Avigdor Lieberman plaide pour une «nouvelle approche»

Publié le par JSS

La première rencontre entre George Mitchell et Avigdor Lieberman a confirmé aujourd'hui le fossé qui se creuse manifestement entre l'administration Obama et le gouvernement Nétanyahou.

Devant l'émissaire américain, le nouveau chef de la diplomatie israélienne a ainsi plaidé pour une «nouvelle approche» du processus de paix, arguant que les concessions offertes aux Palestiniens n'avaient jusque-là rien donné.

L'émissaire de Barack Obama au Proche-Orient, qui devait rencontrer Benyamin Nétanyahou dans la soirée, a réitéré pour sa part le ferme soutien de Washington à la création d'un Etat palestinien indépendant, axe principal de la diplomatie américaine sur ce dossier ces dernières années.

Mais pour Avigdor Lieberman, il faut de «nouvelles idées et une nouvelle approche». Selon ses services, il «a passé en revue le processus de paix depuis les accords d'Oslo (1993) jusqu'à ce jour et relevé que l'approche historique n'a apporté jusqu'à présent ni résultat ni solution». «Le ministre a également souligné que le nouveau gouvernement va devoir trouver de nouvelles idées et une nouvelle approche», ajoute le communiqué.

Le controversé Lieberman, chef du parti ultranationaliste Israel Beitenou, avait déjà fait des vagues peu après son entrée au gouvernement en déclarant que les discussions menées depuis un an sous l'égide de Washington n'étaient pas pertinentes, et qu'offrir des concessions aux Palestiniens incitait à la guerre.

«Les Premiers ministres précédents étaient prêts à faire de vastes concessions et le résultat du gouvernement Olmert-Livni c'est la deuxième guerre au Liban, l'opération à Gaza, la rupture des relations avec le Qatar et la Mauritanie, Gilad Schalit (soldat franco-israélien détenu depuis près de trois ans dans la Bande de Gaza; NDLR) toujours en captivité et un processus de paix dans l'impasse», a expliqué Lieberman dans sa dernière déclaration.

Pour le négociateur palestinien Saeb Erekat, l'Etat hébreu abandonne les pourparlers de paix. «Il est très clair que ce gouvernement rejette une solution à deux Etats ainsi que les accords déjà signés», a-t-il déploré dans un entretien téléphone avec l'Associated Press.

Benyamin Nétanyahou et les membres du nouveau gouvernement, très marqué à droite, n'ont pas ménagé leurs efforts pour rappeler les liens stratégiques et affectifs unissant Israël et les Etats-Unis. Mais ils ne peuvent dissimuler des divergences de plus en plus manifestes sur la manière d'aborder le conflit israélo-palestinien.

Le Premier ministre n'a pas encore présenté son programme sur ce dossier, et n'a pas apporté officiellement son soutien à un Etat palestinien. Il a évoqué la nécessité de mettre l'accent sur la stimulation de l'économie palestinienne, reportant la question de la création d'un Etat à une étape ultérieure non précisée.

«La politique américaine privilégie, sur la question du conflit israélo-palestinien, une solution à deux Etats, dans laquelle un Etat palestinien vivrait en paix au côté de l'Etat juif d'Israël», a une nouvelle fois rappelé George Mitchell devant la presse après sa rencontre avec Avigdor Lieberman à Jérusalem. Il a rapporté que son interlocuteur avait «décrit les efforts réalisés pour apporter des améliorations économiques et pour s'impliquer dans d'autres discussions avec les Palestiniens en Cisjordanie».

Un peu plus tôt, George Mitchell avait rencontré le président israélien Shimon Peres, qui avait partagé le prix Nobel de la paix avec le défunt président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat et l'ex-Premier ministre assassiné Yitzhak Rabin il y a quinze ans.

Shimon Peres a tenu à minimiser les divergences entre les nouveaux gouvernements américain et israélien. «La politique du président Obama et ses efforts pour la paix dans la région sont les mêmes que la position d'Israël», a-t-il déclaré selon son cabinet.

Il a également cherché à apaiser les craintes d'un éventuel bombardement israélien sur les installations nucléaires iraniennes. Les rumeurs d'une «possible attaque israélienne sont fausses», a-t-il assuré: «La solution vis-à-vis de l'Iran n'est pas militaire».

Signe de la nouvelle implication de la nouvelle administration américaine dans le processus de paix, George Mitchell est venu dans la région en janvier, une semaine après l'investiture d'Obama. Il y est retourné un mois plus tard avec la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Demain, l'émissaire devait rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et son Premier ministre Salam Fayyad en Cisjordanie.

Par S. Weizmann

Publié dans Tribune Libre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Je pense Tietie007 que "ce conflit" est bien plus complexe que cela et qu'il est réducteur de ne le voir que sous la forme d'arrangements ou "complots des uns contre les autres
Répondre
T
Je pense que ce conflit ne fira jamais dans la mesure où tout le monde y trouve son compte.- Israel, car ça lui permet de maintenir son lobby militaro-industriel actif..- L'OLP avait déjà largement instrumentalisé le conflit pour asseoir son pouvoir, et le Hamas, de toute façon, n'accepte pas l'existence d'Israel.- les puissances régionales comme la Syrie ou l'Iran, instrumentalisent régulièrement certains mouvements palestiniens pour maintenir la tension et avoir des leviers utiles pour pouvoir négocier avec les USA.En bref, le conflit arrange beaucoup de monde.
Répondre