Israël-Russie: une relation "gagnant/gagnant" ?
La nouvelle est capitale et elle en cache une autre...
Pour le premier contrat militaire entre les deux pays Israël a donc vendu un nombre indéterminé de drones à la Russie. Ces petits avions sans pilote, armés ou non, mais souvent lestés d'une caméra vidéo, sont indispensables pour observer sans danger le terrain de l'ennemi. Au-dessus de l'Irak ou de la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan - sans oublier les territoires palestiniens, où l'armée israélienne a perfectionné sa technologie - leur utilisation est de plus en plus répandue. Or les généraux russes ont été impressionnés, semble-t-il, durant la guerre d'août 2008 avec la Géorgie, par la qualité des drones que les autorités de Tbilissi avaient acquis auprès d'Israël.
Selon le quotidien israélien Haaretz, l'Etat juif aurait accepté de vendre ses drones à la Russie car celle-ci a bien voulu renoncer à livrer à l'Iran des systèmes de missiles antiaériens de type S-300. Cette arme intéressait beaucoup les dirigeants de Téhéran car elle serait utile en cas d'attaque aérienne (israélienne, par exemple) contre les installations nucléaires iraniennes. Les S-300 sont capables d'atteindre un avion à 30 km de hauteur, et leur portée est de 150 km.
Mais la nature particulière de la vente ajoute du piment à l'affaire. En confirmant la signature du contrat, vendredi 10 avril, le vice-ministre russe de la Défense, Vladimir Popovkine, a cru bon de souligner que son pays n’achetait pas ces drones "pour faire la guerre (...) L’essentiel est d’en tester les possibilités".
En tester les possibilités? Les dépêches en anglais sont plus explicites: l'objectif de Moscou est "d'étudier" les appareils israéliens afin "d'aider" à "améliorer" les drones russes. Ces derniers datent des années 1970-1980 et ne correspondent pas aux exigences modernes.
En clair, Israël autorise la Russie à copier sa technologie ou, à tout le moins, à s'en inspirer. Et Moscou le reconnaît ouvertement.
L'un et l'autre font une bonne opération. Israël a obtenu que les fameux S-300 ne soient pas livrés à l'Iran. Et la Russie, deuxième marchand d'armes du monde derière les Etats-Unis, s'est offert les moyens d'un bond techologique de taille, pour un montant évalé par les médias russes à 50 millions de dollars. Un vrai cadeau, dans ce domaine. Enfin et surtout, la Russie accroît ainsi l'isolement de l'Iran, son principal concurrent sur le marché du gaz. Et dire qu'il a été question, en 2006, d'un partenariat stratégique entre les deux pays...
Pour Israël comme pour la Russie, cela ne fait aucun doute: ce premier contrat militaire est bel et bien "gagnant, gagnant"!
Article rédigé par M. Epstein