La négation de l'autre, ou le syndrome Deir-Yassin.

Publié le par JSS

Article rédigé par Sacha pour le blog JSS - Malgré tout, je vous invite fortement à visiter son excellent blog (et tout nouveau): A contre-courant (http://contrecourant1.wordpress.com/)

Parmi toutes les théories échafaudées avec plus ou moins de rafistolages par les antisionistes, il y a la plus couramment admise : celle d'une prétendue purification ethnique pratiquée par les Israéliens et qui serait concrétisée par l'expulsion planifiée et brutale des Arabes de Palestine.
Que cette théorie fasse écho à de très nombreuses nombreuses déclarations de leaders arabes ou musulmans doit sans doute nous indiquer qu'il faut d'abord leur donner la parole pour comprendre d'où peut bien venir pareille absurdité.

 

L'islamisation de la Terre d'Israel
Cette accusation est en effet le point de focalisation de plusieurs élucubrations dont sont gourmands les médias ou les leaders arabes.
Cela va de la yéménisation du récit biblique : '' Tous les événements liés au roi Saul, au roi David et au roi Rehoboam se sont déroulés au Yémen, et aucun vestige hébreu n’a été trouvé en Israël pour la bonne et simple raison qu’ils n’y ont jamais vécu. '' (Jarid alKidwa, ''historien'' arabe, au cours d’un programme éducatif de l’OLP, en juin 1997),

de la négation de l'enracinement de l'identité juive en Erets Israel : '' Il n’y a pas de preuve tangible qu’il y ait la moindre trace ou le moindre vestige juif que ce soit dans la vieille ville de Jérusalem ou dans le voisinage immédiat. '' (Communiqué publié par le ministère palestinien de l’information, 10 décembre 1997),

au négationnisme historique : '' Abraham n'était pas juif, pas plus que c'était un Hébreu, mais il était tout simplement irakien. [l'Irak est une création britannique du XX siècle, NDLR] Les Juifs n’ont aucun droit de prétendre disposer d’une synagogue dans la tombe des patriarches à Hébron, lieu où est inhumé Abraham. Le bâtiment tout entier devrait être une mosquée. '' (Yasser Arafat, cité dans le Jerusalem Report, 26 décembre 1996).

Plus encore que l'inculture notoire d'Arafat - inculture compensée il est vrai par une avidité et un cynisme sans bornes -, ces propos convergent vers une constante négation du lien historique incontestable des Juifs avec Israel.

 

Comment se construit une propagande ?

La théorie de l'expulsion des Arabes de Palestine se fonde donc sur une réinterprétation de l'histoire ancienne et récente en prenant appui sur des prémisses mensongères :

Les juifs n'ont aucun lien historique avec la Palestine ;

Les juifs sont donc des envahisseurs ;

D'où la justification de la guerre totale : la libération de la Palestine implique la destruction de l'État d'Israël;

Du point de vue occidental, cela s'appelle le retour des réfugiés, fondé sur le principe du caractère autochtone des Arabes et du caractère allochtone des Juifs en Israel.

L'enjeu n'est pas de répondre à de pareilles inepties, mais de comprendre comment se construit le discours de la victimisation et son corrélaire, la justification de l'assassinat de civils israéliens.

 

Dans l'idéologie antisioniste, le second obstacle à la délégitimation du sionisme est l'Holocauste. C'est absurde, puisque les juifs n'ont pas attendu l'Holocauste pour retourner en Erets Israel.

Réduisant la restauration de l'État d'Israel à une mauvaise conscience occidentale dont pâtiraient les Arabes, cette idéologie est obnubilée, non par la dédramatisation de la Shoah, comme les antisionistes le prétendent, mais par sa caricature, en engageant d'une part, une concurrence mémorielle de mauvais goût (d'où cette version courante : les Palestiniens d'aujourd'hui sont les Juifs d'il y a soixante ans), et d'autre part une criminalisation des Juifs victimes de la Shoah (cela donne : l'Holocauste est intentionnellement le produit du sionisme pour arracher une part de la terre d'Islam). Dans ce but, il s'agit d'amplifier la menace dont seraient victimes les Palestiniens pour les ériger en nouvelle victime ultime, tout en faisant des Juifs, ou des sionistes, une menace mortelle pour l'ensemble de l'humanité : c'est dans l'opinion publique l'image d'un Israel seul obstacle à la paix.

 

La théorie de la purification ethnique produit donc cet autre raisonnement vicieux:

Les juifs ont forgé le plan de dominer le monde (dans les Protocoles des Sages de Sion, dixit la Charte du Hamas);

Or, ce projet a été maquillé en compensation de crimes nazis durant la 2e guerre mondiale;

Les juifs cachent donc leurs crimes derrière l'Holocauste;

Ils ont donc inventé, ou au minimum exagéré, l'étendue de la Shoah;

Du point de vue occidental, cela s'appelle le génocide palestinien, ou comment cautionner la destruction d'Israel.

 

Le pathos judéophobe

Ce négationnisme se pratique donc sur deux plans : celui de la négation proprement dite de la Shoah, dont Ahmadinejad est le représentant navrant le plus célèbre - elle est omniprésente dans les médias arabes -, et celui de la surenchère victimaire, dont le but est de minimiser les souffrances des juifs durant l'Holocauste, et de leur substituer ensuite celles des Arabes, censées être supérieures.

Il s'agit de substituer le quantifiable par l'axiologique : la mise en équivalence du meurtre planifié et industriel de 6 millions de Juifs par les nazis, avec les quelques centaines de Palestiniens tués lors des guerres contre Israel se fait sur une différence axiologique. L'indifférence des Arabes pour les massacres de perpétrés par l'ancien ami des Palestiniens Saddam Hussein ou par les Janjawid au Darfour, comparée à l'enflure pathologique du sentiment de solidarité pro-palestinien ne se comprend que si l'on saisit ce que représente l'égalité entre musulmans et non-musulmans (un non-musulman en terre d'Islam n'a pas le droit de porter une arme, c'est-à-dire de se défendre, son avis ne compte pas dans un procès contre un musulman, il doit porter un costume infamant le différenciant des musulmans, il doit baisser le regard par déférence face à un musulman,...)

Il est effectivement difficile d'expliquer autrement la persistance des Arabes à refuser la simple reconnaissance d'un état de fait, à savoir l'existence de l'État d'Israel, si ce n'est en rappelant que l'émancipation des minorités, et notamment des Juifs, est considérée traditionnellement par les autorités musulmanes comme un blasphème contre la parole divine censée inspirer le Quran, qui nous le rappellent les médias arabes, dénie aux non-musulmans toute égalité de droit (ce qui a pour effet,  au XXIème siècle, l'interdiction du don d'organes entre patients coptes est musulmans en Egypte...)

Ce pathos est idéologique. L'indifférence arabe au sort réel des Arabes de Palestine est notoire : il ne faut pas oublier que les pays arabes ne contribuent qu'à hauteur de 3% de l'aide à destination des Palestiniens (l'Arabie Saoudite assurant les deux-tiers de l'aide arabe), l'essentiel étant fourni par les Occidentaux, États-Unis en tête...

On ne peut que saluer l'initiative de Netanyahu qui vient de demander à Mahmud Abbas la reconnaissance de la judéité de l'État d'Israel comme condition de la poursuite des négociations.

 

La négation d'une judéité libre

Reconnaître la judéité d'Israel, c'est renverser complètement la propagande arabe pratiquée depuis plus de soixante ans et construite sur une complète négation de l'histoire et des droits de l'homme

'' La campagne arabe visant à détruire l'État d'Israël a dévalorisé l'ONU, terni sa charte, perverti les droits de l'homme, bouleversé le droit international et son tribunal le plus élevé '', précise Anne Bayevsky dans le magazine National Review (17/07/2004).

La négation de l'identité culturelle juive s'est construite sur le socle d'une inversion axiologique associée à une victimisation outrancière. Du point de vue diplomatique occidental, cela s'appelle la réaction disproportionnée contre les civils. Que l'attitude du Hamas visant délibérément des civils israéliens soit disproportionnée importe peu! La violence aveugle contre les civils israéliens se justifie au nom de l'affront que représente l'émancipation du statut de dhimmi. Les juifs n'ont pas le droit d'être autre chose que ce que le Livre sacré leur impose d'être : un résidu folklorique d'une religiosité passée, vaincue par l'islam.

 

Le syndrome Deir-Yassin

Que signifie alors le '' syndrome Deir-Yassin '' ?

Deir-Yassin est le nom d'un village arabe dont la population a été tuée le 9 avril 1948 à la suite de combats entre les combattants arabes et ceux l'Irgun, puis du Palmah. Il y eut moins de 100 victimes. Dans la surenchère victimaire, on peut faire le décompte macabre des victimes juives des attaques arabes. Le 13 avril 1948, plus de 80 médecins et infirmières juifs qui rejoignaient l'hôpital Hadassah furent massacrés par les armées arabes. Le massacre des habitants juifs du Kibboutz de Kfar Etsion fit plus de 240 victimes. Quelques années auparavant, en 1929, plus de 60 habitants juifs de Hébron furent tués par la foule, les autres devant fuir et rejoindre Jerusalem. La liste est longue, mais pourquoi une telle fixation de la part des Arabes et des antisionistes sur Deir-Yassin, dans une guerre civile qui a pourtant fait plusieurs milliers de victimes de part et d'autre ?

Deir-Yassin a été le catalyseur du sentiment d'humiliation ressenti par les Arabes par la perspective d'une libération des Juifs de leur joug ancestral. Dès le 6 février 1948, le Haut-Comité arabe déclare: ''  Les Arabes de Palestine considèrent que toute tentative des Juifs d'établir un État juif dans un territoire arabe est un acte d'agression auquel on s'opposera par la force. ''

Ce qui explique également l'acharnement contre les Juifs sépharades, perçus comme une potentielle menace, et violemment expulsés, donnant lieu à la création d'une masse de plus de 900 000 réfugiés juifs, dont l'essentiel sera accueilli en Israel.

Deir-Yassin est également le moyen de déshumaniser l'ennemi théologique juif, le moyen de chercher à délégitimer son émancipation. En identifiant arbitrairement la libération des Juifs de la mort de civils, la propagande arabe, rejoint par les idéologues soviétiques, imposera la vision d'un sionisme colonial, avec les valeurs qu'on lui attribue généralement : la brutalité, le mépris pour les droits humains, le déséquilibre du rapport de force. La propagande arabe a su rendre incontournable dans des médias occidentaux pusillanimes la représentation du palestinien armé d'une fronde face au char israélien : ultime inversion du David israélien luttant pour sa survie contre le Goliath des pays arabo-musulmans coalisés.

Le syndrome Deir-Yassin ressurgit régulièrement : sous la forme du prétendu massacre de Jénine (avant rétractation de nombreux accusateurs, Mohammed Bakri...), du prétendu massacre de Cana (qui s'est révélé être une mise en scène), et maintenant celui complaisamment entretenu en Europe, d'un prétendu massacre de Gaza. Sans parler de l'affaire Dura... Toutes les prétendues preuves de ces allégations ont disparu, mais la persistance d'une judéophobie radicale se poursuit avec véhémence : dans les médias, les manuels scolaires, les prières du vendredi, internet... Cent fois a-t-on entendu que les Israéliens détruisaient la mosquée alAqsa, censée symboliser le caractère musulman de la ville, et cent fois a-t-on constaté l'inanité de ces accusations ! Car l'enjeu n'est pas que cela soit vrai ou non. L'enjeu est la perpétuation d'une psychose où l'élément juif est démonisé dans toutes les dimensions de sensibilité de l'identité arabo-musulmane. D'où l'invocation récurrente au projet génocidaire prescrit par un hadith où mêmes les arbres incitent les musulmans à tuer les Juifs...

Le syndrome Deir-Yassin incarne le refus viscéral des sociétés arabo-musulmanes de voir des citoyens de seconde zone accéder à l'égalité et à la libre disposition de leur destin. À aucun moment la restauration de l'État d'Israel n'a été un obstacle à la libre pratique de l'islam en Israel ou au libre exercice de droits civiques que les pays arabes voisins ne garantissent pas à leurs propres citoyens. Et pourtant, l'anti-sionisme s'est construit une raison d'être fallacieuse.

 

En dépit de la culpabilisation constante et de la propagande la plus acharnée, Israel demeure le symbole du retour à Jerusalem, symbole de la liberté arrachée des mains de la servitude.

Publié dans Tribune Libre

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L
Yehudi,peut-être qu'avant de parler de supériorité des "citoyens de seconde zone" dans les dictatures arabes, il faudrait au moins parler d'égalité ;-)Ceci dit, le jour ou ils seront assez intelligent pour comprendre que sans l'apport des non-musulmans ils seraient bien dans la merde...
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Y
Le syndrome Deir-Yassin incarne le refus viscéral des sociétés arabo-musulmanes de voir des citoyens de seconde zone accéder à l'égalité.........................................Heu!! a l ' égalité ??je dirais que la supériorité est plus adéquat.................. 
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