Mohamed El Baradei: "les iraniens ne sont pas des fanatiques"

Publié le par JSS

Mohamed ElBaradei, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, évoque le dialogue intense qu'il entretient avec les Iraniens sur la question du nucléaire.
> Cet article a été publié sur le site de Newsweek le 23 mai 2009. Traduit de l'anglais au francais par David Korn.

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradeï (Reuters)

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradeï (Reuters)

Ala tête de l'Agence Internationale de l'énergie Atomique, Mohamed ElBaradei a consacré les onze dernières années à tenter d'empêcher l'Iran d'acquérir des armes nucléaires. Le lauréat du prix Nobel de la paix a récemment parlé à Christopher Dickey de Newsweek du dialogue intense et parfois frustrant qu'il entretient avec les Iraniens —et les Américains. Extraits:

Le président Barack Obama a adressé à l'Iran un message vidéo conciliant voici deux mois, mais le dialogue semble depuis n'avoir pas beaucoup avancé. Quelle en est la raison à votre avis?

- Obama n'utilise pas la méthode de la carotte et du bâton quand il parle —méthode qui, on l'a dit, est adaptée à un âne, mais pas à un pays fier. Il parle de respect mutuel. Et vous n'avez aucune idée, quand il a dit pour la première fois, en tant que président américain "la République Islamique d'Iran" de la satisfaction qu'en ont conçu les Iraniens. Mais aucune négociation n'a suivi, car les Américains sont en train de réévaluer leurs politiques. Et les Iraniens ne sont pas pressés, car les élections approchent dans le pays, et en très bons marchands du bazar, ils veulent connaître le résultat de la réévaluation entreprise par les Etats-Unis.

L'élection de Benjamin Netanyahu au poste de Premier ministre israélien complique les choses. Il laisse planer la possibilité d'une attaque des installations nucléaires iraniennes par Israël.


- Malheureusement, nous devons répéter ce que nous disons depuis des années (ce qui nous a valu d'être traînés dans la boue par les néo-cons): il n'y a pas de solution militaire. Il ne peut y avoir qu'une issue diplomatique. Le président israélien Shimon Peres a déclaré qu'on ne pouvait détruire les connaissances [des savants nucléaires iraniens] avec des bombes. J'aurais aimé qu'on dise ce genre de choses voici trois ans.

Si l'administration Bush avait été plus flexible, pensez-vous que vous auriez pu obtenir le gel du programme d'enrichissement iranien, alors en phase expérimentale?


- Il est impossible d'interdire l'acquisition des connaissances. Mais sans capacités industrielles, il n'y a pas d'armes. C'est aussi simple que ça. J'ai vu les Iraniens prêts à suspendre leur programme d'enrichissement quand ils détenaient quelques dizaines de centrifugeuses, puis à un moment où elles se chiffraient en centaines. Mais personne n'a même essayé d'entamer des pourparlers avec eux sur la base de leurs propositions. Aujourd'hui, l'Iran possède 5000 centrifugeuses. Le mot d'ordre était "L'Iran pliera sous la pression". Mais la question est aujourd'hui profondément enracinée dans l'âme iranienne. C'est une affaire de fierté nationale. Ils évoquent leur programme nucléaire comme s'ils étaient allés sur la lune. Et ils ont également compris —malheureusement, à juste titre— que si l'on possède le savoir-faire, on est toujours casher, aux termes du Traité de Non-Prolifération Nucléaire. Et cependant, on envoie le message suivant: je sais le faire, je me suis payé une police d'assurance, mieux vaut éviter de me chercher des noises.

Lorsque les Etats-Unis ont publié en 2007 leur rapport national sur le renseignement, indiquant que l'Iran avait interrompu en 2003 son programme d'armement nucléaire, ceci a dû constituer une énorme surprise pour l'AIEA, qui ne savait rien de ce programme.

- Il ne nous était pas possible de détecter ce programme d'armement. Nous ne sommes pas une armée, qui peut débarquer sans prévenir . [Les Américains] affirment qu'il existe des schémas techniques [iraniens] qui décrivent la façon d'équiper leurs missiles Shahab-3 de têtes nucléaires, et des plans indiquant comment faire détoner une arme nucléaire—il m'aurait été impossible de le découvrir dans un petit laboratoire, sur l'ordinateur d'un employé.

Vous vous concentrez sur le matériel nucléaire existant. Mais les Américains ont fourni à l'AIEA les documents en question. Les Iraniens prétendent que ce sont des faux, et refusent d'en parler.

- De nombreuses informations figurent dans des documents que nous ne pouvons partager avec les Iraniens, du fait de la nécessité de protéger les sources et les méthodes. L'Iran déclare: "comment puis-je vous dire si c'est un faux ou un document authentique si vous ne m'en fournissez pas une copie? À bien des égards, c'est le serpent qui se mord la queue.

Parlez-moi un peu du style des Iraniens quand il s'agit de marchander.


- Les Iraniens ont toujours été extrêmement bien préparés quant aux détails. Ils savent ce qu'ils veulent. Ils sont excellents quant aux objectifs stratégiques, excellents quand il s'agit d'attendre le bon prix. Je ne veux pas les présenter comme des surhommes, et l'on constate beaucoup de querelles internes. En partie sur la question de savoir qui obtiendra le mérite d'avoir rompu avec ces trente ans de combat et de confrontation avec les Etats-Unis. Tout le monde essaie de se placer, dans le but de passer pour le héros national qui a enfin ramené l'Iran sur l'échiquier mondial, dans le concert des nations. Ce ne sont pas des fanatiques caricaturaux résolus à tout détruire autour d'eux. Pas du tout.

Publié dans Ayatolland d'Iran

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Oui, bien sur la bande des molah, khamenei en tête, sont de doux petits agneaux innofensifs, et le nabot qu'un tout petit pantin !Sur les 4 favoris de la prochaine élection, Rezai dit qu'il faut en une seule frappe pulvériser Israel, rien que ça.http://aschkel.over-blog.com/article-31828881.htmlLe Baradei est un vieux croulant sénile qui a le m .... et dans les yeux et dans la tête.Pufffffffffffffffffffff 
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