"Ils veulent bien deux états: l'un "arabe"... L'autre "arabe" aussi"
Explications.
Barack Obama réclame le gel total de la colonisation. Vous dites qu’il n’en est pas question. Pourquoi?
Soyons très clairs. Ce que je refuse, c’est qu’on bloque la croissance «naturelle» des implantations juives. De jeunes familles y vivent déjà. Quand de nouveaux enfants sont à naître, il faut bien qu’elles puissent ajouter des chambres à leurs maisons! Et des salles de classe dans les écoles. Ce ne serait pas moral de les en empêcher. Il n’y a rien là de politique. Il ne s’agit ni d’agrandissements visant à accueillir de nouveaux habitants ni de l’établissement de nouvelles implantations. Il me semble que Barack Obama devrait pouvoir l’accepter.
Mais ces familles peuvent vivre n’importe où en Israël! Pourquoi aller du côté palestinien de la ligne verte?
Habiter ailleurs, ça leur coûterait beaucoup plus cher. Mais ce n’est pas l’essentiel. Ces gens vivent là depuis longtemps. Pourquoi? Parce que des gouvernements israéliens successifs, de gauche et de droite, ont décidé de développer des implantations juives. Pour diverses raisons, notamment sécuritaires. Un gel total n’y changera rien. L’enjeu aujourd’hui, c’est de décider si ces gens ont le droit de faire des enfants.
N’est-ce pas un message très décourageant pour ceux parmi les Palestiniens qui voudraient œuvrer pour la paix?
Mais non! En Cisjordanie nous n’imposons des limites qu’à la population juive. Nous n’empêchons pas les Arabes d’acheter des logements dans ces zones. Et surtout, ce ne sont pas ces implantations qui bloquent une solution négociée. Elles ne seront plus qu’un détail technique facile à régler le jour où les Palestiniens reconnaîtront le droit à l’existence d’un Etat juif. Or, on en est loin. Pas seulement à cause du Hamas. Le Fatah de Mahmoud Abbas continue à réclamer deux Etats côte à côte et le droit au retour pour les réfugiés palestiniens (ndlr: qui avaient fui leurs terres situées depuis 1948 en Israël). En clair, cela revient à demander… deux Etats palestiniens! Car la majorité juive ne serait plus garantie en Israël, où vit déjà une minorité arabe. Je vous assure: le jour où notre Etat sera garanti, nous saurons nous montrer très généreux.
En ce moment, les perspectives ne sont pas bonnes. A votre avis, à quoi ressemblera le Proche-Orient dans vingt ou trente ans?
Mon idéal, c’est la frontière à Genève entre la Suisse et la France. Voilà deux pays fiers de leur souveraineté… et pourtant vous pouvez passer de l’un à l’autre sans même vous en rendre compte! Bien sûr, ça paraît très utopique. Mais moi, je garde espoir grâce aux scientifiques. Dans ce domaine les frontières n’existent pas. J’édite un journal spécialisé à Haïfa, où nous publions des articles qui nous sont même proposés par des Iraniens!