L'histoire des juifs de Finlande

Publié le par JSS

http://www.amitys.com/phpGedView/media/pictures/Finland/Helsinki%20Synagogue.jpgLe professeur Tapani Harviainen est un chercheur aux compétences multiples. Philologue il a néanmoins travaillé sur plusieurs autres sujets, parmi ceux-ci l'histoire des Juifs de Finlande. De fait, la meilleure présentation des Juifs finlandais en français est écrite par lui ("La minorité juive en Finlande" Yod. Revue des études hébraïques et juives modernes et contemporaines 36-37 (1993-1994), 130-141).

Ce que l'on peut d'abord dire des Juifs de Finlande, c'est qu'ils sont peu nombreux. Aujourd'hui la Finlande ne compte qu'entre 1,000 et 2,000 Juifs. Le nombre des Juifs était au plus haut dans les années 1930; à ce moment il y avait environ 2,000 Juifs en Finlande. Les Juifs finlandais ont ainsi toujours été une très petite minorité. De nos jours la tendance est positive: après une longue période de baisse, le nombre de Juifs a commencé à s'accroître légèrement. L'avenir de cette communauté a été plusieurs fois remis en question, mais aujourd'hui toute indique que les Juifs de Finlande sont là pour rester.

Dans l'histoire de cette petite communauté il y a trois époques, qui ont le plus intéressé les chercheurs: l'origine de la communauté, la lutte pour l'égalité de droit, et les événements pendant la seconde guerre mondiale. M. Harviainen a écrit surtout sur le premier et le troisième de ces thèmes. Le meilleur livre sur l'histoire entière des Juifs de Finlande est de Taimi Torvinen, Kadimah. Suomen juutalaisten historia (Qadimah. L'histoire des Juifs de Finlande) en 1985.

 

L'origine de la communauté juive

La thèse la plus courante considère que la communauté juive de Finlande est originalement issue des "cantonistes" (Juifs recrues à un service militaire d'une durée de 25 ans) qui vinrent en Finlande après l'annexion du pays par la Russie en 1809 et la promotion au rang de Grand-Duché autonome. L'Encyclopaedia Judaica postule entre autres que ces cantonistes étaient les premiers Juifs en Finlande. Mais ce n'est pas exact: quelques individus Juifs avaient habité plus tôt en Finlande.

Jusqu'en 1809 la Finlande faisait partie du royaume suédois, qui avait restreint les droits de résidence pour les Juifs à quatre villes, qui se trouvent en Suède proprement dit. Les lois interdisant l'installation d'un Juif en Finlande ne s'appliquaient pas pour les visites et en 1782 les autorités de Helsinki autorisèrent les "chansonniers portugais" (c'est-à-dire, Juifs de l'ascendance portugaise) Josef Lazarus, Meijer Isaac et Pimo Zelig et le prestidigitateur Michel Marcus à montrer leurs talents à la ville. C'est la première mention connue des Juifs en Finlande. Mais les visiteurs occasionnels ne sont pas des habitants.

L'interdiction ne s'appliquait pas à la partie du pays, "l'Ancienne Finlande", qui appartenait à la Russie. Ainsi le Juif Jacob Weikaim habita la ville de Hamina dans les années 1790. Ses descendants se déplacèrent plus tard vers la ville de Vyborg (Viipuri). Il est peut-être le premier Juif de Finlande. Peut-être, parce qu'il existaient également des convertis.

Les Juifs qui s'étaient convertis au christianisme avaient le droit de vivre en Finlande depuis l'union avec la Suède. On a connu depuis longtemps les figures de certains convertis vivant en Finlande aux XVIIe et XVIIIe siècles. Un d'entre eux était Isak Zebulon, qui sous son nom Chrétien, Christoffer Zebulon, habitait la ville d'Oulu à la fin du XVIIe siècle. Parmi ses descendants on trouve le célèbre écrivain Zacharias Topelius. Dans le judaïsme un converti à une autre religion n'est plus considéré comme Juif. Mais si la conversion n'était pas volontaire qu'en était-il?

http://farm1.static.flickr.com/51/140281371_d2183f84b7.jpgDans les années 1990 M. Harviainen trouva un converti, qui habitait en Finlande déjà au début du XVIIIe siècle. Johan da Costa vint de Hambourg à Saint-Pétersbourg et travailla comme bouffon à la cour de Pierre le Grand à partir de 1714. Formellement il était un converti catholique, mais était de fait un marrane et donc probablement toujours Juif de cœur. Pierre le Grand lui donna le titre honorifique "roi des Samoyèdes" et lui accorda quatre îles du golfe de Finlande: Suursaari, Tytärsaari, Seiskari et Lavansaari. Johan da Costa construisit un manoir à Lavansaari et habita là au moins de temps en temps. Il mourut en 1740. On peut le considérer comme le premier habitant juif du sol finlandais.

La lutte pour l'émancipation

La marche vers les droits civiques pour les Juifs de Finlande fut longue et difficile. La question fut largement discutée à partir des années 1870 jusqu'à l'adoption de la loi sur la naturalisation des Juifs en 1917. Pendant l'ère de la Diète les adversaires de l'émancipation se trouvèrent surtout parmi le clergé et les paysans. Dans le parlement démocratique, pour la première fois élu au suffrage universel masculin et féminin en 1907, les socialistes et les libéraux soutinrent fortement la cause des Juifs. À cause de la réticence des autorités russes la question juive ne fut résolu qu'en 1917 (la loi entra en vigueur le 1er janvier 1918). En Europe, seul la Roumanie fut plus lente que la Finlande à accorder des droits civiques aux Juifs. Selon M. Harviainen le "retard pris dans la question de la naturalisation n'est pas un chapitre glorieux dans l'histoire de la Finlande, mais il relève d'une suspicion nationaliste étendue à tous les étrangers plutôt que de l'antisémitisme."

Au début seul des non-Juifs s'engagèrent dans la lutte pour l'émancipation. Les Juifs se contentèrent de présenter des revendications modestes dans des lettres aux individus influents. Mais après la grève générale de 1905 des Juifs se mobilisèrent: la figure centrale était Santeri Jacobsson, Juif de Vyborg et militant socialiste. Le 31 décembre 1905 il organisa une première réunion à Helsinki, où plus de 2,000 personnes donnèrent leur soutien à la lutte pour les droits civiques des Juifs finlandais. En 1906 et 1907 plusieurs réunions furent organisées dans les villes finlandaises et M. Jacobsson devint un homme renommé. Deux sociétés pour la promotion de l'émancipation juive furent créées et M. Jacobsson établit un journal bilingue à Vyborg (seulement cinq numéros furent publiés). Les Juifs finlandais s'était vraiment engagés. Il est frappant de relever, qu'à l'automne 1909 une "Ligue de droits des Juifs en Finlande" (le nom était français) fut créée pour faire connaître la situation difficile des Juifs finlandais. La Ligue, se composant de membres non-finlandais, fit traduire un livre de M. Jacobsson en français, anglais, allemand et russe, mais suivant ses conseils elle termina ses activités publiques très vite. M. Jacobsson craignit que les activités de la Ligue puissent constituer un danger pour l'autonomie finlandaise. Plus tard M. Jacobsson fut déporté en Sibérie, où il organisa une réunion à Tomsk, qui envoya une lettre au Sénat finlandais exigeant l'émancipation des Juifs.

http://www.geschichteinchronologie.ch/eu/sf/EncJud_juden-in-Finnland-d/EncJud_Finland-band6-kolonne1298-syn-Helsinki-innen.jpgSanteri Jacobsson a également écrit le meilleur livre sur cette époque de l'histoire des Juifs de Finlande. Taistelu ihmisoikeuksista (La lutte pour les droits humains) fut publié en 1951 et il reste le récit le plus solide sur ce sujet. Le livre est très détaillé et il est basé sur une recherche sérieuse. Malgré le fait que l'auteur était lui-même très engagé dans les événements, la description est posée mais néanmoins pas neutre. L'auteur est un chroniqueur et simultanément un activiste engagé.

La seconde guerre mondiale

Dans l'histoire des Juifs de Finlande les événements pendant la guerre ont attiré le plus grand intérêt. M. Harviainen a lui aussi écrit sur ce sujet un article instructif en anglais.

Pour répondre à la question sur ce que furent les effets de la Shoa en Finlande, on doit distinguer entre trois groupes différents: les Juifs finlandais, les réfugiés juifs, et les Juifs prisonniers de guerre soviétiques.

Durant les guerres contre l'Union soviétique en 1939-40 (la guerre d'hiver) et 1941-44 (la guerre de continuation), les Juifs finlandais servirent dans l'armée comme les autres finlandais. Durant la guerre d'hiver 15 soldats Juifs tombèrent – par rapport au nombre des Juifs c'était une grande perte – et pendant la seconde 8 de plus. La guerre d'hiver n'était pas difficile idéologiquement pour les Juifs, au contraire de la guerre de continuation où la Finlande combattait du côté de l'Allemagne nazie. Les allemands firent une certaine pression sur la Finlande pour se faire livrer les Juifs finlandais. Les dirigeants finlandais résistèrent résolument à cette pression et aucun Juif finlandais ne fut victime de la Shoa. Les Juifs étaient dans une situation difficile: Une défaite de la Finlande pouvait comporter une perte d'indépendance, tandis qu'une victoire de la Finlande impliquerait une victoire également pour l'Allemagne et par conséquent la fin des Juifs d'Europe. On a raconté que dans un jeu-concours on a parfois posé la question: "Dans quel pays les Juifs ont combattu au coté des ceux, qui simultanément ont tué des Juifs dans d'autres pays?" La réponse correcte serait la Finlande.

Jusqu'à 1938 environ 500 réfugiés Juifs vinrent en Finlande. Cette année le gouvernement finlandais décida d'introduire l'obligation d'un visa pour mettre fin à "l'invasion". Trois cent cinquante des réfugiés Juifs réussirent à continuer leur voyage vers d'autres pays, surtout la Suède et les États-Unis. Les réfugiés restant furent envoyés au début de la guerre de continuation dans deux petites municipalités; de là la plupart des hommes furent envoyés dans des camps de travail. Les conditions dans ces camps n'étaient pas faciles: le premier camp se situa au nord du pays non loin des troupes allemandes. Les détenus étaient dans un situation difficile; il faisait trop froid et la plupart d'entre eux étaient habitués à la vie d'une métropole.

Le Service de la sûreté projeta secrètement une extradition des réfugiés Juifs aux autorités allemandes. Le drame culmina en octobre et novembre 1942, quand huit réfugiés Juifs, dont deux enfants, furent envoyés en Estonie, occupéehttp://srv03.admin.over-blog.com/index.php?module=admin&action=publicationArticles:editPublication&ref_site=1&nlc__=331250112767 par les Allemands. Tous, sauf un, moururent à Auschwitz. La lutte des activistes Juifs et non-Juifs et l'opposition des ministres socialistes empêchèrent une catastrophe plus grande. En 1944 presque tous les réfugiés réussirent à se déplacer en Suède où ils furent à l'abri. Un village (Yad Hashmona) a été fondé à la mémoire des huit en Israël avec l'aide des Finlandais et en 2000 un monument fut inauguré à Helsinki. À l'inauguration le Premier ministre finlandais, Paavo Lipponen, présenta ses excuses, au nom du gouvernement et des finlandais, à la communauté juive pour l'extradition.

http://1.bp.blogspot.com/_4aLZq1h_tMk/RiQCz90TflI/AAAAAAAAAQ4/49J74X6CZDU/s320/0109-+La+nouvelle+synagogue.JPGCes événements dramatiques ont constitué matière à débat parmi les historiens. Elina Suominen publia en 1979 le premier livre sur ce sujet, Kuolemanlaiva s/s Hohenhörn (Le bateau de mort s/s Hohenhörn). Le livre est basé sur un travail soigneux et l'auteur a interviewé plusieurs anciens réfugiés. Dans son livre Mme Suominen accuse le chef du Service de la sûreté, Arno Anthoni, et le ministre de l'Intérieur, Toivo Horelli, d'avoir préparé une extradition à grande échelle des Juifs vers des autorités allemandes. L'image de la politique finlandaise comme frère d'armes de l'Allemagne nazie n'est pas dans ce livre particulièrement reluisante.

L'enfant terrible des historiens finlandais, Hannu Rautkallio, publia en 1985 un livre très différent sur le même sujet, Ne kahdeksan ja Suomen omatunto (Les huit et la conscience de la Finlande). Une version anglaise parut deux ans plus tard sur le titre Finland and the Holocaust. M. Rautkallio soutient que la manière d'agir des autorités finlandais pendant la guerre fut généralement irréprochable. L'extradition des huit était certes regrettable, mais elle était principalement le résultat de la conduite provocante d'un réfugié, le médecin Walter Cohen. Ainsi, la Finlande n'eurent pas à avoir honte du traitement des Juifs pendant la guerre.

Un livre de telle tendance n'est naturellement pas resté sans critique. Jörgen Svensson et William B. Cohen (professeur américain d'histoire et fils de Walter Cohen) publièrent une réponse à M. Rautkallio dans un article de 1995. Au contraire de M. Rautkallio ils considèrent que les Allemands souhaitèrent l'extradition des Juifs finlandais et des réfugiés Juifs, et que seulement les changements dans la guerre, lorsque la fortune des armes tourna, empêchèrent une catastrophe totale. Les autorités finlandaises étaient prêtes à déporter des Juifs à cause de l'antisémitisme et du désir de faire plaisir aux Allemands. Quand les premiers réfugiés furent arrêtés, le médecin Walter Cohen réussit à envoyer une carte postale à un activiste Juif et à l'alarmer. Quand M. Rautkallio déclare qu'on peut charger Cohen du "fait, que certains de ses camarades tombèrent dans les mains de Gestapo," MM. Svensson et Cohen soutiennent, qu'au contraire la conduite dynamique de Cohen, qui envoya la carte postale, sauva des dizaines des Juifs d'un destin fatal.

M. Rautakallio remercie les autorités finlandaises du sauvetage des Juifs; MM. Cohen et Svensson par contre remercient le développement ultime de la guerre. Un facteur important était aussi les amis des réfugiés, Juifs et non-Juifs, qui luttèrent contre une telle extradition. Parmi les non-Juifs on trouve les militants socialistes Sylvi-Kyllikki Kilpi, Atos Wirtanen et Ragni Karlsson, les deux premiers étant députés du parlement. Parmi les Juifs l'un est remarquable: Abraham Stiller. En 2003 ce humaniste extraordinaire fut enfin l'objet d'une biographie: Setä Stiller Valpon ja Gestapon välissä (Oncle Stiller entre le Service de la sûreté et la Gestapo), écrit par le journaliste Ronny Smolar.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/9b/%C3%85bo_synagoga,_den_27_juni_2007,_bild_1.jpg/640px-%C3%85bo_synagoga,_den_27_juni_2007,_bild_1.jpgLe livre de M. Smolar est dans la ligne de Suominen, Svensson et Cohen: les autorités finlandaises en général et particulièrement la police étant germanophiles et marqués d'antisémitisme, seul la conduite courageuse des activistes, surtout celle de M. Stiller, a empêché une catastrophe totale. Mais M. Smolar considère également, que le médecin Walter Cohen causa des problèmes par sa conduite. Comme médecin à Pietarsaari il bénéficia d'une popularité très grande parmi les habitants, mais pour les autorités il était un fléau. Selon M. Smolar "une part des difficultés qu'il affronta tint à sa propre conduite." En tout cas, au contraire de M. Rautkallio M. Smolar ne déclare pas que la conduite de Cohen était la cause – ou une cause – de l'extradition. On doit se rappeler que Cohen était venu en Finlande comme volontaire pour la guerre d'hiver, et que malgré cela il fut traité avec hostilité par les autorités finlandaises. Ainsi sur les événement de la guerre on peut dire qu'ils ne constituent pas globalement un chapitre glorieux dans l'histoire de la Finlande.

Dans la recherche sur la Shoa on a, depuis quelques années, porté une grande attention sur le sauvetage des Juifs par des non-Juifs. Plus de 19,000 non-Juifs qui ont sauvé des Juifs ont reçus le titre honorifique de "juste parmi les nations" par l'Institut Yad Vashem à Jérusalem. On a souhaité ainsi soulever les actes courageux et la bonté dans une situation maléfique. Même dans l'enfer de la Shoa il y avait de la bonté, de la compassion et de la charité. Dans les livres généraux sur ce sujet, la Finlande est souvent mentionnée comme un pays où les autorités ont protégé leurs Juifs. Mais les héros de cette histoire sont des citoyens responsables, qui se mobilisèrent pour défendre les réfugiés. En Finlande aucun d'entre eux ne risqua sa vie et pour cela aucun finlandais n'est élevé au titre de "juste parmi les nations". Mais les activistes ont quand même agi exemplairement dans une situation où presque tous les autres restèrent silencieux. Bien que les rescapés ne soient pas si nombreux, pour chacun d'eux le sauvetage était absolu. On doit se rappeler des mots très connus du Talmud: "qui sauve une vie sauve un monde".

Si les réfugiés juifs ont été l'objet des plusieurs livres et aussi de débats, on ne peut pas du tout dire de même des prisonniers soviétiques. On sait qu'environ 3,000 prisonniers furent délivrés aux Allemands. Au moins 70 d'eux étaient Juifs. On dit souvent qu'ils ne furent pas délivrés comme Juifs, mais parce qu'ils étaient commissaires politiques ou agitateurs. Et alors? C'est connu, que les commissaires politiques et les agitateurs parmi les prisonniers soviétiques eurent le même destin que les Juifs: ils furent tués par les nazis. Pour un homme c'est probablement égal s'il est tué en sa qualité de Juif ou d'agitateur: le résultat irrévocable est le même. Le destin de ceux qui furent délivrés par la Finlande ne pouvait pas être inconnu des autorités finlandaises. Malheureusement, la question entière des prisonniers soviétiques en Finlande n'a pas été assez étudiée.

* * * *

Comme nous avons vu, les événements pendant la guerre sont encore de nos jours très délicats. Comme pour les Juifs dans toute l'Europe, la Shoa jette son ombre sur les Juifs finlandais. Cela bien que les victimes de la Shoa soient peu nombreux comparé aux autres pays européens.

Après la guerre, l'histoire des Juifs de Finlande n'a pas été autant dramatique. On peut mentionner, que 29 Juifs finlandais participèrent à la guerre d'indépendance d'Israël. Par rapport au nombre des Juifs du pays la participation finlandaise était la plus grande de la diaspora. Autrement, l'histoire des Juifs de Finlande après la guerre a été peu dramatique – heureusement.

Repris du site SvanteLundgren.net

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A
Merci Jonathan, trés interessant
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