Freeman, (renseignement US), appointé par Obama, est lié à l'Arabie Saoudite

La nomination de Chas W. Freeman Jr. (photo ci-contre) – qui a servi comme ambassadeur américain en Arabie Saoudite durant la guerre du Golfe de 1991 et qui est doté d’une grande expertise au sujet de la Chine – s’est attiré les louanges de certains secteurs, mais aussi la critique de membres de la communauté pro-israélienne et des Républicains au Congrès.
Depuis 1997, M. Freeman a présidé le Conseil sur la Politique Moyen-Orientale (MEPC), un think tank de Washington. En 2007, il a accepté une donation d’1 million de $ de la main du Prince Al Walled bin Talal Abdulaziz al-Saud qui, selon un article de presse sorti à l’époque, valait pour avance sur de « futurs projets » au sein du Conseil.
La vice-présidente du MEPC, Anne Joyce, a expliqué que la donation était destinée à financer une dotation du Conseil qui, a-t-elle déclaré, a pour objectif de promouvoir les relations entre les Etats-Unis et le monde arabe et d’étoffer le niveau des débats à Washington, que le groupe perçoit comme un centre d’intérêts excessivement pro-israélien.
Mme Joyce a déclaré que le budget annuel du Conseil était de l’ordre de 700.000 $.
Depuis sa nouvelle fonction –qui ne requiert pas l’avis du Sénat- M. Freeman supervisera la production d’évaluations en matière de renseignements nationaux et d’autres analyses qui représentent les avis consensuels sur lesquels la politique de sécurité nationale se fonde.
M. Freeman, parlant couramment le chinois et plusieurs autres langues, a servi à plusieurs postes diplomatiques de haut niveau et a été le principal interprète du Président Nixon, lors de sa visite historique de 1972 en Chine.
Dennis C. Blair, le directeur du renseignement national, a déclaré, en annonçant cette nomination : « L’ambassadeur Freeman est un éminent serviteur de l’Etat qui apporte la richesse de ses connaissances et son expertise sur la défense, la diplomatie et le renseignement, lesquels sont absolument indispensables pour comprendre les menaces d’aujourd’hui et comment y répondre »
« Le pays a la chance que l’ambassadeur Freeman ait accepté de retourner vers le service public et puisse contribuer, par ses talents remarquables, à renforcer toujours plus le processus analytique de la communauté du renseignement. »
Cependant, des membres de la communauté pro-israélienne ont critique en privé le choix de M. Freeman, dès que les rumeurs de cette nomination se sont répandues cette semaine. Les représentants républicains du Congrès ont également émis des objections.
Jeudi soir, Mark Steven Kirk (photo ci contre), le député républicain de l’Illinois, a commencé à faire circuler une lettre à l’inspecteur général du bureau du directeur du renseignement national, déclarant urgente une révision du fonctionnement de l’organisation de M. Freeman.
La lettre déclarait qu’ « Etant donnés ses liens étroits avec le Royaume d’Arabie Saoudite, nous réclamons un passage en revue explicatif du passé de l’ambassadeur Freeman et de ses liens commerciaux, financiers et contractuels présents à l’égard du Royaume, afin de s’assurer qu’aucun conflit d’intérêts n’existe, du fait de sa nouvelle fonction ».
Eric Cantor, le chef de file Républicain, député de Virginie, à la Chambre des Représentants a expliqué que : « les associations et positions passées de Chas Freeman concernant la politique étrangère sont gravement alarmantes. Ses déclarations au sujet des relations entre Etats-Unis et Israël soulèvent de sérieuses préoccupations, concernant sa capacité à soutenir les efforts de l’Administration pour apporter la sécurité, la stabilité et la paix au Moyen-Orient ».
Lors d’une interview de 2006 avec le service de l’information sur les relations saoudo-américaines, M Freeman déclarait : « C’est une époque manifestement très difficile pour toute organisation qui tente de promouvoir une meilleure compréhension et des liens plus forts entre les Etats-Unis et le monde arabe. Les attitudes sont extrêmement négatives.
« Le soutien financier a été affecté de façon négative, à la fois par la détérioration de l’atmosphère (et) le sentiment de la part de beaucoup de nos donateurs arabes que rien ne pouvait être fait actuellement pour arranger l’image négative des arabes aux Etats-Unis. »
L’interview a été diffusée la semaine dernière sur le blog d’un ancien directeur des politiques étrangères au Comité des Affaires publiques américano-israéliennes (AIPAC), Steven J. Rosen.
En 2006, le MEPC a réédité un article rédigé par les universitaires Stephen Walt et John Mearsheimer qui arguaient que le lobby pro-israélien aux Etats-Unis avait conspiré pour déclencher la guerre en Irak, pour le compte des intérêts d’Israël et non ceux de l’Amérique.
En remarquant les réactions à cette nomination sur de nombreux blogs, Mme Joyce a rétorqué : « Il est ironique de constater le grand renfort de publicité qu’avait suscité notre publication de l’article de Mearsheimer et Walt sur le lobby d’Israël, et qu’à nouveau, les réactions à la nomination de Freeman viennent de la part de gens agissant comme un lobby ! »
Paul Pillar (photo ci contre), ancien chef du Conseil National de Sécurité pour le Moyen Orient, a, quant à lui, fait l’éloge du choix en faveur de M. Freeman.
M. Pillar a déclaré : « J’ai un respect considérable pour lui. Il a exactement le type d’envergure et de facultés indispensables pour couper « la poire en deux », sur une série de problèmes posés dans ce genre de travail ».
M. Pillar a écarté les inquiétudes concernant le fait que M Freeman serait devenu trop proche des intérêts de l’Arabie Saoudite, de la Chine ou d’autres gouvernements, à cause de ses relations commerciales après avoir quitté le service des affaires étrangères.
M. Pillar ajoute : « C’est peut-être dur pour certaines personnes qui n’ont jamais été des professionnels aux affaires étrangères, dans l’armée ou les renseignements, de comprendre la notion de service au gouvernement en place sans pour cela suivre un agenda politique »
“J’ai confiance dans le fait que quelqu’un ayant l’expérience de l’ambassadeur Freeman fera preuve de l’objectivité et de l’approche professionnelle pour remplir ses obligations ».