" sa démarche, justifiant une nouvelle explication de texte. Le leader populiste a donc décidé de remettre le couvert. Dimanche, les électeurs vénézuéliens sont de nouveaux convoqués dans les isoloirs. Ceux-ci devront se prononcer sur la modification de la Constitution, qui limite, pour le moment, à deux - après une réforme intervenue au début des années Chavez - le nombre de mandats à la tête du pays.
Le président vénézuélien joue gros: en cas de victoire, il pourra se représenter en 2012 et sceller sa révolution socialiste. Mais en cas de défaite, il devra quitter le pouvoir début 2013. Ce scénario n'est pas impossible: les partis de l'opposition ont systématiquement progressé dans les derniers scrutins. Lors des élections régionales de novembre, ils ont même conquis une région symbolique, celle de Caracas. Mais l'opposition reste encore trop divisée pour faire pencher la balance dans leur sens. A la veille du référendum, les derniers sondages donnent le oui et le non au coude à coude. Sous Chavez, le Venezuela s'est fortement polarisé, entre partisans de la révolution et détracteurs d'une dérive autocratique. Dernier exemple en date: l'eurodéputé espagnol Luis Herrero a été expulsé du pays manu militari vendredi pour avoir qualifié de "dictateur" le président vénézuélien, provoquant le courroux de Madrid. C'est le deuxième diplomate expulsé en moins d'un mois après celui de l'ambassade israélienne.
Lors de sa prestation de serment le 2 février 1999, Hugo Chavez s'était notamment engagé à éradiquer la corruption et améliorer les conditions de vie des plus pauvres. Dix ans plus tard, le bilan est contrasté. Profitant de la manne pétrolière - le Venezuela est le cinquième exportateur mondial de brut - il a nationalisé les grandes entreprises et financé des programmes sociaux: logements publics, centres médicaux gratuits, universités publiques. Le chômage a baissé, la scolarisation a augmenté, la pauvreté, qui était de 44% des foyers en 1998 a chuté à 30% aujourd'hui.
Mais ses détracteurs dénoncent un populisme de bas étage. La précarité demeure, l'inflation reste au-dessus des 30% et la moitié des Vénézuéliens vit en-dessous du seuil de pauvreté. Et le pire est à venir: après cinq ans de forte croissance, l'économie ralentit et l'effondrement des cours du pétrole n'arrangent en rien la situation du Venezuela. L'agitation sociale n'est pas loin. L'administration publique reste quant à elle l'une des plus corrompues et inefficaces de la région. La criminalité est devenue, avec la corruption, la principale préoccupation des Vénézuéliens: selon les statistiques du ministère de la Justice, on comptait en septembre dernier une moyenne de 152 assassinats par semaine. Quand à l'antisémitisme, il n'a jamais été aussi élevé.
Mais Hugo Chavez, lui, est confiant. "Je crois que je devrais rester aux commandes au moins encore dix ans", a-t-il déclaré il y a peu. Sa dernière trouvaille: repousser la Saint-Valentin à l'après-victoire: "Nous serons dans la bataille. Après avoir obtenu la victoire, nous passerons à la semaine de l'amour", a-t-il annoncé.

Publié dans Divers

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A
Oui, si Chavez se représente en 2012 après 13 ans au pouvoir, il se rapprochera du statut de "dictateur". Quelqu'un qui modifie la constitution pour aller vers moins de démocratie, et pour des considérations personnelles (se maintenir au pouvoir, quelle que soit la raison invoquée), est plus un dictateur qu'un grand démocrate. Je déteste ces hommes qui se croient indispensables à la réalisation d'un projet, sans qui rien ne peut se faire. Bref, ceux pour qui, avant et après leur mandat, rien de bon n'a pu ou ne pourra se faire ! C'est tout sauf le gouvernement pour le bien du peuple... et même si les résultats sociaux et les indicateurs de développement sont mieux qu'avant son arrivée !
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