Vent de panique à l'approche des élections en Ayatolland d'Iran

Publié le par JSS

http://www.lejdd.fr/dossier//international//1979-2009-trente-ans-de-revolution-iranienne//6374-les-gardiens-de-la-revolution-le-vrai-pouvoir.jpgA quelques jours à peine de l'élection présidentielle iranienne du 12 juin, les incidents se multiplient à Zahedan, dans la province du Sistan-Balouchistan, près de l'Afghanistan et du Pakistan, dans le sud-est de l'Iran, où vit une forte minorité sunnite.

Lundi 1er juin, un incendie criminel a fait cinq morts au siège d'une société liée aux milices islamiques du bassidj, qui, sous tutelle des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime, assure une surveillance musclée de cette région travaillée par les trafiquants de drogue et la guérilla séparatiste.

Déjà jeudi, on avait dénombré 25 morts et 125 blessés dans un attentat antichiite contre une mosquée, et de sévères accrochages interreligieux s'étaient produits dimanche. Samedi, un engin explosif artisanal a été neutralisé dans un avion de ligne au départ d'une autre ville de la région. Enfin, la veille, des hommes armés ont fait feu à Zahedan contre une permanence électorale du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad.

CORDE "NATIONALISTE"

Le vice-commandant de la police, le général Ahmad Reza Radan, a annoncé lundi l'arrestation d'"éléments incontrôlés" qui ont tenté dimanche de provoquer "des divisions entre chiites et sunnites dans la région", selon l'agence de presse Mehr. Ce qui a provoqué un appel du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, "à l'unité nationale". Le Guide, sortant de son rôle discret d'arbitre électoral, a par ailleurs assuré, devant un rassemblement à Téhéran : "Notre peuple est en alerte, et les tentatives des ennemis de déstabiliser le pays ou d'agir contre son indépendance et son progrès seront contrecarrées."

De quels ennemis s'agit-il ? Dans un premier temps, Téhéran a pointé du doigt les Etats-Unis, qui, du temps de l'administration Bush, ont soutenu dans une certaine mesure les groupes armés sunnites pour déstabiliser la République islamique "par la périphérie". L'attentat de jeudi a été revendiqué par le groupe rebelle sunnite Joundallah, un mouvement nébuleux qui serait apparu en 2004-2005 et a fait sienne les revendications nationalistes baloutches, en multipliant attentats et enlèvements. Les autorités iraniennes les accusent d'être liés, entre autres, aux talibans pakistanais. Trois hommes ont été pendus samedi pour "complicité" dans l'attentat de jeudi.

Ce regain de tension qui couple à la fois des revendications ethniques et religieuses, s'il se poursuivait, pourrait à terme jouer électoralement en faveur de M. Ahmadinejad, qui, depuis le début de la campagne, joue sur la corde "nationaliste", toujours très sensible en Iran. MM. Moussavi et Karoubi, les deux candidats soutenus par les réformateurs, s'efforcent, au contraire, de mobiliser un vote sunnite minoritaire (moins de 10 % de la population), mais qui, le 12 juin, pourrait faire la différence.

Marie-Claude Decamps

Publié dans Ayatolland d'Iran

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