L'axe Israël-Turquie: vers une nouvelle dynamique proche orientale
Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davut Oglu, devrait effectuer une visite imminente en Israël, où il devait participer à un congrès politique organisé, pour la deuxième année, par le président israélien Shimon Pères.
Le directeur général du ministère turc des Affaires étrangères s’est adressé à son homologue israélien, Yossi Ghal, afin de lui proposer la visite en Israël d’Ahmet Davut Oglu.
L’ambassadeur de Turquie en Israël , Namık Tan, ayant rencontré Gal et lui ayant dit que le ministre turc des Affaires étrangères Ahmad Oğlu avait reçu une invitation à participer au congrès organisé par le président israélien, qui doit se réunir au mois de novembre.
Selon les propos du directeur du service de l’information israélienne au ministère des Affaires étrangères, Yossi Lévy, le ministre turc est un hôte qui sera toujours bien accueilli en Israël. Il a indiqué : « Nous avons signifié aux Turcs qu’ils sont invités en permanence chez nous, en Israël : ils seront toujours les bienvenus ».
Il faut rappeler que les échanges commerciaux entre Israël et la Turquie s’étaient beaucoup intensifiés ces dernières années. Les hommes d’affaires israéliens se sont précipités en Turquie pour y fonder des usines et des entreprises dans toutes les régions de ce pays dont la population est très majoritairement musulmane. Les échanges commerciaux ont crû de manière exponentielle, pour finir par s’établir à 3,4 milliards de dollars en 2008.
Des fonds d’investissements en Turquie construiront bientôt un gazoduc maritime reliant la Turquie à Israël pour exporter des hydrocarbures vers Israël.
Le gazoduc Blue Stream transporte déjà annuellement 16 milliards de m3 de gaz russe en Turquie par le fond de la mer Noire et complète le gazoduc reliant la Russie à la Turquie via l’Ukraine, la Moldavie, la Roumanie et la Bulgarie.
Le projet Blue Stream-2 prévoit la pose d’un deuxième tuyau parallèle au pipeline Blue Stream, ainsi que la création d’une infrastructure gazière en Turquie et d’un gazoduc maritime reliant la Turquie à Israël.
En ce qui concerne les exportations militaires israéliennes vers Ankara, les industries militaires et aéronautiques d’Israël voient dans la république laïque de Turquie comme un grand client en atteste l’accord pour la construction et l’implantation du char Merkava 3 en Turquie. La production de 1000 tanks israéliens, censé devenir le principal tank sur le théâtre d’opérations turques, aurait a commencé cette année. Israël s’intéresse aussi à la vente de ses véhicules aériens sans pilote (drones).
La coopération militaire entre les deux pays , qui remonte aux années 60, comporte aussi l’autorisation accordée aux avions de guerre israéliens d’utiliser l’espace aérien turc lors de ses exercices et l’échange d’informations entre services de renseignement, sans oublier les accords concernant l’encadrement des experts israéliens dans les académies militaires turques.
En Août 2009, deux navires israéliens étaient embarqués pour la Turquie afin de participer à des manœuvres aéronavales communes en Méditerranée orientale. Ces manœuvres, les dixièmes du genre, étaient baptisées “Reliant Mermaid” (“Sirène confiante 10”) et leurs buts étaient de permettre d’augmenter la coordination des commandements militaires de la Turquie, d’Israël et des États-Unis, au cours d’exercices de sauvetage en mer.
L’opération “Sirène confiante” était très attendue au sein des milieux militaires des deux pays, notamment dans leur volonté de coordination croissante. Partie intégrante du défi : la communication accrue dans des opérations de sauvetage (1).
L'axe Israël-Turquie est primordial au Proche Orient. Israël ne peut tourner le dos à ses relations avec la Turquie. Israël a des avantages à retirer de cette tentative d’arracher Ankara à l’étreinte iranienne. Le maintien de l’axe Ankara- Jérusalem pourrait, à terme, constituer un avantage pour Israël dans le cadre de négociations de paix. Avec cette alliance, Jérusalem pourrait imposer un isolement autour de l’Iran et une augmentation les pressions américaines sur les palestiniens pour arriver à un accord final.
Sur le plan strictement militaire, la coopération militaire entre Jérusalem et Ankara permettra à Israël d’utiliser un jour son territoire ou son espace aérien pour attaquer les installations nucléaires iraniennes.
Ftouh Souhail, Tunis
(1) Les exercices communs à la Turquie, Israël et les Etats-Unis, au large des côtes de Marmaris, en Turquie, ont offert aux forces militaires de ces trois pays de simuler un sauvetage en mer d'un bateau visé par des missiles. Des embarcations, des avions et des hélicoptères étaient mobilisés pour l'exercice.... Huit bâtiments de guerre, quatre hélicoptères et trois avions de reconnaissance et de sauvetage en mer des trois pays furent impliqués dans ces manœuvres.