Israël accuse les Etats-Unis et Obama de propalestinisme
Le gouvernement de Nétanyahou a répondu par un «non» ferme aux pressions américaines en faveur d'un gel total du développement des localités juives. Pour la première fois depuis des années, des ministres israéliens critiquent ouvertement l'allié américain.

Le conflit sur les localités juives de Judée et Samarie ne cesse de s'envenimer. «Il faut qu'il soit clair que le gouvernement actuel n'acceptera en aucune façon que la construction de novelles habitations légale soit gelée en Judée-Samarie», a proclamé le ministre des Transports, Israël Katz, qui joue le rôle de porte-parole de Nétanyahou.
Israël a ainsi répondu par un non catégorique aux pressions exercées par les Américains en faveur d'un arrêt total de la colonisation. Dans un premier temps, Benyamin Nétanyahou a tenté de manœuvrer comme si George Bush était encore au pouvoir en proposant de démanteler une vingtaine de colonies sauvages établies par des extrémistes de droite.
En échange, le premier ministre espérait que Barack Obama, comme son prédécesseur, consentirait au moins tacitement à la poursuite de la construction de logements dans les 120 localités légales pour répondre à la «croissance démographique naturelle» parmi les 280 000 Israéliens installés en Judée et Samarie. Mais Barack Obama a changé totalement les règles du jeu et exige désormais un gel total sans faire la moindre distinction entre localités légales et sauvages. «Il s'agit d'une mesure discriminatoire qui rappelle celles imposées par le Pharaon au peuple juif», s'est même exclamé Daniel Hershkovitz, chef d'un parti d'extrême droite, en se référant au récit biblique. «C'est une position injustifiable, qui revient à une expulsion», s'est pour sa part indigné Elie Yishaï, le ministre de l'Intérieur et dirigeant du parti ultraorthodoxe Shass.
Les responsables israéliens ont également soulevé un deuxième grief tout aussi grave. Ils accusent Barack Obama de remettre en cause les engagements pris par George Bush dans une lettre adressée en 2004 à Ariel Sharon, premier ministre à l'époque. Dans cette missive, l'ancien président américain soulignait qu'il serait «irréaliste» de s'attendre à ce qu'Israël évacue les grands blocs de colonies dans le cadre d'un accord de paix avec les Palestiniens. Les responsables israéliens considèrent que les États-Unis ont ainsi accepté l'idée d'une annexion future de ces grandes implantations où résident la grande majorité des colons.
Pour tenter d'amadouer la nouvelle Administration, Ehoud Barak, le dirigeant travailliste et ministre de la Défense, commence lundi une visite à Washington à trois jours d'un important discours d'Obama au Caire. «Nous craignons qu'à cette occasion, il tente à nos dépens de réconcilier les États-Unis avec le monde musulman que le président Bush s'était mis à dos», affirme en privé un responsable israélien.
Seule certitude en tout cas, Nétanyahou, qui se vantait avant et après son élection d'être le mieux placé pour gérer les relations stratégiques avec les États-Unis considérées traditionnellement comme l'atout diplomatique primordial d'Israël, semble très mal parti. Un échec d'autant plus inquiétant qu'il survient au moment où le dirigeant israélien cherchait à obtenir de Washington un soutien pour un durcissement des sanctions contre le programme nucléaire iranien, considéré comme le danger numéro un pour Israël.