Il y a 16 ans, la Naqba d'Oslo -aka accords d'Oslo-

Depuis le mois d'août 1993, des représentants d'Israël et de l'OLP se rencontrent secrètement à Oslo, en Norvège. En septembre, des accords sont signés publiquement à Washington en présence de Yitzhak Rabin, Yasser Arafat et du président américain Bill Clinton. Le 9, on dévoile le contenu d'un accord de reconnaissance mutuelle entre Israël et l'OLP, une vieille pomme de discorde. Puis, le 13, une cérémonie officielle souligne la signature d'une déclaration de principes sur l'autonomie des territoires occupés depuis la guerre des Six jours, en 1967. Elle prévoit le retrait d'ici quelques mois des troupes israéliennes de la bande de Gaza et de la ville cisjordanienne de Jéricho, ainsi que leur prise en charge par les autorités palestiniennes. Des retards dans l'application de l'accord donneront des munitions à ses détracteurs. Les ouvertures faites en septembre reçoivent néanmoins le support de la communauté internationale. La libération de prisonniers palestiniens détenus en Israël contribue aussi à donner un nouvel élan aux relations que l'on veut établir au Proche-Orient. Les efforts de Rabin et d'Arafat seront récompensés par le prix Nobel de la Paix.
Dans les médias...
Yann de L'Écotais, «Reconnaissance»
«...Ce qui vient de se produire entre Israël et l'OLP, cette sorte de miracle, réconcilie -espérons pour longtemps dans cette région du monde- le coeur et la raison (...) Que signifie «se reconnaître» ? Spectateurs du drame, et de ce que nous souhaitons être son dénouement, nous n'en avons forcément qu'une idée limitée. Sans ressentir les éclats qui meurtrissent la chair et l'esprit des acteurs, nous savons, à tout le moins, que reconnaître veut dire ne plus nier l'existence de l'autre. Donc l'admettre, avec son passé, ses ambitions et ses fautes -voire ses crimes. Ceux qui se sont rencontrés à Washington étaient surtout le bras -non pas armé, mais pacifique- de leur peuple. Chefs de guerre tous les deux, quoique de guerres différentes, ils ont dû grincer des dents en vivant ce qui, il y a peu encore, leur semblait un cauchemar : le stylo au poing, au lieu du pistolet-mitrailleur, et cette poignée de main...»
L'Express international (France), 23 septembre 1993, p. 4.

«...Les pays arabes, dont la boutade populaire disait qu'ils étaient prêts à se battre pour la cause jusqu'au dernier Palestinien, auraient normalement tout lieu de se réjouir. À moins qu'ils ne préfèrent s'accrocher à leurs vieilles façons et jouer à être plus catholiques que le pape. La logique de paix enclenchée par les dirigeants israéliens et palestiniens les a pris au dépourvu. Cela ne saurait les empêcher de se joindre à ce qui devrait être un effort massif et mondial d'aide financière et technique à l'entité palestinienne autonome. M. Arafat hérite en effet d'un territoire dont pas grand monde ne voudrait. Administrer, gérer et développer le bidonville géant qu'est Gaza est une gageure. L'entreprise peut échouer et avec elle tout espoir de paix entre Israël et ses voisins arabes. Les pays arabes sont à présent en mesure d'aider concrètement les Palestiniens. En reprenant l'assistance financière à l'OLP, cette non pas pour l'armer contre Israël mais pour lui permettre de gagner son pari à Gaza et à Jéricho. Le feront-ils ?»
Le Devoir (Québec, Canada), 14 septembre 1993, p. A6.
Éditorial
«...The Palestinian side needs quick relief from occupation and a start on development. The Israeli side needs a quick ending to the intifada and effective PLO checks on terrorism. That's just for openers. Mr. Arafat anxiously catalogued some of the most troubling other issues -Jerusalem, Israel's West Bank settlers, Palestinian refugees, boundaries- which his constituents expect him to deliver on. Israel's claims for security and regional acceptance weigh no less heavily on Mr. Rabin. All tough, but all possible to do in the now-shared Israeli-Palestinian view. This is the new excitement. It becomes the more credible when one listens hard to what Israelis and Palestinians now are saying to each other. Israel's security, Mr. Arafat said, rests on «putting an end to (the Palestinians) feelings of having been wronged and of having suffered a historic injustice.» A new chapter opens, said Mr. Rabin, «in the sad book of our lives together.» The language anyway sounds as if these are people serious about peace.»
The Washington Post (États-Unis), 14 septembre 1993.
Repris de l'excellent "perspectives monde"