La crise économique sauvera t-elle la planète ?

La baisse du trafic routier, aérien ou maritime liée au recul de la consommation et des investissements se traduit en effet par une réduction des émissions de gaz à effet de serre et offre ainsi un répit à l'environnement.
"La crise a fait plus en un mois pour l'environnement que tous les Grenelle de l'environnement du monde", ironise Marc Fiorentino, président d'Euroland finance.
Certes, la dégringolade du brut qui a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis les sommets de juillet (147 dollars) à la suite du ralentissement économique, pourrait avoir raison de cette sobriété forcée, comme cela avait été le cas après le second choc pétrolier dans les années 80.
Mais au-delà, la crise financière ne doit pas servir de prétexte pour arrêter d'investir dans une économie sobre en carbone, a mis en garde l'économiste Nicholas Stern à plusieurs reprises dans la presse britannique de ces derniers jours. Au contraire, elle "pourrait être utilisée à bon escient" pour promouvoir les investissements dans l'efficacité énergétique, estime-t-il.
Pour le professeur Tim Jackson, spécialiste du développement durable à l'Université de Surrey (Grande-Bretagne), la crise financière est une "fantastique occasion" de "repenser" notre modèle économique.
Car "ce que nous dit la crise financière, c'est que notre modèle économique est fondamentalement instable", déclare-t-il. "Il faut saisir l'occasion de construire des économies qui soient basées sur une prudence à la fois financière et environnementale", ajoute-t-il.

"Cette crise va nous obliger à regarder la réalité telle qu'elle est", a-t-il déclaré marge du récent congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature à Barcelone.
Car "on ne peut pas s'attendre à ce que les forces du marché fassent tout -c'est la même chose quand il s'agit de protéger l'environnement", souligne Bjorn Stigson, président du World Business Council for Sustainable Development, une coalition de 190 sociétés internationales.
La crise économique et la crise écologique "se croisent et appellent des réponses communes", a estimé pour sa part la secrétaire d'Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. "Nous faisons le pari d'une économie nouvelle, qui sait que l'environnement est un investissement, l'instrument de notre compétitivité", a-t-elle expliqué.
Le sociologue Emmanuel Todd va plus loin: "Est-ce qu'on peut se contenter de souhaiter la remise sur les rails d'un système dont il était déjà devenu évident qu'il faisait baisser les niveaux de vie, augmenter les inégalités et qu'il assurait par les délocalisations la destruction de l'appareil industriel européen?". "Il faudrait au contraire arriver à utiliser cette crise comme un levier pour réformer un système économique globalisé qui n'a plus de sens",
Alors, la crise économique sauvera-t-elle la planète d'un désastre écologique ? Espérons seulement que la crise du nucléaire ne montera pas trop à la tête de certains détraqués...
(En photo : Marc Fiorentino ; Nicolas Hulot)