Ecraser le Hamas est la seule solution

Ni Churchill, ni Roosevelt, n’ont jamais dit: “Nous allons négocier avec Hitler et Hirohito, empereur du Japon, et leur faire quelques concessions territoriales”. S’ils avaient fait ça, je ne serais pas ici aujourd’hui! On n’a jamais envisagé de faire la paix avec les dictateurs qui ont entraîné l’humanité dans la Deuxième Guerre mondiale.”
Le politologue Julien Bauer, professeur à l’Université du Québec à Montréal, est résolument convaincu que le Hamas est le principal écueil auquel se heurtent aujourd’hui les Palestiniens souhaitant bâtir un pays démocratique. Malheureusement, “ces derniers ne sont pas légion”, rappela-t-il.
Ce spécialiste reconnu des questions politiques israéliennes et moyen-orientales a été l’un des panélistes invités à une table ronde sur les enjeux et les conséquences de la récente guerre à Gaza. Ce panel a été organisé par la Congrégation Or Hahayim de Côte Saint-Luc en collaboration avec la Communauté sépharade unifiée du Québec.Quelque 180 personnes ont assisté dans les locaux de la Congrégation Or Hahayim à cette table ronde, animée avec brio par Charles Barchechat, président du Comité “Conférences” de cette institution cultuelle sépharade.
Les Palestiniens pourront-ils un jour vivre dans une entité politique régie par les règles de la démocratie? Julien Bauer n’en doute pas. “L’Allemagne avec tout son passé noir et le Japon impérial et totalitaire sont devenus des grandes démocraties. Au nom de quoi la Palestine ne pourrait-elle pas devenir aussi une entité politique démocratique? Est-ce qu’il y a quelque chose dans les gènes des Palestiniens qui leur en empêcherait? Je ne le crois pas. Souhaitons qu’à l’instar des Allemands et des Japonais, les Palestiniens deviennent aussi un jour des démocrates. Mais, pour y arriver, il faudra d’abord annihiler le Hamas.”
D’après Julien Bauer, les Palestiniens payent très cher aujourd’hui leur choix politique: avoir élu le Hamas. “Quand les Palestiniens ont voté pour le Hamas, c’était un vote anti-Fatah, une organisation politique corrompue jusqu’à la moelle des os. On peut les comprendre. Mais, ils ont quand même voté

Spécialiste chevronné du monde arabe, le politologue Sami Aoun, qui commente régulièrement l’actualité politique moyen-orientale à la télévision et à la radio du réseau francophone de Radio-Canada, analysa les enjeux et les répercussions du dernier conflit à Gaza dans la société palestinienne, dans le monde arabe, à l’échelle régionale et dans la scène internationale, notamment depuis l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama.
D’après Sami Aoun, s’il est vrai que tout au long de ce conflit le Hamas a eu l’appui presque inconditionnel de la rue musulmane et arabe, notamment grâce à la “très populaire et populiste” chaîne de télévision Al-Jazira, les élites intellectuelles et les décideurs dans le monde arabe ont été beaucoup plus critiques à l’endroit de cette organisation islamiste.
“Les journaux arabes les plus élitistes et les plus populaires, notamment les deux grands quotidiens Alhayat et Arshak Al Ouasad, les principales chaînes de télévision arabes, dont Alarabiya, celle que le président Barack Obama a choisie pour s’adresser pour la première fois au monde musulman, de même que des libéraux musulmans et des islamistes très connus, étaient très critiques en ce qui a trait à la performance du Hamas durant cette guerre. Les critiques fusaient surtout au sujet de la question humanitaire, c’est-à-dire la manière dont le Hamas a pris en otage des civils à Gaza. Le Hamas avait les coeurs de la rue, mais au niveau des décideurs, cette organisation n’a pas pu faire la promotion de son projet politique.”

Quant aux perspectives politiques futures, Sami Aoun croit qu’il est encore trop tôt pour formuler des conjectures. Selon lui, il faudra attendre l’arrangement politique qui émanera de la dernière guerre à Gaza. Si on s’aligne vers une trêve d’un an et demi ou de deux ans, renouvelable, avec un déploiement des armées de l’OTAN ou des puissances occidentales, le scénario du Sud-Liban, avec l’adoption de la résolution onusienne 1701, se reproduira fort probablement, prédit-il.
“C’est dans la guerre de Gaza qu’on a compris que le Hezbollah a perdu la guerre au Liban. Cette organisation islamiste n’a pas pu venir à la rescousse des Gazaouis parce que le front était vraiment fermé, dit-il. C’est à ce moment-là qu’on a compris que le Hezbollah parle comme un acteur “responsable”, au sens politique du terme, c’est-à-dire qu’il parle comme les autres régimes arabes: “Je ne peux pas casser la trêve en vigueur, je ne peux pas casser les résolutions internationales sur le conflit israélo-palestinien…”
Lors de son intervention, Joseph Gabay, actuel vice-président du Congrès Juif Canadien et ancien président du Congrès Juif Canadien, Région du Québec, et de la Communauté sépharade du Québec, fit le point sur les répercussions que la dernière guerre à Gaza a eues sur les scènes politique, sociale et médiatique québécoise et canadienne.
“Dans la scène locale montréalaise, on a en miniature ce qui se passe à travers le monde”, dit-il. Quelque 10000 personnes ont participé à la mi-janvier dans les rues de Montréal à une manifestation propalestinienne organisée par le parti politique Québec-Solidaire et une vingtaine d’organismes syndicaux et d’ONG québécois. Cette marche de solidarité avec le peuple palestinien s’est très vite transformée en une marche véhémente contre l’État d’Israël, rappela Joseph Gabay. Des groupes de manifestants scandèrent des slogans haineux et foncièrement antisémites: “Israël assassin”, “La Palestine nous appartient, les Juifs sont nos chiens”, “Brûle, brûle Israël”…

“Quand on demande a quelqu’un de se désolidariser d’une manifestation aussi sinistre, c’est parce qu’on pense qu’il est capable de le faire, dit Joseph Gabay. Rectitude politique oblige, certains leaders politiques et syndicaux se sont désolidarisés tout en ajoutant qu’on ne peut pas contrôler une foule lorsqu’il y a de l’émotion à l’intérieur. Ça veut dire que les organisateurs de ces rallyes anti-Israël, qui savaient qu’on ne peut pas contrôler une foule survoltée, s’attendaient au résultat que nous avons déploré. Cela ne les a pas empêchés d’aller de l’avant avec ces manifestations.”
D’après Joseph Gabay, “ soutenir moralement le peuple palestinien = démoniser et attaquer avec virulence l’État d’Israël”.
“Aujourd’hui, en tant que société québécoise, nous ne devons pas laisser passer ce genre de bavures. Cette dissociation du bout des lèvres d’“Israël assassin”, “Les Juifs sont nos chiens”… n’empêchera probablement pas les mêmes politiciens et leaders syndicaux de diriger dans l’avenir d’autres manifestations de ce type. Ce ne sera pas la première ni la dernière fois. Quand une meute est lâchée, quand une horde d’individus sans contrôle est lâchée, on ne peut assister qu’à une seule chose: la démonisation d’Israël.”
-Article rédigé par Elias Lévy, jewish canadian post-