L'Algérie, intolérante avec elle-même !

Publié le par JSS

Sous prétexte de défendre l’islam, la justice, la police et une certaine presse s’en prennent à celles et ceux qui ont choisi de vivre différemment. Une tendance qui inquiète une partie de l’opinion.

Par Mustapha Benfodil pour El Watan

Et revoilà l’inquisition drapée des oripeaux du rigorisme et de la bienséance la plus chafouine qui frappe de nouveau ! Le fait : Djamila, une jeune émigrée, et son cousin ont été arrêtés le 1er septembre sur un parking alors qu’ils s’apprêtaient à casser la croûte à bord de leur véhicule [pendant le ramadan]. Ils ont été embarqués manu militari au commissariat de Draria et placés en garde à vue pendant vingt-quatre heures, avant de se voir transférés à la prison d’El-Harrach. Ils n’ont dû leur salut qu’à l’intervention d’un personnage haut placé qui a hâté leur libération. Malheureusement, le calvaire de Djamila et de son cousin n’a rien d’une fausse note dans un havre de tolérance. Qu’on se souvienne de l’affaire des six personnes condamnées, en 2008, à quatre ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Biskra. Il leur avait été reproché d’avoir pratiqué des jeux de société alors qu’une bouteille d’eau se trouvait à côté d’eux. Ils avaient fini par être acquittés grâce à la mobilisation de pans entiers de l’opinion, scandalisés par cette chasse aux sorcières d’un autre âge.

Il est important de rappeler que les magistrats ayant eu à statuer sur ces cas ne s’appuient sur aucun texte clair. De fait, il n’existe pas dans le Code pénal d’article, signalent les juristes, qui condamne expressément ceux qui ne jeûnent pas. L’action publique repose, en l’occurrence, sur un article vague introduit dans le corpus juridique à la faveur de l’amendement du Code pénal et du Code de procédure pénale adopté en 2002. Il s’agit de l’article 144 bis 2, selon lequel “Est puni d’un emprisonnement de trois à cinq ans et d’une amende de 50 000 à 100 000 dinars [de 500 à 1 000 euros], ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque offense le Prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen.” En l’espèce, on ne peut que constater “l’élasticité” du Code pénal, qui laisse ainsi à l’appréciation du juge l’étendue de la peine à infliger à celui qui contrevient aux règles sacrées du ramadan. Dans le même ordre d’idées, il faut relever cette autre aberration qui consiste à priver les ressortissants étrangers de toute possibilité de se sustenter le jour en période de jeûne. Cela a été observé y compris dans des hôtels cotés, qui, pour nombre d’entre eux, poussent l’inhospitalité jusqu’à refuser à leur clientèle non musulmane le petit déjeuner. Que de fois n’avons-nous entendu autour de nous nos aînés évoquer, non sans une certaine nostalgie mâtinée de rage, une Algérie beaucoup plus tolérante, plus ouverte, où il faisait bon vivre malgré tout et où jeûneurs et non-jeûneurs se fréquentaient en faisant preuve d’indulgence.

A la lumière de la mésaventure de Djamila et de son cousin, on mesure l’ampleur de la régression effectuée par notre société et l’emprise des pratiques inquisitrices qui ciblent avec acharnement les “minorités” de toutes sortes (qu’elles soient cultuelles ou culturelles) qui se cramponnent à leur pays, l’Algérie, contre vents et marées. Question naïve : à quand des espaces non-jeûneurs dans les entreprises, dans les trains grandes lignes, voire dans certains espaces publics ? Il ne faut pas rêver, surtout lorsque l’on voit les campagnes policières de chasse aux couples ou aux non-jeûneurs se doubler d’un effort médiatique sans précédent pour que la société algérienne retourne définitivement au Moyen Age. La tolérance, c’est l’affaire d’institutions fortes dont les médias sont des acteurs de premier plan. Qu’un quotidien, Ennahar pour ne pas le nommer, joue les procurateurs bondieusards en publiant en première page la photo d’un jeune sur le point de mordre dans un sandwich, cela n’a qu’un nom : la délation. Le journal titrait : “Des cafés et des restaurants bafouant la sainteté du ramadan en plein jour”. Dans l’article qui pointait du doigt la Kabylie comme bastion de la chrétienté et fief des antiramadan, l’auteur va jusqu’à dénoncer à la police un groupe de récalcitrants peu emballés par le rite du carême. Mais les services de police n’ont pas jugé utile de rééditer l’action musclée de leurs collègues contre Djamila et son cousin, regrette le cafteur. Moralité : il apparaît urgent, dans cette Algérie déboussolée, cette Algérie gangrenée par la haine et l’intolérance, de sonner la révolte des citoyens libres et de susciter la mobilisation de tous afin de récupérer tous les espaces de liberté cédés.

Publié dans Monde Arabe - Liban

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Y
Tiensle chenil algérien aurait disparu ??faut peut etre croire  que la motocrotte les a aussi emportésallez tirons la chasse sur eux...
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A
C'est pas avec l'informatique,qu'ils devraient se la ...mettre !mais avec des vraies bombes,made in gaza !
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Y
Voila la première page du torche cul echourouq....http://www.echoroukonline.com/fra/index.php?news=5001
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Y
Enahar, Echourouq et tant d'autres feuilles de bas étages se font concurrence dans le domaine de l' abrutissement de leurs lecteurs ...
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Y
y en a ras le bol de cette Salafat Al'amma .... cette lie d'une nationVive Tamazgha et mort a ce panarabisme importé
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