400000€ contre la peau de Fofana... Et un début de procès fofanesque!
Dans le même temps, le chef du gang des barbares, accusé de l'assassinat d'Ilan Halimi, a profité de l'ouverture de son procès pour se livrer à une nouvelle provocation, avant que la cour ne décide la publicité restreinte des débats. Ni le public, ni la presse ne pourront y assister. Il est entré avec le sourire. Puis Youssouf Fofana a pointé un doigt ver le ciel. En arabe, il a prononcé une phrase où figurait le nom d'Allah. Prière? Invocation divine? Non, non... Juste la fameuse phrase si fréquemment reprise par les terroristes: Allah Ouakbar! Le principal accusé du procès du gang des barbares s'est ensuite assis. Presque sagement. Sans une parole de plus. Il était le premier des 27 accusés à pénétrer dans le box.
Youssouf Fofana, le chef autoproclamé du gang des barbares, auquel la justice reproche notamment l'enlèvement, la séquestration et l'assassinat d'Ilan Halimi, un jeune juif de 23 ans retrouvé agonisant à Sainte-Geneviève des bois (Essonne) le 13 février 2006, 24 jours après son rapt, ne voulait sans doute pas rater son entrée. Car il n'a disposé d'un public que pendant un peu plus d'une heure trente.
Dès l'ouverture de l'audience, après les formalités d'usage de la cour d'assises, la présidente a en effet décidé la publicité restreinte des débats. En application de l'ordonnance de 1945 relative aux mineurs, deux des accusés, qui avaient moins de 18 ans au moment de l'enlèvement et de la séquestration d'Ilan Halimi dans un appartement puis une cave d'une cité de Bagneux (Hauts-de-Seine), ont réclamé que le procès se tienne hors la présence du public et de la presse.
Avant le départ des journalistes, Fofana a eu une deuxième occasion de se manifester. Lorsque la présidente de la cour d'assises lui a demandé de décliner son identité, il a répondu: "Nom: Arabe. Prénom: African révolte armée barbare salafiste". Ce qui lui a attiré cette réponse, d'un ton ferme, de la magistrate: "M. Fofana, vous pouvez vous présenter comme cela, ce n'est pas votre nom".
Désormais, les incartades de l'accusé auront lieu en comité restreint. En dépit de la demande expresse de la famille Halimi, la cour n'a eu d'autre choix que le huis clos. "Nous souhaitons la publi-cité des débats", a répété Me Francis Szpiner, avocat des parents de la victime, pour qui l'un des enjeux de l'audience était la dénonciation de la loi du silence qui a contribué, selon eux, à la mort de leur fils ou frère.
Avocate de "Yalda", la mineure appât qui a attiré Ilan Halimi dans le piège mortel, Dominique Attias a, au contraire, soutenu la nécessité de la publicité restreinte: "Nous n'accèderons pas au désir de la partie civile, a-t-elle expliqué. Je comprends sa volonté. Mais si cette audience doit se tenir à huis clos, c'est parce que cette affaire a toujours été conduite dans le secret. Nous n'en portons pas la responsabilité".
Cette position n'était toutefois pas partagée par la défense de l'autre mineur, un jeune garçon de 17 ans, qui a joué le rôle de geôlier d'Ilan Halimi pendant sa longue séquestration. "Si la presse et le public avaient été présents, a estimé Me Martine Scemama, ils auraient pu se faire une idée du travail de la police. Celui-ci n'a pas été satisfaisant. Pendant au moins 12 jours, les policiers se sont comportés en petits propriétaires de l'enquête, habités de la seule volonté de garder le secret. S'ils avaient procédé différemment, on aurait peut-être pu retrouver le jeune homme (Ilan) vivant".
Polémique, incartades, incidents d'audience se dérouleront dorénavant à l'abri des regards. Youssouf Fofana et ses 26 coaccusés n'auront pour seul public que les familles des victimes, dont celle d'Ilan Halimi. Jusqu'au 10 juillet, date prévue pour le verdict.