La proportionnelle est le gruyère de la démocratie!

Publié le par JSS

Israël vient de voter. A la proportionnelle. Il en sortira un gouvernement instable, comme dans tous les pays qui ont adopté le même système électoral. Inutile d’aller loin, la Belgique en est un exemple d’école. L’Italie aussi. Système apparemment juste, puisque tout le monde est représenté. Système en fait cardinalement injuste : c’est toujours le plus petit qui fait la loi. Le grain de sable est plus fort que le moteur.

Il est de véritables illusions démocratiques. Les élections au système proportionnel en sont une. Tout les partis et toutes les nuances de pensée y sont représentés. Alors l’illusion démocratique triomphe. Illusion, parce qu’il en résulte toujours l’impossibilité de mettre au point un programme d’action clair et efficace, parce qu’il faut gouverner en coalition. Pour durer les plus gros sont obligés de donner des gages et des postes, aux plus faibles, qui, la plupart du temps, deviennent de véritables maîtres-chanteurs. La démocratie s’accommode mal de l’inaction et dans tous les cas les partis les plus représentatifs sont à la merci des petits et tout petits qui peuvent exercer un chantage bien supérieur à leur représentativité réelle et empêcher les partis les plus représentatifs d’agir selon le mandat de leurs électeurs.

Le pays du grand malheur en la matière est certainement la Belgique dont les soubresauts gouvernementaux de ces derniers mois sont le fait de deux petits partis flamands incapables de gouverner seuls, mais assez puissants pour tout bloquer à coups de chantages à répétition. Le grain de sable bloque le moteur, le plus petit est aussi puissant que les gros. Alors à quoi bon avoir un programme réaliste quand, d’un bon coup de surenchère, on peut arrêter la machine et démontrer ainsi que le seul pouvoir valable est le pouvoir de nuisance ? Pour en revenir à la Belgique, personne ne peut dire si ce pays existera encore, ni dans quelles conditions, d’ici à cinq ans…
La proportionnelle est l’a
panage des pays ou des régimes jeunes. La France a beaucoup donné, lorsqu’à la fin du XIXe siècle, la République s’est enfin installée dans les mœurs politiques après des années de consulats, d’empires et de restaurations royales. Chacun voulait y être, chacun voulait avoir son mot à dire, et tout cela a fini peu glorieusement dans des tractations, des compromissions, des renoncements sans grandeur. Il a fallu un de Gaulle pour mettre fin à cette indignité. Du coup nous payons aujourd’hui le prix d’une présidentialisation extrême de notre régime.

On peut citer aussi l’Allemagne vaincue après la première guerre mondiale. Il en est résulté la République de Weimar, spectacle honteux de gauches sectaires qui se haïssent et se déchirent et qui sont politiquement impotentes. Pour le plus grand malheur du monde, Hitler est venu  mettre fin à cela, avant d’installer une dictature qui restera peut être la plus cruelle de l’Histoire du monde. On l’oublie un peu vite et un peu souvent : le psychopathe de Braunau a été élu au suffrage universel. On peut penser qu’il ne l’aurait pas été si le gouvernement de l’Allemagne avait été stable et respectable.

A examiner les évolutions politiques des systèmes proportionnels, on s’aperçoit aussi que très souvent ils finissent à droite. C est une tendance lourde en Italie ou la proportionnelle a été amendée, mais pas supprimée. C‘est le cas aussi en Belgique où la droite flamande fait ses choux gras du système. Pour faire le plein des voix, une bonne dose de populisme et de sécuritarisme fait partie des recettes qui payent.

II existe peu de cas où dans des députés aient renoncé volontairement à ce système électoral qui les favorise tant, lorsqu’ils appartiennent à de petites formations les mettant en positions  d’arbitre. Même l’Allemagne  après la guerre a gardé une dose de proportionnelle dans sa constitution. Là bas on vote deux fois : pour un candidat et pour une liste.

Le scrutin qui fournit les majorités les plus stables et le scrutin majoritaire. Le plus brutal d’entre eux est le scrutin uninominal à un tour, tel qu’il est pratiqué depuis l’origine en Grande-Bretagne. Injuste dans la désignation, efficace dans l’action. Personne n’a jamais entendu dire que le Royaume-Uni était en déficit démocratique, bien au contraire.
Pour en revenir à l’élection la plus récente, celle qui vient d’avoir lieu en Israël , on peut dire qu’elle n’a pas stabilisé particulièrement le pays, et qu’il ne trouvera pas la paix intérieure avant d’avoir procédé à cet aggiornamento. On peut dire aussi qu’il est difficile de faire la paix avec les autres tant qu’on n’a pas fait la paix avec soi même…

Publié dans Tribune Libre

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