Mais qui est donc ce Bibi ?

Publié le par JSS

Il est né en 1949 à Tel Aviv. Second de trois enfants de Tsila et du Professeur Ben Zion Netanyahu, son père se spécialisa dans le domaine de l’Histoire juive et fut l’un des rédacteurs de l’encyclopédie hébraïque ainsi le secrétaire de Zéev Jabotinsky. En 1967, après un long séjour aux Etats-Unis, il revint en Israël et s’enrôla dans Tsahal. Il fut volontaire dans le groupe de reconnaissance du chef d’état-major général, termina avec mention « excellent » le cours de formation comme officier, commanda une unité, et obtint même une décoration. Netanyahu fit un service de cinq années et fut démobilisé en 1972, date à laquelle il retourna aux Etats-Unis et commença d’étudier à l’Institut Technologique du Masachussets (M.I.T.).

En juin 1976, son frère aîné, Yoni, commandant du groupe de reconnaissance du chef d’état-major général, fut tué lors de « l’opération Entebbe » pour libérer les otages de l’avion d’Air France. Sa mort changea le cours de la vie de Netanyahu, qui se consacra, dans les deux années qui suivirent, à divers projets pour perpétuer la mémoire de son frère et à une action internationale pour lutter contre le terrorisme.

Lors d’un voyage en avion entre New-York et Israël, il rencontra Sara Ben Artsi, étudiante en psychologie, qui travaillait comme hôtesse de l’air à la compagnie aérienne El-Al. Ils se marièrent en 1991. Le 14 janvier 1993, deux mois avant sa candidature à la direction du Likud, fut révélée l’affaire de « l’enregistrement brûlant ». Dans une émission en direct, lors du journal télévisé « Mabat » (« point de vue »), Netanyahu avoua qu’il avait eu une liaison hors mariage et il raconta que « quelqu’un du Likud, qui est entouré d’un gang de malfaiteurs » avait essayé, dans un but politique, de le faire chanter sur cette affaire.

Benjamin Netanyahu a été élu à trois reprises à la tête du Likoud. Considéré comme faucon au sein de son parti, il a été premier ministre israélien de 1996 à 1999 et ministre des Finances de l'administration d'Ariel Sharon. Début août dernier Benjamin Netanyahu a quitté le gouvernement en raison de son opposition au retrait unilatéral de la bande de Gaza et de Cisjordanie initié par Ariel Sharon.

Le 23 octobre 1998, Netanyahu et le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, signèrent l’"Accord de Wye", selon lequel 13,1% des territoires de la Cisjordanie passeraient sous l’autorité palestinienne. Le 21 décembre 1998, une motion de censure présentée par la droite et les partis d’opposition pour protester contre l’"Accord de Wye" fut adoptée contre le gouvernement de Netanyahu et la décision fut prise d’avancer les élections.

On savait qu'il n'était pas homme à se laisser lier par ses promesses, mais on ne s'attendait pas à le voir prendre un virage si rapide. Dès le lendemain de son élection, dans son premier discours public, Benyamin Netanyahu, dit «Bibi», nouveau Premier ministre d'Israël, a dû affronter ses partisans. Après avoir rendu un hommage appuyé à son adversaire Shimon Peres, «auquel le peuple rendra justice», il a écouté sans broncher les sifflets et les huées de son public surexcité. Puis il a levé la main: «Allons, la campagne est derrière nous...» Il avait dit la même chose à ses amis américains qui s'inquiétaient de ses discours extrémistes: «Souvenez-vous de Nixon qui a fait la paix au Vietnam après une campagne de droite, du Reagan de "l'empire du mal" tombé amoureux de l'URSS... Une campagne n'est qu'une campagne.» Bibi, qui n'est pas tombé de la dernière pluie, est avant tout un ambitieux. Il voulait le pouvoir et il l'a. Qu'en fera-t-il?

Pour le savoir, il faudrait mieux le connaître, alors qu'il a tout fait pour brouiller son image et cacher son arrogance sous une banalité étudiée. Arthur Finkelstein, le publiciste américain qui le conseille depuis des années, avait dressé pour son poulain un plan de campagne simple: mettre en avant des thèmes uniquement axés sur la peur, marteler indéfiniment les mêmes slogans simplistes, gommer sa personnalité et jouer profil bas.

En 1982, le Likoud est au pouvoir. Moshe Arens, ambassadeur d'Israël à Washington et ami de papa Netanyahu, fait appel à Bibi pour le seconder en tant que ministre plénipotentiaire. L'époque est aux nominations d'ambassadeurs «politiques» dans les capitales importantes. Le Likoud place un peu partout des hommes de confiance, dont l'intégration dans les chancelleries ne se passe pas toujours bien. Bibi, dur et méprisant avec ses collaborateurs, a l'habileté de ménager ses collègues diplomates et gagne une réputation de gros travailleur. A la télévision, il se montre convaincant, séduisant, il fait merveille. Enfin un homme que les Américains comprennent, qui parle le langage du coeur et de la raison avec l'accent bostonien. On voit bien qu'il ne cache rien! Les téléspectateurs le noient sous le courrier.

Ravis de tenir un bon sujet, les présentateurs de télé l'invitent le plus souvent possible. Jamais un diplomate étranger n'a atteint un tel Audimat, rarement un homme politique a réussi à rouler son public dans une farine aussi fine. Les rois des médias deviennent ses potes. Plus d'émissions réussies sans Bibi. En même temps, dis-crètement, il se lie avec des membres influents de la communauté juive américaine, et il constitue un réseau de généreux donateurs, autour de Ronald Lauder, milliardaire et fils d'Estée Lauder. Bibi a déjà son plan.

La remontée puis la victoire de Bibi ont été maintes fois racontées. Les attentats du Hamas le remettent en selle, la «bavure» de Cana divise le camp adverse. Il n'est plus le «beautiful Bibi» des années américaines, il a grossi et perd ses cheveux. Son personnage reste énigmatique: il fait bombance le jour de Yom Kippour mais va prier au Mur le soir de sa victoire. Il hait les religieux orthodoxes mais sait les flatter et sera élu par eux, leur faisant oublier ses frasques. Il a promis tout et le contraire. Pour gagner, il a porté l'estocade à ceux qui, depuis cinquante ans, ont fondé puis construit Israël et l'ont mis sur les rails de la paix. Bibi voulait le pouvoir. Il l'a. Pour le garder, il est condamné maintenant à poursuivre la politique de paix de son prédécesseur, qu'il a si violemment combattue.

(En photo :  Caricature, Yoni Netanyahu, Netanyahu Arafat pour les accords de Wye et Obama et Netanyahu lors de la visite du candidat américain en Israel)

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A
"Un plan de campagne simple: mettre en avant des thèmes uniquement axés sur la peur, marteler indéfiniment les mêmes slogans simplistes, gommer sa personnalité". Cela me rappelle quelque peu la méthode des républicains aux Etats-Unis: à l'exception de McCain qui met en avant son histoire personnelle (ce que Bush n'avait pas fait pour ne pas être handicapé !), les républicains aiment à jouer sur la peur des électeurs en leur promettant la sécurité, quels que soient les moyens employés pour l'obtenir, et multiplier les slogans minimalistes (du genre, Obama va augmenter vos impôts !). Le possible retour de l'ancien premier ministre n'est, de mon point de vue, pas une bonne nouvelle... surtout s'il doti s'allier à Lierberman, par exemple. Je reste persuadé qu'un gouvernement d'unité nationale, de deux ans, rassemblant tous les grands partis, avec le seul objectif de parvenir à la conclusion d'une paix durable, pourrait vraiment sortir Israël de certains de ses problèmes. Encore faudrait-il que, dans le même temps, la communauté internationale se mobilise !
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