L'actu saoudienne

Publié le par JSS

Il est des pays dont on parle peu... Il est donc parfois bon de tirer deux ou trois brèves ici ou là et de les édités pour montrer ou en est le pays à l'heure ou nous parlons. Aujourd'hui, j'ai décidé de parler de l'Arabie Saoudite. Pas trop de blabla autour de ces news. Chaque personne se fera sa propre opinion. N'hésitez pas à laissez des commentaires si bon vous semble. Et que la discussion soit constructive !

En pleine crise économique internationale l'Arabie Saoudite ne semble pas trop préoccupé par les chutes vertigineuses des cours de brut. Le cash à l'air de continuer à couler à flot dans cet énorme désert à tel point que... Le prince Al Waleed Ben Talal vient d'annoncer son intention de construire le plus grand gratte-ciel de la planète ! On à déjà entendu cela à plusieurs reprises sauf que là, c'est du sérieux ! Les saoudiens d'apprètent à construire une immeuble de plus d'un kilomètre de hauteur ! Une vraie tour de Babel à la sauce « modern-muslim »(les ouvriers venant de tous les autres pays arabes, on peut vraiment parler d'une tour de Babel). Tout autour de ce building, sera construit un complexe de 23 millions (oui, oui... Millions) de mètres carrés. Hôtels de luxe, boutique de luxe, centres commerciaux de luxe, villas de luxe, parc d'attraction de luxe... Le tout, pour la bagatelle de 27 milliards de dollars US (avec la baisse de ce dernier, il est peut-être en effet le temps de construire !). A quand un don d'un même somme vers un « pays frère » en détresse ?

Autre news, plus récurrente celle-ci. La mort par décapitation de deux Saoudiens condamnés pour leurs présomptions de meurtre envers deux compatriotes. Mais ici, pas de chaise électrique ou pas même de piqure... Juste un « coupage de tête en bonne et due forme » au sabre fraichement affûté. Sur les vidéos annonçant triomphalement la victoire de la justice de son pays sur les coupables présumés, le ministre de la justice affiche un sourire limite arrogant. Qu'importe, personne ne prête attention aux droits de l'homme au pays de l'or noir. Cette décapitation au sabre est la 73ème annoncée cette année (soit, en gros, une décapitation tous les 4 jours).

En parlant de droit de l'homme et de condamnation à mort. Une nouvelle qui touche cette fois-ci aux patrons de chaînes de télévision locales. Le cheikh Saleh Al-Luhidane a lancé il y a quelques jours une fatwa (ordonnance politique justifiée par la religion) contre les émissions de divertissement. Dans sa plaidoirie, il conseil à qui pourra de tuer les patrons des chaines satellitaires pan-arabes dont les programmes ne respectent pas l'Islam. « Les propriétaires de ces chaînes propagent la dépravation et le libertinage. Il est licite de tuer les apôtres de la dépravation » a t-il affirmé alors qu’il répondait à la question d’un auditeur qui se disait choqué de voir à l’écran des femmes vêtues légèrement pendant le ramadan. Ce n’est pas la première fois que le cheikh s’attaque aux programmes de divertissement. Il avait déjà fait parler de lui en s’attaquant à « Nour », une série turque culte de la même veine que « Les feux de l’amour ». La série avait été jugée « subversive » et « anti-islamique » par le dignitaire religieux, qui avait estimé que toute chaîne diffusant cette série était « ennemie de Dieu et de son prophète ».

C'est dans ce climat de « fraternité » que les saoudiens prennent conscience du danger d'un Iran nucléarisé. On sait depuis longtemps que l'Arabie Saoudite à aussi peur qu'Israël d'un tel événement mais jusque là, rien n'était vraiment clair. Hier, des Hackers (pirates de l'Internet), ont piraté le site web de la chaîne de télévision Al-Arabya. Dans son communiqué officielle la direction dénonce un « acte d'extrémistes qui à rendu le site temporairement indisponible ». Dans les faits, cette cyberattaque interviennent sur fond de tensions entre sunnites et chiites, les deux principales branches de l'islam, après des propos du théologien qatari Youssef Al-Qardaoui, mettant en garde contre une "invasion chiite" planifiée par l'Iran. Quelques mois plus tôt, le chef du bureau de cette télévision à Téhéran avait été expulsé par Ahmadinejad et ses amis. La raison ? Son "dénigrement" et son "attitude hostile envers le peuple et le gouvernement de la République islamique".


Enfin, il faut rendre à César ce qui appartient à César. Depuis son arrivée au pouvoir en 2005, le roi Abdallah s’est montré soucieux d’améliorer l’image de l’Islam sur la scène internationale. Il est d'ailleurs l'un des seuls dirigeants musulmans à parler ouvertement de valeurs communes avec le judaïsme et le christianisme. C'est lui-même qui avait lancé l'idée de la conférence interreligieuse de Madrid (2007) ou il souhaitait « contrer les défis de l’enfermement, de l’ignorance et de l’étroitesse de vue, pour que le monde comprenne les préceptes de l’islam sans animosité ».


Messieurs-dames, à vous de parler à présent ! (Et bonne semaine...)

(En photo : la future tour de Babel, des acteurs de la série Nour et le Roi Abdallah (on remarquera au passage le travail de finesse de ses sabreurs... Euh, barbiers pardon!)


Publié dans Monde Arabe - Liban

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A
J'ajoute qu'un des condamnés à la peine de mort aux Etats-Unis, qui bénéficaient d'un sursis pendant que la Cour suprême statuait sur son sort, devrait être prochainement condamné. On accuse ce jeune homme de couleur noire d'avoir assassiné un entrepreneur blanc. Ni preuves ni arme du crime n'ont permis de le mettre en cause... sauf sept témoignages concordants. Tellement concordants que cinq d'entre eux se sont finalement rétractés, laissant supposé qu'on leur avait demandé de défendre une certaine version des faits. Malgré cela, la condamnation a été confirmée... En signalant cette info, qui confirme que la peine de mort peut provoquer des erreurs judiciaires douloureuses, je me positionne comme un défenseur de l'abolition MONDIALE de la peine de mort !! Combat que mène Robert Badinter.
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A
En lisant tout cela, je suis bien content d'habiter un pays laïc, où les croyances de tous sont respectées mais où on est libre de ne pas croire en un Dieu au nom duquel ces extrêmistes de la parole divine proclament de telles bêtises. La fatwa sur les programmes télé me fait penser à une autre mesure du même ordre, prise par un prédicateur syrien installé en Arabie saoudite, et qui s'attaquait à... Mickey ! Parce que, d'après le Coran, les souris sont des êtres impures...<br /> <br /> Quelle conclusion, constructive, tirée de tout cela? C'est difficile. D'une part, il est de notre devoir de promouvoir la tolérance et la liberté de croyance, mais aussi de combattre, par le débat d'idées, les plus radicaux des croyants (musulmans ou autres). D'autre part, il est tout aussi urgent que la communauté internationale se penche sur le problème des conflits ethnico-religieux qui ensanglantent l'Irak ou le Darfour. Là-bas, c'est l'appartenance (ou plutôt la non-appartenance) d'une personne à telle ou telle confession, ou courant confessionnel, qui en fait une cible. S'il faut passer par la création d'Etats religieusement homogènes pour garantir la sécurité et la liberté de conscience de leurs habitants, alors faisons-le. Il est temps d'être pragmatique. Mais, attention, cela doit évidemment se faire dans le dialogue et sur des bases politiques.<br /> <br /> Mais, cet article nous renseigne aussi sur un point fondamental, qui est d'actualité: dans un contexte de crise économique, les pays dits émergents, qui parviennent à s'intégrer pleinement dans la mondialisation et le système capitaliste, prouvent que ce système est mauvais. Les écarts se creusent au point que ceux qui s'enrichissent dans des proportions insoutenables ne pensent qu'à construire des hôtels de luxe, en battant le voisin... sans se soucier de la population, ou de ces pays où les habitants meurent de faim et n'ont pas un toit pour vivre décemment. Il est vrai qu'il est choquant de voir qu'autant d'argent puisse encore être dépensé pour offrir aux (déjà) puissants des tours luxueuses quand les sommes en question pourraient résoudre des problèmes bien plus graves !<br /> <br /> Pour ce qui est enfin de la peine de mort pratiquée dans certains pays musulmans, le mode opératoire est à l'image de l'extrêmisme religieux qui y existe. Autant choisir une méthode aussi brutale que les préceptes mis en valeur. Heureusement, de bonnes volontés - notamment des intellectuels, et parfois, des dirigeants - essaient de proumouvoir cet islam modéré. Le problème de la religion musulmane est qu'elle compte beaucoup plus de fanatiques que ses homologues monothéistes. Ce qui participe à la mauvaise image dont elle pâtit...
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