Vers une annulation de Durban II?

Publié le par JSS

Prévue le 20 avril prochain à Genève, le suivi de la Conférence sur le racisme de Durban se heurte à de nombreux blocages. La moitié des pays européens menacent de se retirer si les pays islamiques imposent le concept de diffamation de religions.

Genève va-t-elle connaître les mêmes dérapages que la ville sud-africaine de Durban en 2001? Cette année là, des ONG chauffées à blanc avaient hurlé des slogans racistes et antisémites et s'était soldé par une annonce dénonçant le judaïsme comme religion meurtrière (un comble!). Des bouffées de haine qui avaient poussé les Etats-Unis et Israël à quitter la table des négociations. Dans moins de trois mois, du 20 au 24 avril, doit se tenir à Genève la conférence de suivi du sommet de Durban. Une rencontre précédée par une série de réunions préparatoires comme celle qui s'est tenue mi-janvier, sous la présidence du diplomate russe Yuri Boychenko.

Ces derniers jours, j'ai personnellement beaucoup travaillé sur ce dossier. Même si l'Etat d'Israël ne sera pas présent à la conférence, nous suivons de près les évènements qui s'y passent... J'espère avoir d'ailleurs l'occasion de mettre en ligne, dès la semaine prochaine, l'interview d'un autre membre du comité "Durban II" au sein du ministère des affaires étrangères israélien.

Points de désaccords

L'objectif de ces pré-conférences est de se mettre d'accord sur le projet de déclaration qui doit être adopté lors de la conférence de suivi en avril. Réduit de 130 à 38 pages lors des précédentes réunions préparatoires, le document comporte encore de nombreux points de désaccords, dont le nouveau concept de diffamation des religions (instauré par la soixante des pays musulmans qui se sentent à l'écart du reste du monde... Imaginons ce que devrais peser Israël!) et la question du Moyen Orient (également mis en avant par les pays musulmans qui espèrent réussir le même coup que précédement: dénoncer l'Etat Juif.)

Raison pour laquelle le Canada et Israël ont dores et déjà annoncé qu'ils boycotteraient le sommet de Genève. Les États-Unis et l'Australie ne se sont pas encore prononcés, mais ils ne participent pas officiellement aux débats, bien que deux diplomates américains suivent assidument les travaux préparatoires.

La moitié des pays européens menacent, eux, de quitter les négociations si les pays islamiques persistent à vouloir imposer le concept de diffamation des religions ou à focaliser une partie importante du document final sur le Proche-Orient avec une vision «déséquilibrée qui condamne exclusivement Israël» dixit un diplomate français requérant l'anonymat.

Diffamation des religions contre liberté d'expression

Quant à la diffamation des religions, les points de discorde restent nombreux. Pour de nombreux pays musulmans, l'islamophobie est en train de prendre le relais de l'antisémitisme (!!!). Mais, sous couvert d'anonymat, un diplomate européen avertit: «La diffamation des religions doit être effacée du document, c'est une ligne rouge à ne pas franchir, car cette notion n'est pas compatible avec un discours sur les droits de l'homme».

Pour l'Union européenne (UE), la liberté d'expression doit en effet sortir renforcée de la réunion de Genève, car «elle est un instrument pour lutter contre le racisme».

En septembre dernier, les pays occidentaux avaient d'ailleurs obtenu, lors d'une séance du Conseil des droits de l'homme, que soit refusée la création d'une nouvelle norme sur la diffamation des religions, cela au nom de la liberté d'expression.

Mais la bataille n'est pas encore gagnée. Pour preuve, Doudou Diène - l'ancien rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme - affirmait l'année dernière qu'«il faudrait aussi s'attaquer aux nouvelles formes de discriminations, dont l'islamophobie, qui en est une manifestation particulièrement grave, comme la montée de l'antisémitisme ou la christianophobie», à l'occasion de la conférence de suivi.

Conflit plus politique que racial

Concernant le Proche-Orient, l'UE est très réservée sur le fait de se «focaliser sur une région du monde», relevant que le conflit est plus d'ordre politique que racial (d'autant plus quand il s'agit de se focaliser sur Israël et non pas sur le racisme diffusé à la télévision palestinienne par exemple).

Pour Muriel Berset, diplomate suisse en charge des droits de l'homme, la déclaration de Durban n'aurait pas dû mentionner cette région particulière. Mais à présent que ce point y figure, il s'agit de voir comment le formuler. Et de rappeler que le but de la conférence de Genève est d'examiner la mise en œuvre de la déclaration finale et du plan d'action adoptés le 9 septembre 2001, non d'en modifier les paramètres.

«Il ne faut pas réduire les débats à ces deux seuls points, prévient aussi Muriel Berset. Il y a d'autres problèmes essentiels, comme l'esclavage, la question des réparations, les discriminations multiples – malades ou porteurs du sida, femmes, handicapés.»

Autre point de litige: la question de la liberté sexuelle. Doit-elle figurer dans le texte? Les pays occidentaux et latino-américains y sont favorables, mais les Etats musulmans s'y opposent: «Pour vous, être homosexuel est un droit, pour nous c'est un délit», a résumé un diplomate musulman en s'adressant à un collègue occidental lors de la réunion préparatoire de janvier.

Manifestations anti-israéliennes à Genève?

La question des migrants, très souvent victimes de discrimination raciale, constitue un autre sujet de désaccord. L'UE est très réticente à condamner la «criminalisation» de l'immigration illégale, alors que l'enjeu est capital pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Pour être en harmonie avec les dispositions de plus en plus restrictives sur la présence d'étrangers sur son territoire, l'UE voudrait réduire la totalité de ces paragraphes à une formulation générale de quelques lignes non contraignantes.

Et ça n'est pas tout. L'UE ne veut pas entendre parler de réparations financières pour son passé colonial ou esclavagiste, ni du profilage jugé raciste induit par la lutte contre le terrorisme. Pour l'UE, les victimes de racisme doivent toutes être traitées sur un pied d'égalité: «Aucune hiérarchisation des victimes n'est acceptable pour nous», indique un diplomate européen, en faisant allusion à la volonté d'introduire une référence à l'islamophobie dans le document final.

Reste à savoir si Genève sera le théâtre de manifestations anti-israéliennes, comme à Durban (ce qui est quasiment certain). Pour Muriel Berset, une place importante doit être accordée à la société civile. «A Genève, les ONG sont associées au processus, contrairement à Durban où elles ont tenu leur propre conférence en marge du sommet officiel», relève la diplomate helvétique.

«La Suisse travaille avec Genève pour accueillir au mieux les ONG, en leur facilitant les visas, l'hébergement et la nourriture à des prix accessibles. Il y aura aussi un important dispositif de sécurité, car nous ne voulons pas assister à des débordements racistes ou antisémites tels qu'on a pu le voir à Durban», conclut Muriel Berset.

En attendant et sans vouloir me répéter, j'observe déjà énormément de points qui ne vont pas. Le problème de ce type de réunion est multiple :

- Les Etat musulmans sont ultra-majoritaires

- L'ONU n'est pas toujours partial (restons poli)

- Les ONG sont (preque) par définition de gauche ou d'extrème gauche...

Enfin bref... La meilleure des choses serait l'annulation de Durban II. Ce qui est bien domage d'ailleurs car parler du racisme est on ne peut plus important... Mais si c'est uniquement pour critiquer Israël et mettre en valeur les droits de l'homme dans les pays musulmans, ce serait vraiment le monde à l'envers !

Publié dans Divers

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