Les israéliens, "des va-t-en guerre" évidemment !
Ces deux dernières années, Israël a accompli d’énormes efforts pour promouvoir le processus de paix. Pourquoi n’en avons-nous pas entendu parler ?
Le gouvernement d’Ehud Olmert a terminé ses fonctions. A présent, avec quelque retard, il s’avère que l’une des initiatives les plus importantes de ce gouvernement a été occultée de façon véritablement criminelle.
Le gouvernement sortant avait établi des filières de dialogues très sérieux avec les dirigeants palestiniens. Les pourparlers n’étaient pas secrets en eux-mêmes, seuls les détails restaient confidentiels. Ces efforts connurent leur point culminant avec une proposition présentée par le chef du gouvernement sortant, Ehud Olmert, au président de l’Autorité palestinienne, Abu Mazen. Olmert évoqua ce point en passant, dans une conférence qu’il donna la semaine passée au centre pluridisciplinaire de Herzlya.
Le statut international très médiocre d’Israël est dû au fait qu’il est perçu par de très nombreuses personnes - et pas uniquement les anti-sionistes et les antisémites - comme un ‘objecteur de paix’. Selon les descriptions horrifiantes, les Israéliens sont des fauteurs de guerre. Ils ne recherchent ni un accord, ni la paix, ni une quelconque réconciliation. Mais la réalité est toute autre, elle est même totalement opposée. Ces deux dernières années, Israël a accompli d’énormes efforts pour promouvoir un accord de paix, que ce soit par une filière secrète - qui a fait les gros titres de l’actualité - ou que ce soit par le canal palestinien.
Israël a gardé secrète cette ouverture généreuse. L’industrie du mensonge continue de tourner à plein régime - et l’Israël officiel se tait. Il possède pourtant un atout maître, mais il le dissimule…
De quoi s’agit-il donc ? D’une proposition gouvernementale sans précédent, bien plus libérale que les propositions présentées par Ehud Barak à Arafat à Camp David, voire même plus libérale que celles du Plan Clinton. Selon les dires d’Olmert, qui a présenté les choses sans s’appesantir, sans générer de gros titres, il s’agissait « d’une proposition jamais encore présentée, et qui touchait au cœur du problème ».
Quelle fut la réaction d’Abu Mazen ? Au dire d’Olmert, celui-ci « attend toujours une réponse ».
Cela fait quelque six mois qu’Olmert fit cette proposition à Abu Mazen, le 16 septembre 08. Israël garda le secret là-dessus. Au niveau étatique, si Israël avait soigné ses relations publiques, et révélé cette proposition lors d’une rencontre internationale - de sorte que le monde entier en fasse ses gros titres – il aurait énormément gagné au plan de l’information. Mais des paramètres politiques se trouvaient également en jeu. Tout d’abord, toute proposition d’Olmert serait apparue comme une tentative de se faire lui-même ‘mousser’. A ce stade, il était plus important pour la gauche de se débarrasser d’Olmert que de promouvoir la paix. Enfin, Israël craignait qu’une proposition de ce type ne se transforme en exigence minimale dans tout pourparler à venir. Quoi qu’il en soit, le préjudice fut énorme. Israël continue à être perçu comme fauteur de guerre, alors qu’Abu Mazen peut se présenter comme assoiffé de paix. Quant aux organisations palestiniennes du front du refus, elles atteignent ainsi leur objectif à long terme : gagner du temps pour créer la réalité irréversible d’une ‘seule grande nation’.
Non, encore et toujours
Comment se fait-il que les Palestiniens persistent à refuser un Etat palestinien ? En fait, un tel objectif ne les a jamais intéressé. Peu importe quelle proposition ils recevaient : 93 % des territoires, 96 %, voire 100 %. Ils diront toujours non. Ce qui n’a rien de surprenant. Si Abu Mazen avait accepté la proposition d’Olmert, voilà qui aurait été un signe de changement de direction, puisque les Palestiniens ont toujours dit non.
Non à la commission Peel, qui octroya aux Palestiniens 83 % de l’Eretz Israël occidental. Non au plan de partage de 1947, leur accordant 44 %. Ils dirent également non dans le cadre de Khartoum, après la guerre des Six Jours, et refusèrent également la proposition de Barak à Camp David, en 1999.
Ils repoussèrent également le plan Clinton, début 2000. De toutes les propositions présentées depuis la création de l’Etat d’Israël, le plan Clinton était le plus généreux. Comme d’habitude, d’aucuns prétendent qu’il n’y avait en fait pas de proposition, ou qu’elle n’était pas assez généreuse. Mensonges et balivernes…
Selon Bendar Ben-Sultan, ambassadeur d’Arabie saoudite aux Etats-Unis, ce plan comportait le retrait israélien de 97 % des territoires, le partage de Jérusalem, etc.. Le jour de l’arrivée d’Arafat et de son escorte, en vue d’une rencontre avec Bill Clinton à la Maison Blanche le 2 janvier 2001, Ben Sultan alla chercher Arafat à l’aéroport.
Ils se rendirent au Ritz, à Washington. L’ambassadeur saoudien déclara à Arafat qu’un refus du plan Clinton équivaudrait à « un crime contre le peuple palestinien et contre la région tout entière ». Arafat se rendit à la Maison Blanche. Ben-Sultan le chercha après la rencontre, mais Arafat s’était esquivé. Peu à peu, la réalité se fit jour : Arafat avait effectivement perpétré ce crime : il avait repoussé la proposition de Clinton. Ceci n’est pas ‘une allégation de la propagande sioniste’, mais bel et bien une description selon les termes mêmes de Ben-Sultan.
Nous n’avons pas écouté Arafat
Le refus systématique d’Arafat n’aurait dû étonner personne. Dans son discours prononcé en 1994 à Johannesburg, Arafat souligna que la soi-disant quête de paix était un stratagème, semblable au stratagème du traité de Hudaiba signé par Mahomet. On a prétendu qu’il s’agissant en fait d’une erreur d’interprétation et que ce disant, Arafat ne visait pas la destruction d’Israël. Mais Arafat lui-même s’entêta à clarifier la situation. Dans un autre discours, prononcé cette fois en 1995 au Caire, il expliqua aux étudiants que les accords d’Oslo équivalaient à ceux de Hudaiba.
Que voulait-il dire ainsi ? Les choses se clarifièrent une bonne fois pour toutes dans son discours de Stockholm en 1996, où il affirma aux représentants des pays arabes : « Nous nous préparons à annihiler Israël et à édifier un Etat palestinien pur. Nous ferons la vie dure aux Juifs et nous leur arracherons tout ».
Mais nous autres, nous n’avons pas voulu écouter…
L’œuvre des méchants
Abu Mazen se trouvait à l’époque aux côtés d’Arafat. Loin de servir de facteur d’apaisement, il était parfois le catalyseur d’un refus systématique. A l’heure actuelle, et même sans le charisme d’Arafat, il connaît parfaitement les règles du jeu. Ce n’est pas lui qui prononcerait un discours comme celui de Johannesburg. Il est au contraire très doué pour trouver les mots agréables aux oreilles occidentales – mais en continuant à refuser systématiquement tout accord.
Exactement comme Arafat avant lui… Arafat avait remercié Clinton de ses efforts - tout en repoussant bien entendu sa proposition. Dans un document expliquant cette opposition, le Fatah avait allégué que le gouvernement Clinton était dominé par des sionistes radicaux, que les Juifs n’avaient aucun droit sur le ‘Mur des Lamentations’, qu’il fallait exiger le Droit de retour car il « libérerait les juifs de leur racisme sioniste ». Le Fatah a changé de ton mais pas d’objectif. Voilà quelques jours seulement, Muhamad Dahlan affirmait que le Fatah n’a jamais reconnu, ne doit pas reconnaître et ne reconnaîtra jamais l’Etat d’Israël. Et donc, ajoutait-il, « Point n’est besoin d’exiger du Hamas qu’il reconnaisse Israël ». Il s’agit là, rappelons-le, d’un ‘modéré’, qui fut même suspecté de complaisance envers Israël.
De nombreux Palestiniens veulent la paix et sont prêts à faire cesser les souffrances au prix de compromis et de la reconnaissance d’Israël. Mais pour tout ce qui touche au leadership palestinien, du Hamas et du Fatah, l’objectif reste l’annihilation d’Israël, d’une part par une délégitimation, et d’autre part par la création ‘d’un seul grand Etat’.
« Le gouvernement sortant », a déclaré le président de l’Etat lors de l’intronisation du nouveau gouvernement, « a fixé une politique de deux Etats ». C’est exact, mais les Palestiniens ont décidé qu’un tel Etat, s’il était créé, n’existerait pas ‘aux côtés’ de l’Etat juif, mais ‘à la place’ de l’Etat juif. On peut l’appeler ‘Etat de tous ses citoyens’, ou ‘Etat bi-national’, ou bien encore ‘un seul grand Etat’. Les Palestiniens savent parfaitement pourquoi ils disent encore et toujours ‘non’.
Le temps passe, et les Juifs, par bêtise, préparent de leurs propres mains ce ‘seul grand Etat’. Car peu importe ce qu’Israël propose, en prenant soin d’expliciter ce qu’il propose. Ce qui importe, c’est ce qu’Israël fait - et l’Israël de Barak et d’Olmert a poursuivi la création de ce ‘seul grand Etat’ palestinien.
Barak et Netanyahou vont poursuivre cette élaboration, pour la plus grande joie de Henia, Khaled Mashal, Abu Mazen et Dahlan. L’œuvre des méchants et des antisionistes continue à être élaborée par les ultra-sionistes…