Dimanche soir dans le petit théâtre parisien de la Main-d’Or, QG de campagne de la liste anti-sioniste menée par Dieudonné, présentée en Ile-de-France, les résultats se faisaient attendre... Un organisateur a annoncé vers 21 heures que les résultats régionaux ne tomberaient pas avant 21 h 30. Dieudonné, la star du jour, n’a jusqu’alors fait qu’une brève apparition, très applaudie, sur le coup de 19 heures. Les gradins de velours rouge du petit théâtre commencent alors à se vider. Les partisans venus soutenir la liste anti-sioniste sont alors invités à aller se restaurer : « Si vous devez dîner, je vous invite à le faire ici, car c’est une militante qui a préparé les repas et cet argent nous servira après. » Au menu figurent un poulet Yassa à 17 euros, des jus de fruit à 2 euros et des salades de mangue à 3 euros. « Tu vas pas manger en juif », lance hilare un quinquagénaire, voyant son ami déjà servi s’éloigner avec son assiette, tandis que lui faisait encore la queue. Une heure plus tôt les 200 à 300 partisans impatients étaient prêts à écouter les premières estimations. Sur le coup de 20 heures, à l’annonce des résultats de la liste de Daniel Cohn-Bendit, les sifflets retentissent et certains lancent même des « pédé », « pédophile » qui fusent par-dessus les nombreux cris. Le contraste avec le début de la soirée, bien plus calme, est frappant. Assis par petits groupes, les partisans de Dieudonné discutaient paisiblement entre eux et applaudissaient de bon cœur les trois musiciens jouant des morceaux de jazz.
Fouilles
Dans cette ambiance détendue, une petite télévision à tube cathodique trône à l’entrée de la salle au-dessus de l’affiche de la liste anti-sioniste où Dieudonné pose entouré de ses colistiers, Yahia Gouasmi, Alain Soral ainsi qu’un rabbin dont le nom n’est pas mentionné. Au-dessus, quelques petits drapeaux européens flottent suspendus au plafond. « On espère au moins 3 % des suffrages pour obtenir le remboursement de la campagne », répètent inlassablement les partisans de la liste anti-sioniste. Quelques bières et quelques journaux traînent sur les tables. Quelques-uns feuillettent Flash « journal gentil et intelligent ». Tandis qu’une photo de Dieudonné arborant un sourire radieux occupe la une, on peut lire une interview du leader du Front national Jean-Marie Le Pen ou encore L’Anti bloc-notes d’Alain Soral dans les pages intérieures. Dehors quelques personnes attendent pour entrer. Elles doivent d’abord se soumettre à une fouille afin de pouvoir pénétrer dans les lieux. Une jeune femme inspecte avec minutie à la lampe de poche tous les sacs avec minutie. Les journalistes ont même droit à une petite phrase fort accueillante. « Vous venez encore pour raconter des mensonges sur nous », leur lance-t-elle d’un air exaspéré. Elle accuse deux journalistes, qui de toute évidence ne se connaissent pas, d’être de connivence. « Où est le journaliste qui est arrivé avec vous ? Vous n’allez pas dire que vous ne le reconnaissez pas dans la salle. Faites preuve de bonne foi ! »
Rédigé par Laurence Valdés