Laïcs et religieux: l'unité indispensable!

Publié le par JSS

De nouveaux actes violents entre des communautés ultra orthodoxes (Toldot Aaron) faisant partie des Néturei Karta, et les forces de police israélienne, et dont vous pouvez lire les détails dans de très nombreux articles, ont lieu à Jérusalem depuis le début de la semaine :

Le Figaro, Le Monde

 

Ce qui caractérise cet évènement, c’est le manque de réactions à la fois des partis politiques israéliens, mais aussi des plus grandes autorités religieuses du pays.

Mercredi dernier, après deux journées d’émeutes, seul le « Roch Yéshiva de la Yéshiva de Mir»,  la plus grande Yéshiva orthodoxe d’Israël située dans le quartier de Méa Shéarim a demandé à ses étudiants de ne pas participer aux émeutes ou aux manifestations. 

Aucune réaction du premier ministre, du Président ou des grands rabbins d’Israël !

Ce silence est, à lui seul,  révélateur du malaise réel entre la doctrine de ces groupes appelés extrémistes et les représentants « officiels » du grand rabbinat d’Israël ainsi que des grands rabbins orthodoxes aux USA.

Car soyons clairs, les Néturei Karta disent tout haut ce que beaucoup d’orthodoxes pensent tout bas !

Les orthodoxes comprennent parfaitement la réaction de cette communauté, même s’ils ne l’approuvent pas !

 

Le fait de vouloir régler les conflits des gens de ces communautés par des tribunaux religieux (Beth DIN) plutôt que par des tribunaux civils israéliens est acquis dans la conscience religieuse y compris en Israël.

L’Etat dans l’état ou plutôt les états dans l’état d’Israël est un des problèmes majeurs de la société israélienne.

La problématique sioniste vis-à-vis des orthodoxes dans leur ensemble va beaucoup plus loin que les heurts entre les « Néturei Karta » et le sionisme.

Les Harédim ne se sentent pas représentés ni impliqués par les structures de la société israélienne, malgré leur sur-représentation sur le plan politique.

Ils connaissent parfaitement tous les mécanismes des rouages de l’Etat juif, ils les utilisent, mais continuent de s’identifier communautairement comme c’était le cas lorsqu’ils vivaient en Diaspora.

Le fait qu’ils continuent à parler Yiddish entre eux au lieu de parler hébreu est en soi la preuve de cette volonté d’autarcie par rapport au restant de la société israélienne.

 

Il y a quelques années, une blague circulait en Israël :

Au début du sionisme, un immigrant socialiste russe revenu sur la terre de ses ancêtres pour créer le nouvel état juif, crée un kibboutz dans une zone marécageuse et au prix d’un travail forcené finit par réussir à prendre un jour de congés pour aller à Jérusalem un Shabbat.

Il  rencontre sur une route un orthodoxe en cafetan alors qu’il se promène à cheval en fumant sa pipe.

Le religieux voyant l’homme fumer crie « shabeth, shabeth » avec son accent yiddish !

Le kiboutznik lui répond : « daber hivrith goy»  « parle hébreu goy ! »

Cette histoire résume le sens du contentieux.

 

Aujourd’hui de nombreux religieux, mais pas Haredim constituent des acteurs importants de la vie économique, culturelle, militaire et politique israélienne. C’est bien !

Reste encore un grand chemin à parcourir vers la voie de l’unité et de la sagesse.

Les religieux doivent apporter au sionisme leur patrimoine immense de sagesse, de savoir et de morale, mais sans rejeter l’autre qui dans sa diversité a fait d’Israël de nos jours le grand état moderne, démocratique et puissant de la renaissance hébraïque.

Il est de temps que le monde orthodoxe qui a porté le judaïsme en Diaspora pendant 2000 ans accepte de participer pleinement et positivement à la construction et à la destinée de l’Etat juif et qu’il applique la sagesse de la Mishna traité Avot, chapitre 4, Mishna 1 :

Qui est l’homme sage, interroge Ben Zoma ?

Celui qui apprend de tout homme, comme il est dit (Psaumes 119) : "Je suis devenu sage de tous ceux qui m’ont enseigné".

Qui est fort ?

Celui qui domine sa passion, comme il est dit (Proverbes XV) "Mieux vaut le patient que le héros, celui qui maîtrise son souffle que le conquérant de ville".

Le problème est identitaire avant d’être politique.

Benjamin Netanyahou exige légitimement des états arabes voisins ainsi que de l’autorité palestinienne que l’Etat d’Israël soit reconnu comme l’état juif ou l’état des juifs.

Comment crédibiliser cette exigence si au sein même de la nation juive mondiale cette idée fait débat !

Car soyons réalistes : cette question n’est toujours pas tranchée par les autorités morales et religieuses, même si tous ne sont pas ouvertement antisionistes comme ces quelques milliers d’extrémistes « Néturei Karta », nombreux sont les juifs orthodoxes qui ne reconnaissent pas l’Etat d’Israël comme l’Etat Juif et nombreux sont les orthodoxes qui ne voient dans la réalisation sioniste qu’un faire valoir des prédictions au sujet de l’époque messianique.

Pour eux, et c’est bien évident, l’Etat Juif devrait-être théocratique, c'est-à-dire conforme à la halacha, les Lois juives.

Pour le monde religieux, accepter de reconnaître Herzl (ce juif assimilé qui n’a pas circoncis son propre fils) comme le Père idéologique de la nation juive moderne constitue une infamie et un pas impossible à franchir.

Pour dénigrer les pères fondateurs du sionisme, nombreux sont ceux qui les caricaturent, qui sortent des bouts de phrases de discours ou de livres et qui militent pour les présenter comme des « antisémites » ennemis des juifs.

Ils oublient peut-être que Moïse lui-même n’avait pas circoncis son fils, et que c’est sa femme (noire et non juive) qui fit elle-même la circoncision de son fils.

En respectant à la lettre les Lois religieuses en vigueur aujourd’hui, les propres enfants de Moshé Rabbenou ne seraient pas juifs.

Le temps est venu pour que laïcs et religieux débattent entre eux (en Hébreu) et appliquent ce qu’Hillel le sage définissait comme le fondement même du judaïsme :

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »… pas le lointain ! …. non, le prochain !

Pour continuer d’exister et identifier l’existentialisme juif moderne, le sionisme doit s’enrichir du judaïsme et inversement.

 

Bernard Darmon

http://bernarddarmon.unblog.fr/

Publié dans Tribune Libre

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M
Monsieur Darmon,Après avoir lu votre billet, je pense que vous le problème posé n'est pas le bon.Un état Juif, oui, ou alors un état pour les juifs.Quelle est la définition du caractère juif de l'état?Le problème des religieux (en dehors des Nétouré Karta) est bien plus complexe, vous imaginez un débat de la sorte en France? Non, pour deux raison, 1 chacun fait ce qu'il veut. 2 même de parler Yidish dans la rue.N'oubliez pas que pour beaucoup, Israël n'est pas pour eux une terre de 60 ans, mais de plusieurs siècles. Quand je pense que des implantations 'Hassidique datent du 17ème siècle, que certains oublient.La caricature du débat ne permet pas son traitement dans la profondeur. Dommage. 
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Y
Léléte faches pasc'est juste pour rigoler....
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Y
HAHAHAHAHAHAHA§that isn't the question !!!ci-dessous the answer"une triperie deux pierres trois fleurs un oiseau vingt-deux fossoyeurs un amour le raton laveur une madame untel un citron un pain un grand rayon de soleil une lame de fond un pantalon une porte avec son paillasson un Monsieur décoré de la légion d'honneur le raton laveur un sculpteur qui sculpte des Napoléon la fleur qu'on appelle souci deux amoureux sur un grand lit cet exercice s' appelle un inventairenous le devons a Prévertou l ' art de parler et d' écrire pour ne rien direet produire une bouillie insipide et édulcorée.....
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T
Mais l'est-il vraiment?
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T
Votre article decrit une verite que les Israeliens essaient de ne pas confronter. Moi de meme j'ai decrit ce probleme dans un article que j'ai ecrit pour Daniel Pipes mais que j'hesite a lui envoyer. Il revele la faille geante qui existe entre nous et qui ne fait ques'elargir au point de risquer de nous engloutir. Les orthodoxes extremes ne voient pas en le juif laic, un juif.
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