Shimon Peres: Président et Honneur d’Israël
Si un dossier politique est bien d’actualité depuis des siècles en Europe, c’est celui des travailleurs immigrés.
Aujourd’hui, l’Allemagne a ses turcs, l’Angleterre ses pakistanais, l’Italie ses albanais, la France à ses maghrébins et tous ont leurs africains et leurs asiatiques.
Si on remonte l’Histoire 100 ans en arrière, tous ces pays avaient leurs juifs qui fuyaient les pogroms à l’Est et qui bénissaient les états comme la France qui acceptaient de les accueillir.
Ne disait-on pas « Heureux comme un juif en France », et les juifs arrivaient par tous moyens pour devenir ce qu’on appelait déjà des clandestins.
Après des semaines de traversée, c’est en Amérique que débarquèrent nombre d’entre eux pour former là-bas la plus nombreuse communauté juive du monde au XXème siècle.
Ce n’était pas nouveau, mais la montée en puissance de l’idéologie judéophobe à l’ouest de l’Europe s’alimentait de l’image des juifs apatrides, immigrés illégaux.
Ces juifs clandestins, souvent rejoints par ceux qui ne l’étaient pas, formaient les troupes des mouvements de gauche et anarchistes épris de Liberté prônant un monde de solidarité et de justice.
Pas une population n’a autant immigré dans l’Histoire que les juifs de l’Europe chrétienne.
Cette précision est nécessaire, car jusqu’en 1948, les juifs qui vivaient en terre musulmane n’ont pas eu à fuir comme leurs frères d’Europe.
Aujourd’hui comme par le passé, chaque pays européen a un « Front National » local qui cultive son électorat sur le terreau de la peur, du racisme, et de l’anti-judaïsme.
Israël, en tant qu’Etat moderne et développé connaît à son tour l’immigration de populations en quête d’un exil politique et/ou économique.
Avec la montée de la crise économique et du chômage, le gouvernement israélien, et son ministre de l’intérieur Eli Yishaï (du parti orthodoxe Shass) ont décidé de procéder à l’expulsion de milliers de travailleurs illégaux. Dans un communiqué, Benjamin Netanyahou a déclaré : "L'afflux incessant de résidents illégaux en Israël au cours des ces dernières années a mené à une situation où leur pourcentage dans le pays est l'un des plus élevés du monde, proportionnellement à la population locale et au nombre d'actifs sur le marché du travail",
Dans le droit fil de cette déclaration, plusieurs milliers d’illégaux devaient être expulsés d’Israël au mois d’Aout, et sans l’intervention du Président Shimon Peres, le ministre de l’intérieur n’aurait pas hésité à jeter dehors 1200 enfants étrangers nés en Israël.
Le Président a écrit : «Nous ne pouvons pas rester indifférents au sort des enfants et des jeunes. Je suis conscient de la complexité de la situation, mais nous pensons qu'une solution équitable doit être trouvée, dans l'esprit de la tradition et l'héritage de notre peuple et dans le cadre de la loi »,
Finalement, le premier ministre a décidé de reporter de 3 mois l’expulsion prévue.
Ca n’a pas empêché le député Mikaël Ben Ari du Ihoud Lehumi de déclarer :
« Les prêtres de la gauche tentent d'anéantir le caractère juif de l'Etat (...). Ils veulent faire de nous un pays de réfugiés … Ces hypocrites n'ont eu aucune compassion pour les enfants du Goush Katif! »
Contrairement à ce que pense ce malheureux député, toutes les fondations du judaïsme reposent sur la morale. Aucun état d’Israël ne pourra être et demeurer « «juif » sans morale et sans justice. Exode : 23-9 : Tu ne vexeras point l'étranger. Vous connaissez, vous, le cœur de l'étranger, vous qui avez été étrangers dans le pays d'Égypte!
Heureusement que le Président se souvient de ce commandement de la Thora, ainsi que des exilés juifs rescapés des camps qui ne trouvaient aucun pays d’accueil.
Fallait-il que les enfants juifs nés en France, en Grande Bretagne ou ailleurs soient expulsés au lendemain de la crise de 1929 ?
Heureusement que d’autres dans la société sioniste, de gauche ou pas, interviendrons pour que ces enfants ne soient pas expulsés.
L’expulsion de ces enfants serait la décision la moins juive et la moins sioniste qui soit.
Gandhi qui n’était pas juif avait raison lorsqu’il disait : ” la misère est la pire des violences”. Et la misère de certains israéliens ne sera pas réglée par l’expulsion de ces enfants.
Bernard Darmon