Procès du Gang des Barbares: descriptions des dernières heures du calvaire d'Ilan Halimi

Publié le par JSS

Cette fois, la journée ne s'est pas tout à fait passé comme il l'avait décidé. Quand Youssouf Fofana a refusé de monter à l'audience ce jeudi matin, la présidente Nadia Ajjan a envoyé un huissier pour le sommer de comparaître. Et devant le constat de son refus, elle a ordonné l'extraction de force de Youssouf Fofana. Il est donc arrivé vers midi en jogging gris, entouré d'une nuée de gendarmes. « Il jetait un œil noir sur la présidente, comme un adolescent à qui sa mère vient d'ordonner de ranger sa chambre », raconte un avocat.
La présidente lui a expliqué qu'il venait d'être extrait de force parce que la journée de ce jeudi était une étape importante du procès. La cour devait aborder le dernier jour de vie d'Ilan Halimi, et cela ne pouvait se faire en son absence. Youssouf Fofana, fâché, a fait remarquer à la cour que pour le meurtre d'un préfet ou des braquages, les accusés ne sont pas extraits de force, « mais pour la mort d'un juif, on me fait monter ». Il a ensuite ajouté : « je n'ai rien à dire, je ne parlerai pas ». La présidente lui a répondu qu'il avait en effet le droit de se taire. Youssouf Fofana s'est alors permis de lui demander : « je peux vous insulter ? » La présidente : « Non ». Lui : « Pourquoi ? » La présidente : « Je relèverai l'outrage. » Et Youssouf Fofana a soufflé, comme un enfant à qui l'on refuse un caprice. Plus tard, ce jeudi, il la redit : « Moi, je ne voulais pas monter, maintenant je suis là. Le seul moyen d'exister que j'ai, c'est de ne pas vous répondre. C'est le seul petit pouvoir qu'il me reste. »
Le beau-père de Samir A.A est venu à la barre jeudi en fin de matinée. Il a d'abord soutenu ne pas connaître Youssouf Fofana, ce qui ne correspond pas à ce qu'il avait confié pendant l'instruction. Après insistance, le témoin a fini par se souvenir devant la cour cette altercation qui l'avait opposé à l'accusé. Un jour, Fofana avait menacé de « gazer » un chien, a-t-il raconté. Lui s'était interposé. Et Youssouf Fofana lui avait planté un doigt dans l'œil. L'homme a dit à la cour qu'il avait quand même fini à l'hôpital, l'œil endommagé.
La présidente a ensuite abordé la journée du 12 février 2006. Après son départ en Côte d'Ivoire le 4 février, Youssouf Fofana est rentré à Bagneux le dimanche 12 février 2006. A ce moment-là, il savait que « tout le monde en avait marre et qu'on n'y croyait plus », comme le lui avait dit Samir A.A. Les jeunes geôliers attendaient son retour, ont-ils expliqué ce jeudi à l'audience. Ils voulaient tout arrêter, qu'Ilan Halimi soit relâché, ont-ils précisé.
C'est Jean-Christophe G. qui avait « fait » la dernière nuit, celle du samedi au dimanche dans le local avec Ilan Halimi. Le dimanche matin, vers 8 heures, Nabil M. est venu le relever. Quand Fofana est passé en fin de matinée, il a demandé à Nabil M. de garder la victime quelques jours encore. Nabil M. a refusé. Une réunion était du coup organisée le soir même avec les autres. Fabrice P. a raconté ce jeudi à la cour qu'il avait terminé sa journée de stage vers 20 heures ce jour-là, qu'il avait ensuite croisé Nabil M. ou Cédric B.S.Y. Comme il l'avait dit au juge en octobre 2007, c'est dans ces circonstances que Fabrice P. avait appris la tenue de la réunion vers 22 ou 23 heures, « pour savoir si on le gardait encore ou si on le relâchait ».
Un peu avant cette réunion, Youssouf Fofana avait décidé d'obtenir un nouveau numéro de téléphone de proches d'Ilan Halimi. Il a demandé aux garçons de sortir de la cave. Fabrice P. devait alors faire le guêt dans les escaliers pendant que Youssouf Fofana était dans le local technique avec Ilan Halimi. Fabrice P. a entendu des bruits sourds, pas de cris. Et quand il est revenu dans le local technique, il a vu des traces de coups sur Ilan Halimi, des éraflures sur son torse, son cou, sa poitrine. Il a vu Youssouf Fofana lui donner un coup de pied dans le ventre, puis des gifles. Yousosuf Fofana aurait même dit : « Il ne va pas crier, il sait qu'il ne faut pas faire de bruit, il a l'habitude ».
Pendant la réunion, Youssouf Fofana a demandé à Nabil M., Cédric B.S.Y, Fabrice P. et Jean-Christophe G. s'ils voulaient continuer la séquestration. Tous ont répondu qu'ils en avaient marre, alors que Fofana se disait prêt à continuer. Cédric B.S.Y est même parti au cours de cette réunion, jugeant qu'elle ne menait à rien, si ce n'est à comprendre qu'aucun ne serait finalement payé, et que la prise d'otage pouvait se poursuivre, puisque Youssouf Fofana voulait le paiement de sa rançon. Aux autres, Nabil M., Fabrice P ; et Jean-Christophe G., restés jusqu'à la fin, Fofana a fini par dire qu'il allait relâcher Ilan Halimi, puisqu'il ne pouvait continuer seul. Dans une campagne, dans les Yvelines, se souviennent certains d'entre eux.
Youssouf Fofana les avait chargés de « préparer » Ilan Halimi pendant ce temps. Le laver, lui couper les cheveux, avec les ciseaux et le rasoir qu'avait apportés Youssouf Fofana justement. Nabil M. a raconté à la cour ce jeudi qu'après la réunion, il s'était assis et assoupi dans le local où se trouvait Ilan. Quand Jean-Christophe G. l'a réveillé, Fabrice P. était déjà parti avec Youssouf Fofana pour voler une voiture dans le parking d'un immeuble de Bagneux, a-t-il ajouté. Jean-Christophe G. a demandé à Nabil M. d'aller remplir les bouteilles pour laver Ilan Halimi. Tous deux ont déshabillé Ilan Halimi, l'ont installé dans un angle, dos à eux, pour qu'il ne les voit pas. Ils lui avaient ôté le scotch qu'il avait sur les yeux, la figure, pour qu'il puisse se laver le visage. Jean-Christophe G. lavait Ilan Halimi avec un gant, pendant que Nabil M. versait l'eau. Youssouf Fofana leur avait demandé de déchirer les vêtements, de l'enrouler ensuite dans un drap. Quand Youssouf Fofana est revenu avec Fabrice P., Ilan Halimi était adossé au mur, le drap autour de son corps nu, menotté aux poignets, chevilles attachées, scotch sur le visage. Fofana a dit qu'il fallait le serrer dedans, pour qu'il ne bouge pas. Il devait se retrouver seul avec lui dans la voiture et ça le stressait un peu, selon les plus jeunes. Youssouf Fofana est reparti à pied de la rue Prokofiev pour aller chercher de l'essence à la porte d'Orléans. Il est revenu une heure et demi plus tard. Fabrice P. et Jean-Christophe G. ont « chargé » Ilan Halimi dans le coffre de la voiture, pendant que Nabil M. fasait le guêt. En partant, Youssouf Fofana a demandé à Nabil M., Jean-Christophe G., et Fabrice P. de nettoyer le local. Tous trois ont affirmé à la cour ce jeudi qu'ils ne se doutaient pas que Fofana tuerait Ilan Halimi. Ils ont soutenu qu'ils ne l'avaient jamais entendu évoquer autre chose qu'une libération.
L'avocat de Nabil M., maître Didier Seban, a interrogé Youssouf Fofana sur son rapport à ces jeunes qui lui obéissaient: « Vous avez pensé à eux ? ». Réponse de Fofana : « non, je ne pensais qu'à l'otage. Eux n'étaient que des accessoires. »
Et pendant toute cette journée, la maman d'Ilan Halimi était présente.
Aujourd'hui, vendredi, il sera question du meurtre d'Ilan Halimi. Et Youssouf Fofana devrait à nouveau être là, quelqu'en soit sa volonté.
Elsa Vigoureux

P.S : Ce procès se tient à huis-clos. Aussi ce blog est-il écrit à partir d'informations recueillies, entre autres sources, auprès de personnes qui assistent à l'audience, et dont, bien entendu, nous taisons les noms.

Publié dans France

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Y
et si on le faisait frire  comme une aubergine .. en découpant des tranches de sa chair au fur et a mesure des besoins ??ce supplice était fort prisé par les  souverains Moghols, qui poussaient le luxe jusqu'a recouvrir de poudre de piment la partie ou le steak avait été prélevé pour éviter infection et corruption des chairs...ça devait  etre trés douloureuxle traitement idéal pour ce dégénéré
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