Discours de George Bush (11/09/1990)

Publié le par JSS

http://bagnewsnotes.typepad.com/.a/6a00d8341cc90353ef01156f6cbbb8970c-piDiscours du président américain George Bush (père), prononcé devant le Congrès. Ce discours présente la définition américaine des nouvelles relations internationales, telles qu'elles émergent après la chute du mur de Berlin et à l'approche de la disparition de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).  Le discours prononcé le 11 septembre 1990 s'intitule "Le Nouvel Ordre Mondial".

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Nous sommes réunis ce soir, témoins dans le golfe Persique d'évènements aussi significatifs qu'ils sont tragiques. Aux premières heures du 2 août, à la suite de négociations et après que le dictateur irakien Saddam Hussein eut promis de ne pas recourir à la force, une puissante armée irakienne envahit son voisin nullement méfiant et beaucoup plus faible, le Koweït. En l'espace de trois jours, cent vingt mille soldats irakiens et huit cent cinquante chars avaient déferlé sur le Koweït, et marchaient vers le sud pour menacer l'Arabie Saoudite. C'est à ce moment-là que je décidai de contrecarrer l'agression.
À l'heure actuelle, nos vaillants soldats, hommes et femmes, montent la garde dans ce désert distant et sur des mers lointaines, aux cotés de forces de plus de vingt autres nations.
Ces hommes, ces femmes, sont parmi les plus valeureux des Etats-Unis d'Amérique. Et ils font un travail réellement admirable.
Ces courageux Américains étaient prêts, sans aucun préavis, à quitter leurs conjoints, leurs enfants, pour servir au front, à l'autre extrémité de la terre. Ils nous rappellent qui fait la puissance de l'Amérique : ce sont eux.
En ces circonstances éprouvantes du Golfe, nos troupes gardent un moral excellent. Face au danger, elles sont braves, bien entraînées et dévouées.

Un certain soldat, Wade Merritt, de Knoxville, dans le Tennessee, aujourd'hui à son poste en Arabie Saoudite, faisait part dans une lettre adressée à ses parents, de ses inquiétudes, de son amour pour sa famille et de ses espoirs de paix. Il ajoutait : " Je suis fier de mon pays et de sa ferme opposition à une agression inhumaine. Je suis fier de mon armée et de ses hommes (...) Je suis fier de servir mon pays. " Permettez-moi de vous dire, Wade, que votre pays est fier de vous. Comme il est reconnaissant envers chaque soldat, chaque matelot, chaque " marine " et chaque aviateur qui sert la cause de la paix dans le golfe Persique. Je tiens également à remercier le président du Comité des chefs d'état-major interarmées, le général Powell, les chefs d'état-major, notre commandant dans le golfe Persique, le général Schwartzkopf, et les hommes et les femmes du ministre de la Défense : quel travail magnifique vous accomplissez.

http://www.personal.psu.edu/t3b/Tom%27smediafolder/media%20SpCom%20597c%20spring%202002/Bush%20thanksgiving%20Saudi%20Arabia%2022%20Nov%201990.jpgJ'aimerais pouvoir leur dire que leur travail est achevé. Mais nous savons tous qu'il ne l'est pas. S'il y a jamais eu un moment où il convient de placer le pays avant son propre intérêt et le patriotisme avant le parti, c'est bien le moment présent. Je tiens à remercier tous les Américains, particulièrement ceux présents dans cet hémicycle, pour le soutien qu'ils apportent à nos forces et à leur mission. Ce soutien sera encore plus important dans les jours à venir.
Ce soir, je veux vous parler de ce qui est en jeu, de ce que nous devons faire ensemble pour défendre partout les valeurs du monde civilisé et pour maintenir la force économique de notre pays.
Nos objectifs dans le golfe Persique sont clairs, précis et bien connus :
- L'Irak doit se retirer du Koweït complètement, immédiatement et sans condition ;
- le gouvernement légitime du Koweït doit être rétabli ;
- la sécurité et la stabilité dans le golfe Persique doivent être garanties ;
- les ressortissants américains à l'étranger doivent être protégés.

Ces objectifs ne sont pas seulement les nôtres. Ils ont été approuvés par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies à cinq reprises ces cinq dernières semaines. La plupart des pays partagent notre volonté de faire respecter les principes. Et un grand nombre d'entre eux ont intérêt à ce que la stabilité règne dans le golfe Persique. Ce n'est pas, comme Saddam Hussein le prétend, les Etats-Unis contre l'Irak. C'est l'Irak contre le monde. Comme vous le savez, je viens d'avoir un entretien très fructueux avec le président de l'URSS, M. Mikhaïl Gorbatchev. Je suis content que nous oeuvrions de concert en vue d'établir de nouvelles relations. À Helsinki, nous avons affirmé, dans notre communiqué commun ('), notre détermination à réagir devant la menace que l'Irak fait peser sur la paix. Nous avons déclaré, je cite : " Nous sommes unis pour estimer que l'agression par l'Irak ne doit pas être toléré. Aucun ordre international pacifique n'est possible si des états plus forts peuvent dévorer leurs voisins plus faibles. " Il est clair qu'aucun dictateur ne peut plus compter sur l'affrontement Est?Ouest pour bloquer l'action de l'ONU contre toute agression.

Un nouveau partenariat des nations a vu le jour.
Nous nous trouvons aujourd'hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s'orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu'ils soient à l'Est ou à l'Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie. Une centaine de générations ont cherché cette voie insaisissable qui mène à la paix, tandis qu'un millier de guerres ont fait rage à travers l'histoire de l'homme. Aujourd'hui, ce nouveau monde cherche à naître. Un monde tout à fait différent de celui que nous avons connu. Un monde où la primauté du droit remplace la loi de la jungle. Un monde où les états reconnaissent la responsabilité commune de garantir la liberté et la justice. Un monde où les forts respectent les droits des plus faibles.

http://www.theforbiddenknowledge.com/hardtruth/george_hw_bush.jpgLes autres dirigeants d'Europe, ceux du Golfe et d'autres parties du monde comprennent que la façon dont nous résoudrons cette crise aujourd'hui pourrait façonner l'avenir des futures générations. L'épreuve à laquelle nous faisons face est importante, comme le sont les enjeux. Il s'agit du premier assaut contre le nouveau monde que nous recherchons, le premier test de notre détermination. Si nous n'avions pas réagi de manière décisive à cette première provocation, si nous n'avions pas continué de faire preuve de fermeté, ce serait un signal donné aux tyrans actuels et potentiels du monde entier.
Les Etats-Unis et le monde doivent défendre leurs intérêts communs vitaux. Et ils le feront.
Les Etats-Unis et le monde doivent soutenir la primauté du droit. Et ils le feront.
Les Etats-Unis et le monde doivent se dresser contre l'agression. Et ils le feront.
Et une dernière chose : dans la poursuite de ces objectifs, les Etats-Unis ne se laisseront pas intimider.
Des questions de principe d'une importance vitale sont en jeu. Saddam Hussein veut absolument effacer un pays de la face de la terre.
Nous n'exagérons pas.
Nous n'exagérons pas non plus lorsque nous disons que Saddam Hussein échouera.

Des intérêts économiques vitaux sont également menacés. L'Irak à lui seul possède environ 10 % des réserves pétrolières mondiales. L'Irak plus le Koweït en possèdent le double. Si on permettait à l'Irak d'absorber le Koweït, il aurait, en plus de l'arrogance, la puissance économique et militaire nécessaire pour intimider et forcer la main à ses voisins - des voisins qui ont la part du lion des réserves pétrolières du monde. Nous ne pouvons pas permettre qu'une ressource aussi essentielle soit dominées par un être aussi tyrannique. Et nous ne le permettrons pas. Les récents évènements ont certainement montré qu'il n'existe pas de substitut au leadership américain. Face à la tyrannie, que personne ne doute de la crédibilité et du sérieux des Etats-Unis. Que personne ne doute de notre détermination. Nous défendrons nos amis. D'une façon ou d'une autre, le dirigeant de l'Irak doit apprendre cette vérité fondamentale. Dès le début, en agissant en étroite coopération avec d'autres, nous avons cherché à modeler la réponse la plus large possible à l'agression irakienne. La coopération internationale et la condamnation de l'Irak ont atteint un degré sans précédent.

Les forces armées de pays de quatre continents ont répondu à l'appel du roi Fahd d'Arabie Saoudite en vue de dissuader l'agresseur et, si nécessaire, de défendre ce pays contre toute attaque. Musulmans et non-mulsulmans, arabes et non-arabes, les soldats de nombreux pays ont serré les rangs, résolus à déjouer les ambitions de Saddam Hussein. Nous pouvons citer cinq résolutions par lesquelles le Conseil de sécurité des Nations Unies condamne l'agression de l'Irak. Elles exigent le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les forces irakiennes, la restauration du gouvernement légitime du Koweït, et elles rejettent catégoriquement la tentative cynique et égoïste d'annexion du Koweït. Enfin, I'ONU a demandé la libération de tous les ressortissants étrangers détenus en otages contre leur gré et en violation du droit international. C'est se moquer de leur dignité humaine que d'appeler ces personnes "des invités". Ce sont des otages, et le monde entier le sait.
http://www.historyplace.com/specials/calendar/docs-pix/bush.jpgLe Premier ministre britannique, Mme Margaret Thatcher, I'a très bien dit : " Nous ne marchanderons pas sur le sort des otages. Nous ne nous abaisserons pas à prendre des êtres humains pour des instruments de marchandage. Jamais. " Bien entendu, nos pensées vont aux otages et à leurs familles, mais notre politique ne peut changer. Et elle ne changera pas. Les Etats-Unis et le monde ne se prêteront pas au chantage. Nous commençons à entrevoir une Organisation des Nations Unies qui fonctionne comme ses fondateurs l'avaient envisagé. (...) Le Conseil de sécurité a décrété des sanctions économiques obligatoires à l'encontre de l'Irak, qui sont destinées à obliger ce pays à renoncer au butin de sa conquête illégale. Le Conseil de sécurité a aussi pris la mesure décisive d'autoriser le recours à tous les moyens nécessaires pour garantir le respect de ces sanctions.

De concert avec nos amis et alliés, les bâtiments de la marine nationale des Etats-Unis patrouillent aujourd'hui dans les eaux du Moyen-Orient. Ils ont déjà intercepté plus de sept cents navires dans le cadre de l'application des sanctions. Trois dirigeants de la région avec lesquels j'ai parlé hier m'ont dit que ces sanctions donnaient des résultats. L'Irak commence à en sentir les effets.

Nous continuons d'espérer que les dirigeants irakiens réévalueront le coût de leur agression. Ils sont coupés du commerce mondial. Ils ne peuvent plus vendre de pétrole. Et seule une proportion très faible des marchandises leur parvient. Dans notre pays, le coût matériel de notre ligne d'action peut être élevé. C'est pourquoi le secrétaire d'état, M. James Baker, et le ministre de Finances, M. Nicholas Brady, se sont entretenus avec les dirigeants de nombreux pays pour souligner qu'il convenait de partager 1a charge de cet effort collectif. Nous sommes prêts à assumer notre part et même plus pour aider à supporter cette charge, mais nous insistons pour que les autres fassent de même. La réponse de la plupart de nos amis et alliés a été bonne. Pour aider à couvrir les frais, les dirigeants de l'Arabie Saoudite, du Koweït et des émirats arabes réunis se sont engagés à fournir à nos forces sur le terrain les vivres et le carburant dont elles ont besoin. Une aide généreuse sera également fournie aux vaillants pays de la ligne de front, tels que la Turquie et l'Egypte. Je suis aussi encouragé par le fait que cette réponse internationale concerne aussi les victimes les plus touchées par ce conflit, les réfugiés. Nous avons donné vingt-huit millions de dollars au titre des secours. Il ne s'agit que d'une partie de ce qui est nécessaire. Je félicite, en particulier, I'Arabie Saoudite, le Japon et plusieurs Etats européens qui se sont joints à nous dans cet effort humanitaire.

Cette crise a également un coût sur le plan énergétique. Les pays producteurs de pétrole sont déjà en train de compenser la production perdue de l'Irak et du Koweït. Plus de la moitié des pertes ont été compensées. Nous obtenons une coopération superbe. Si les producteurs, dont les Etats-Unis, continuent de prendre des mesures en vue d'accro1tre la production de pétrole et de gaz, nous pourrons stabiliser les prix et garantir qu'il n'y aura pas de difficultés. En outre, plusieurs de nos alliés et nous-mêmes avons toujours la possibilité de tirer sur nos réserves stratégiques de pétrole, si les circonstances l'exigent. Comme je l'ai déjà souligné, il est essentiel de s'efforcer de maintenir à un niveau aussi faible que possible nos besoins d'énergie. Nous devons ensuite tirer parti de toutes nos sources d'énergie : charbon, gaz naturel, énergie hydroélectrique et énergie nucléaire. Notre inaction sur ce plan nous a rendus plus dépendants que jamais du pétrole étranger. Enfin, que personne ne songe à profiter de cette crise.

http://www.nagame.net/upload/arbre/imageyZgVsR.jpgJe ne puis prédire combien de temps il faudra pour convaincre l'Irak de retirer ses forces du Koweït. Les sanctions ne produiront leur plein effet qu'à la longue. Nous continuerons d'envisager toutes les options avec nos alliés, mais que ceci soit net et clair : nous ne laisserons pas passer cette agression. Notre intérêt, notre engagement dans le Golfe, n'est pas passager. Il est antérieur à l'agression de Saddam Hussein, et il y survivra. Longtemps après le rapatriement de toutes nos forces, les Etats-Unis auront un rôle durable à jouer afin d'aider les pays du Golfe Persique : il s'agit, de concert avec d'autres pays, de décourager toute future agression, et d'aider nos amis à assurer leur propre défense. Il consiste aussi à freiner la prolifération des armes chimiques, biologiques, des missiles balistiques et, surtout, des techniques nucléaires.
Permettez-moi de dire sans ambages que les Etats-Unis n'ont rien contre le peuple irakien. Nous nous en prenons au dictateur irakien, et à son agression. L'Irak ne sera pas autorisé à annexer le Koweït. Il ne s'agit ni d'une menace, ni d'une fanfaronnade : c'est simplement ainsi que les choses vont se passer. (...)
Une fois de plus, des Américains se sont engagés, ils ont fait leurs adieux émus à la famille, avant de s'embarquer vers une rive distante et inconnue. En ce moment-même, aux côtés d'Arabes, d'Européens, d'Asiatiques et d'Africains, ils défendent le principe et le rêve d'un nouvel ordre mondial. C'est pour cela qu'ils suent et qu'ils peinent dans le sable, sous la chaleur écrasante du soleil.
Si eux sont capables de s'unir en dépit de telles adversités, si d'anciens adversaires comme l'Union soviétique et les Etats-Unis peuvent travailler à une cause commune, assurément nous, qui avons la chance insigne de nous trouver dans cette grande salle - démocrates, républicains, libéraux, conservateurs - nous pouvons nous unir afin d'assumer nos responsabilités.

Merci, bonne nuit, et que Dieu bénisse l'Amérique.

Publié dans Grands Discours

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A
BOF....JE NE LE TROUVAIS PAS SI NUL,CE BUSH .......
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