Lieberman : vrai provocateur ou faux raciste ?

Avec 11 sièges à la Knesset, Lieberman est un des leaders de l'opposition actuelle et compte bien gagner davantage encore de siège le 10 février prochain. C'est dans cet état d'esprit qu'il à failli créer une crise diplomatique entre Le Caire et Jérusalem ce week-end. Il à affirmer souhaiter que le président égyptien Hosni Moubarak "aille au diable". En réponse, le ministre égyptien des affaires étrangères l'a insulté de "mal élevé".
"On pensait que Lieberman était seulement raciste, mais on voit qu'il est aussi mal élevé", a-t-il affirmé au micro de la radio israélienne. Avigdor Lieberman avait reproché au président égyptien, Hosni Moubarak de ne jamais avoir effectué de visite officielle en Israël, ajoutant que s'il ne voulait pas venir "qu'il aille au diable".
A la suite de cette déclaration, le président israélien Shimon Peres et le Premier ministre Ehud Olmert ont appelé Hosni Moubarak pour lui présenter leurs excuses."L'Egypte et son président sont nos amis et nos partenaires", a notamment affirmé Ehud Olmert.Bien que les deux pays soient liés par un traité de paix depuis 29 ans, Moubarak n'a jamais effectué de visite officielle en Israël, s'étant rendu une seule fois à Jérusalem en novembre 1995 pour les obsèques du Premier ministre Yitzhak Rabin.
Avigdor Lieberman est né le 5 juin 1958 dans la ville de Kichinev, en Moldavie. On ne connaît pas grand-chose des premières années du leader russe, avant qu’il ne s’appelle Avigdor. Il aurait été présentateur télé, à Baku, en Azerbaïdjan avant d’immigrer en Israël en 1978, à l’âge de 20 ans. Ses biographies officielles commencent d’ailleurs à cette date. Pas de famille illustre, pas de longue tradition familiale. Dès son arrivée à Jérusalem, il débute son service militaire dans l'artillerie. Après des études de Relations internationales et de Sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, il devient homme d’affaires et prend alors sa carte au Likoud.
Après l’élection de Nétanyahou en 1996, il fut nommé directeur du cabinet du Premier ministre. A cette époque, Lieberman acquit la renommée d’un homme énergique et efficace. En novembre 1997, lors du congrès du Likoud, les élections Primaires furent annulées. A la suite de cela, Lieberman démissionna et ses relations avec Nétanyahou se dégradèrent progressivement.
En 2000, son parti s’unit au groupe parlementaire du Ihoud Léoumi. Avigdor Lieberman s’efforça de faire tomber le gouvernement d’Ehoud Barak et d’anticiper les élections. Dans le gouvernement d’union d’Ariel Sharon, il fut nommé ministre des Infrastructures nationales. Début 2002, il démissionna, estimant que les mesures prises par Ariel Sharon contre les Palestiniens, n’étaient pas assez sévères.
En mai 2004, Avigdor Lieberman a proposé un plan alternatif, dans lequel il suggère une séparation entre Juifs et Arabes en «opérant un échange de territoires et de populations» «comme en Alsace Loraine», a-t-il dit. Selon lui, seuls les Arabes loyaux et attachés à l’Etat d’Israël, devraient y être admis. Ariel Sharon a vivement critiqué cette conception et début juillet 2004, il renvoya Avigdor Lieberman (Transports) et Benny Elon (Tourisme), à cause de leur opposition au «plan de retrait» unilatéral.
Avigdor Lieberman a déclaré qu’il refuserait d’entrer dans un gouvernement dirigé par Ehoud Olmert et qu’il s’oppose catégoriquement à son plan de «repli» : «Non seulement le plan d’Ehoud Olmerth renforce le Hamas au sein de l’Autorité palestinienne, mais il prouve aussi aux plus radicaux parmi les Arabes israéliens, que des pressions internes leur permettront d’obtenir une autonomie, puis un état dépourvu de son caractère Juif, pour parvenir, en définitive, à la fin de l’Etat d’Israël», a-t-il déclaré. Lieberman s’oppose à toute forme d’accord unilatéral et estime qu’il faut traiter avec l’Egypte, la Jordanie et le Quartette.
Pour Lieberman, le vrai danger qui menace Israël n’est ni le terrorisme, ni le problème palestinien, mais « les zones de friction » entre Juifs et Arabes israéliens. Elles représentent, dit-il, « une bombe à retardement qui ne tardera pas à exploser et qu’il faut désamorcer même en dehors d’un accord politique global ». Il se base sur des informations démographiques : si en 1966, les Arabes d’Israël représentaient 12% de la population, ils en constituent aujourd’hui 23%. Et Lieberman croise ce phénomène avec une implication croissante de la communauté arabe dans les activités terroristes. Son remède consiste en un transfert de populations : rattacher les villages arabes sous autorité palestinienne, rassembler les implantations juives sous souveraineté israélienne, et promouvoir « deux Etats ethniquement homogènes ».
Lieberman est convaincu, comme tous les autres partis, de la suprématie juive que doit conserver Israël. Et comme la majorité des politiciens, dont Olmert en tête, il sait que la démographie arabe la menace. En ce sens, affirme Gideon Levy, journaliste pour le quotidien Haaretz, Lieberman n’est pas plus raciste que les principaux dirigeants de l’Etat juif. La différence se situe sur une autre modalité. « Lieberman veut distancer les Palestiniens de nos frontières », écrit-il, « Olmert et sa clique préfèrent les distancer de leur conscience ».
(En Photo : Lieberman, Olmert-Moubarak et Assad lors du 14 juillet 2008 à Paris, Lieberman)