Marek Halter: "Je suis déçu"
L'écrivain Marek Halter, fervent militant de la paix au Proche-Orient, a suivi de près les élections israéliennes. Déçu par la droitisation du pays, il ne donne pas six mois à un futur gouvernement de droite emmené par Netanyahou.
PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE HODEY > france.monde@nordeclair.fr
Quel regard portez-vous sur les élections qui viennent de se dérouler en Israël ?

>> Je suis déçu parce qu'une démocratie a besoin d'une majorité et d'une opposition. Je m'imaginais que Netanyahou serait en tête, chargé de créer un gouvernement, qu'il recevrait un coup de fil d'Obama qui l'appellerait pour créer une grande coalition et aller vers la paix... Il aurait compris ce discours. Malheureusement, je ne vois pas à qui Barack Obama peut téléphoner aujourd'hui. La chose urgente, c'est la paix avec les Palestiniens. Les trois partis laïcs - Kadima, le Likoud et les travaillistes - ont la majorité avec 66 sièges. Ils pourraient le faire. Le monde arabe est prêt. Mais si Netanyahou constitue un gouvernement de droite, ce n'est pas un gouvernement qui ira vers la paix.
Le vainqueur de ces élections, n'est-ce pas finalement le tout sécuritaire ?
>> C'est ma deuxième déception. Le problème sécuritaire est devenu tellement envahissant que les autres problèmes n'ont pas été invités dans le débat électoral, notamment le problème social, la pauvreté. J'imagine que l'opinion publique va se rendre compte de l'impasse dans laquelle se trouve la société israélienne aujourd'hui, il y aura une réaction d'ici 6 mois en Israël et Netanyahou sera obligé de dissoudre son gouvernement de droite, de proposer une union nationale pour résoudre les problèmes économiques et sociaux d'Israël.
Bon score du Likoud, poussée de l'extrême droite : comment expliquez-vous cette droitisation de la société israélienne
? >> C'est la peur. Il y a deux forces chez les Palestiniens. D'un côté Mahmoud Abbas qui pense qu'il faut jouer l'opinion israélienne, qui est pour la paix. De l'autre le Hamas, qui pense que le pire est le mieux. Ce pire droitise Israël. Tant qu'il y aura des tirs sur les kibboutz du Sud, les Israéliens demanderont au pays de les protéger. Israël se replie sur lui-même en cherchant la protection des gens qui crient fort, jusqu'au moment où ils se rendront compte qu'ils ne sont pas les plus capables.
Quelle serait la meilleure coalition pour l'homme de paix que vous êtes ?
>> Il y a trois positions.
Ceux qui disent qu'il faut sauver ce que l'on peut sauver pour la paix et qu'il faut donc soutenir Tzipi Livni. D'autres qui disent qu'il ne faut pas avoir peur de Netanyahou, que ce sont toujours les gens de droite qui ont pris des décisions révolutionnaires comme l'a fait Begin en se retirant du Sinaï. Et ceux, dont je suis, qui disent que Netanyahou n'est pas Begin. Mais je pense qu'il faut un gouvernement qui va dans le sens des électeurs pour voir que ce n'est pas cela qu'il fallait faire. Il ne pourra tenir longtemps avec Liebermann (leader de l'extrême droite, ndlr) dans le même gouvernement. Il y aura aussi la pression internationale, la pression des États-Unis. Cela ira très vite à mon avis.
Le vainqueur de ces élections, n'est-ce pas finalement le tout sécuritaire ?
>> C'est ma deuxième déception. Le problème sécuritaire est devenu tellement envahissant que les autres problèmes n'ont pas été invités dans le débat électoral, notamment le problème social, la pauvreté. J'imagine que l'opinion publique va se rendre compte de l'impasse dans laquelle se trouve la société israélienne aujourd'hui, il y aura une réaction d'ici 6 mois en Israël et Netanyahou sera obligé de dissoudre son gouvernement de droite, de proposer une union nationale pour résoudre les problèmes économiques et sociaux d'Israël.

? >> C'est la peur. Il y a deux forces chez les Palestiniens. D'un côté Mahmoud Abbas qui pense qu'il faut jouer l'opinion israélienne, qui est pour la paix. De l'autre le Hamas, qui pense que le pire est le mieux. Ce pire droitise Israël. Tant qu'il y aura des tirs sur les kibboutz du Sud, les Israéliens demanderont au pays de les protéger. Israël se replie sur lui-même en cherchant la protection des gens qui crient fort, jusqu'au moment où ils se rendront compte qu'ils ne sont pas les plus capables.
Quelle serait la meilleure coalition pour l'homme de paix que vous êtes ?
>> Il y a trois positions.
Ceux qui disent qu'il faut sauver ce que l'on peut sauver pour la paix et qu'il faut donc soutenir Tzipi Livni. D'autres qui disent qu'il ne faut pas avoir peur de Netanyahou, que ce sont toujours les gens de droite qui ont pris des décisions révolutionnaires comme l'a fait Begin en se retirant du Sinaï. Et ceux, dont je suis, qui disent que Netanyahou n'est pas Begin. Mais je pense qu'il faut un gouvernement qui va dans le sens des électeurs pour voir que ce n'est pas cela qu'il fallait faire. Il ne pourra tenir longtemps avec Liebermann (leader de l'extrême droite, ndlr) dans le même gouvernement. Il y aura aussi la pression internationale, la pression des États-Unis. Cela ira très vite à mon avis.