De Téhéran à Beyrouth, la négation d'Israël
Un peu plus tard dans cette journée, Hassan Nasrallah, le chef de la milice chiite au Liban reprenait la même antienne sur le caractère « malin et illégal » du régime d’Israël, citant la phrase de l’Imam Khomeiny sur le fait que l’Etat hébreu « est une tumeur cancéreuse ». Selon le leader chiite, le Hezbollah « ne reconnaîtra jamais Israël et toute tentative d’accord et de normalisation avec cette entité est interdite par la religion ». Si ces propos n’étaient pas fondamentalement haineux et, en conséquence, hautement méprisables, ils en prêteraient presque à sourire tant ils révèlent l’infantilisme de leurs auteurs : refuser envers et contre tout d’admettre une réalité vivante et se réfugier dans l’incantation de la pensée magique -l’interdiction religieuse et le langage idéologique- pour tenter de rendre le réel conforme à leur vision imaginaire. Curieusement, les principaux pays occidentaux ont fermement condamné les formules iraniennes mais se sont abstenus de critiquer celles en provenance du Liban. Suffit-il d’incriminer le « maître » pour rendre inoffensif « l’élève » ?
Au point d’avoir à se demander si cet « infantilisme » n’est pas aussi partagé par l’occident, dont l’obsession d’un « dialogue à tout prix avec l’Iran », légitime si elle avait eu un commencement de résultats, laisse perplexe. Arc-boutés sur le principe de la discussion comme s’ils redoutaient les conséquences d’une posture plus conflictuelle, les Etats-Unis et, dans une mesure moindre, les Européens contribuent finalement -le mécanisme psychologique est bien rôdé- à l’exacerbation des provocations iraniennes et aux surenchères de ceux qui les soutiennent, la Russie et la Chine pour ne pas les nommer. De ce point de vue, le formalisme manifeste des « condamnations occidentales » est inopérant. Il révèle en outre une fantastique manipulation : faire endosser à la place de l’autre la culpabilité de la parole interdite et honteuse. Téhéran injurie. Scandalisés, Paris, Londres et Berlin s’excusent. Israël n’est certes pas sans tache mais l’Etat hébreu n’a jamais souhaité « rayer un autre Etat de la carte du monde ». Au Liban, les perturbations systématiques de miliciens lors du festival musical de Baalbek dans la Bekaa, les interdictions artistiques visant Maurice Béjart, Gad Elmaleh ou les ennuis récurrents d’une Miss Liban côtoyant sur une photo une Miss Israël, rejouent à l’envi le même scénario : à l’intransigeance radicale répond la bonne volonté « d’apaisement ». Mauvais souvenir.
Alors que se multiplient les spéculations sur les intentions israéliennes -malgré les propos rassurants du président russe Medvedev, le quotidien « Novaïa Gazeta » et la radio « Echo Moscou » laissent entendre que la Russie a été invitée par le premier Ministre israélien Benjamin Netanyaou à « retirer ses scientifiques des installations nucléaires iraniennes »- que pourra-t-il advenir de la rencontre du 1er octobre prochain entre l’Iran et les pays du groupe « 5+1 » ? Une rencontre destinée, selon un responsable iranien, à « calmer les inquiétudes occidentales ». Très mauvais souvenir, décidément.
par JL Vannier