Le pèlerinage de la Ghriba sous haute tension

De l'aéroport, aux hôtels et jusqu'aux lieux des rites, des centaines de policiers en tenue et en civil étaient mobilisés, filtrant les passages tout au long de l'itinéraire, tandis qu'un hélicoptère de l'armée opérait épisodiquement des rondes dans le ciel de l'île des lotophages.
Le président du comité de la Ghriba, Perez Trabelsi, avançait le chiffre de quelque 6.000 pèlerins venus de plusieurs pays européens et du Maroc, en particulier de France, dont plus d'un millier de juifs établis en Tunisie. Il a estimé à environ 700 pèlerins ceux qui ont fait le déplacement d'Israël en transitant par des aéroports européens et turcs.
Dans l'esprit de ce septuagénaire qui préside aux rites de la Ghriba depuis de longues années, "le souvenir douloureux de l'attentat perpétré dans cette synagogue en 2002, est oublié. Il fait désormais partie du passé". Revendiqué par Al-Qaïda, cet attentat avait causé la mort de 21 personnes dont 14 touristes allemands, deux Français et cinq Tunisiens.
Selon son fils René Trabelsi, voyagiste qui organise des vols charters vers Djerba à partir de la France, l'affluence a avoisiné celle de l'an dernier malgré la crise économique et les événements de la Bande de Gaza dont l'impact "s'est petit à petit estompé".
Moment fort du pèlerinage, la procession de la Menara, une relique de la Torah, s'est déroulée par un temps ensoleillé dans une ambiance gaie et haute en couleurs. Une note triste cependant: l'absence du chanteur Yacoub Bchiri décédé il y a trois mois, après avoir animé de sa voix mélodieuse ce rituel pendant des dizaines d'années.
Lors d'une cérémonie à la synagogue à laquelle assistaient le grand rabbin de Tunisie et une foule dense de fidèles, le ministre tunisien du Tourisme Khélil Laâjimi, a plaidé pour "le triomphe de l'esprit et de l'amour sur les instincts destructeurs". Il a souhaité la bienvenue aux fidèles, assurant qu'ils continueront d'occuper "une place privilégiée" en Tunisie, un pays qui se veut "ouvert et tolérant".