Sarkozy va rencontrer les iraniens!

Les tentatives de relance du dialogue avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien seront au coeur de l'entretien, prévu à 17h30, précise l'Elysée. Selon l'entourage de Nicolas Sarkozy, la rencontre aura lieu à la demande des autorités iraniennes. "Le président de la République a décidé d'y répondre positivement", explique-t-on de même source. "Il ne faut laisser passer aucune chance de faire avancer le dialogue sur cette question essentielle pour la sécurité internationale."
La France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie, rejointes par les Etats-Unis depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison blanche, s'efforcent de convaincre Téhéran de renoncer à son programme d'enrichissement d'uranium. Les Occidentaux et Israël sont convaincus que le président Mahmoud Ahmadinejad veut doter son pays de l'arme nucléaire.Nicolas Sarkozy, partisan d'un "dialogue exigeant" assorti de sanctions internationales, a averti à plusieurs reprises les dirigeants iraniens que s'ils continuaient dans cette voie, ils prendraient le risque d'une frappe israélienne.
Le dossier iranien sera au menu de l'entretien qu'il aura samedi avec Barack Obama à Caen, en marge des cérémonies du 65e anniversaire du débarquement allié en Normandie.Auparavant, le président américain aura prononcé jeudi au Caire un discours très attendu dans les pays musulmans sur la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient. Mahmoud Ahmadinejad, qui brigue un deuxième mandat à l'élection présidentielle iranienne du 12 juin, a exclu lundi dernier toute négociation avec les "Six".
Ses adversaires réformateurs parient, en revanche, sur une détente avec l'Occident. Son principal rival, Mirhossein Moussavi, a ainsi dit qu'il poursuivrait les discussions avec les "Six" sur le programme nucléaire iranien s'il était élu.
L'entourage de Nicolas Sarkozy assure cependant qu'il ne sera pas question des questions de politique intérieure et des élections iraniennes lors de la rencontre de mercredi.
Le chef de l'Etat français ne reçoit qu'exceptionnellement des ministres des Affaires étrangères. Son entretien avec Manoucher Mottaki sera le premier, à l'Elysée, avec un dirigeant iranien de ce rang depuis son élection en mai 2007.
Il avait reçu en octobre 2007 l'ancien chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Velayati. Celui-ci, aujourd'hui conseiller diplomatique du guide de la Révolution Ali Khamenei, n'était cependant à l'époque qu'un simple émissaire de Téhéran.
Nicolas Sarkozy a refusé jusqu'à présent tout contact direct avec Mahmoud Ahmadinejad, dont il n'a eu de cesse de dénoncer les déclarations anti-israéliennes virulentes.
La France n'en est pas moins restée en contact avec les dirigeants iraniens. Son ministre des Affaires étrangères a notamment rencontré son homologue iranien en marge du forum économique de Davos, cet hiver.
Bernard Kouchner, qui participera à l'entretien de l'Elysée, poursuivra ensuite celui-ci avec Manoucher Mottaki. La rencontre Sarkozy-Mottaki "a été décidée en parfaite transparence avec nos partenaires et s'inscrit dans les efforts des 'Six'", précise l'Elysée. Le chef de l'Etat, qui a inauguré la semaine dernière à Abou Dhabi une base militaire française à environ 250 km des côtes iraniennes, entend également évoquer les questions régionales.
L'Iran, qui n'a jamais caché son ambition d'être une puissance régionale, soutient le parti islamique libanais Hezbollah et le mouvement palestinien Hamas, deux adversaires déterminés d'Israël. Mais les dirigeants iraniens, dont le pays est limitrophe du Pakistan et de l'Afghanistan, sont eux-mêmes confrontés à des troubles intérieurs. Un attentat contre une mosquée chiite a ainsi fait 25 morts, jeudi dernier, à Zahedan, ville à prédominance sunnite dans le sud-est de l'Iran.
Les dirigeants iraniens "ne sont pas du tout sur la même ligne" que les taliban afghans, sont préoccupés par le trafic de drogue en provenance de l'Afghanistan et ont un intérêt commun avec les Occidentaux dans la stabilisation de ce pays, souligne-t-on de source diplomatique française.