Le fils de Khadafi: "Les défaites arabes se suivent et se ressemblent"
Seif al-Islam Kadhafi, fils du numéro un de la Jamaa Islamya Lybienne, Mouammar Kadhafi (qui se fait d'ailleurs appelé depuis hier "Roi des Rois d'Afrique"), a critiqué les Arabes avec virulence pour ne pas avoir demandé de comptes à leurs dirigeants au sujet de leur inaction durant l'offensive israélienne à Gaza.
En s'appuyant sur le modèle démocratique occidental (ce que la Lybie ne pratique toutefois pas) il déclare: "En Israël, lorsque des erreurs sont commises ou qu'une défaite se produit, les responsables sont démis de leurs fonctions et des élections sont organisées", et ce; alors que le quotidien pan-arabe Asharq Al-Awsat lui demandait ce qu'il souhaitait dire aux Arabes après le conflit.
"C'est ce que les Arabes n'ont pas. Les gouvernements restent (au pouvoir), les têtes, les dirigeants (restent) en dépit des défaites, des guerres et des échecs", a-t-il poursuivi. "Les Arabes ne progresseront pas tant que la bonne personne n'aura pas été mise au bon endroit et si, en cas d'échec, il ou elle n'est pas remplacé(e)", a ajouté le fils du dirigeant libyen, qui préside la puissante Fondation Kadhafi.
Mais comme si le coup porté aux régimes totalitaires arabes (et à celui de son père) ne suffisait pas, il enfonce un peu plus le clou dans un éclair de lucidité: "les défaites arabes se suivent et se ressemblent. Voilà la principale erreur des états arabes. Il ne savent pas tirer les conclusions de leurs débâcles".
Mais qui est ce Saif al-Islam, fils Kadhafi venu à Davos (la semaine passée) parler du contentieux diplomatique né des frasques d’un de ses frères à Genève? Littéralement, son prénom signifie «le glaive de la religion». «Le businessman de la diplomatie» lui irait mieux. C'est un homme d'influence régulièrement présenté comme le possible successeur de son père. Seif al-Islam n'occupe toutefois aucune fonction officielle en Libye. Il est le second fils de la deuxième épouse du guide de la révolution libyenne. Agé de 37 ans, il se fait tous les ans davantage connaître connaître sur la scène internationale (surtout depuis son rôle d'entremetteur dans la libération des otages du groupe Abou Sayyaf sur l’île de Jolo).
Depuis, il s’est fait une spécialité du «prix de la paix» et des règlements avantageux des nombreux dossiers noirs du régime. A la tête de la Fondation Kadhafi pour la charité et le développement, créée il y a neuf ans, il s’est fait le masque diplomatique d’une Libye désireuse de reprendre sa place dans le concert des Nations, après avoir été mise au ban pour terrorisme.
Suites des attentats de Lockerbie (1988) ou de l’avion français d’UTA (1989); retour des Américains après la levée de l’embargo, à Tripoli; reprise des vols Tripoli-Paris, etc: sa Fondation passait alors pour la diplomatie parallèle d’un colonel Kadhafi allant à Canossa.
Avec l’affaire des infirmières bulgares – où Saif fut tour à tour mis en avant et éclipsé –, le moderniste et réformiste «glaive de l’Islam» a semblé s’émousser. Tancé par son père pour avoir «reconnu la torture» sur les infirmières, il n’est plus aussi utile au vieux guide, habile à jouer de tous ses enfants sans en désigner un comme successeur!
L’urbaniste et goldenboy trilingue (anglais, allemand, arabe) s’est d'ailleurs taillé un petit empire de communication à la façon d’un émir du Golfe (avec site Internet, journaux et télé) est le fils préféré des Occidentaux. Une diplomatie franche et amicale entre l'occident et la Lybie serait-elle possible avec un homme comme lui? Réponse lors des obsèques du Roi des Rois...