Quand le christianisme perd... Des parts de marché !
En levant l'excommunication qui frappait les catholiques traditionalistes, Benoît XVI pensait pouvoir faire bon marché de leur antijudaïsme, voire de leur antisémitisme. Mgr Williamson, par ses odieux propos sur la prétendue inexistence des chambres à gaz, a fait rater cette opération qui se voulait discrète.
Et le pape vient de condamner fermement la Shoah, « meurtre féroce de millions de juifs, victimes innocentes d'une haine raciale aveugle et religieuse ». On a bien lu « religieuse », ce qui ne laisse aucun doute sur la précision de la condamnation. Réaffirmant son affection envers les juifs et sa « pleine et indiscutable solidarité » avec eux, il a mis les choses au clair. Mais beaucoup se demandent alors ce qu'il allait faire dans cette galère, avec force commentaires désabusés. Ce pape n'étant pas moins intelligent qu'un autre, on est conduit à se demander pourquoi, si l'on ose dire, ce pas de clerc. A la lumière des propos de divers connaisseurs, il pourrait s'agir en fait d'une maladresse de gestion dans le cadre d'une politique plus vaste, celle du marché mondial des religions.
Pour comprendre ce contexte, il faut rappeler que l'ensemble des chrétiens y représente 2,6 milliards de fidèles ; les musulmans 1,3 milliard ; les hindouistes environ 1 milliard, et les juifs 15 millions (Israël, Amérique du Nord, Europe). Or la défense ou la conquête de ces « parts de marché » sont d'autant plus vitales que les musulmans s'agitent (sans progresser) et que les chrétiens évangéliques d'obédience anglo-saxonne font preuve d'un efficace prosélytisme sur le terrain.
Un peu moins nombreux que les catholiques pour l'heure, ils vont jusqu'à menacer l'Eglise de Rome dans ses positions acquises en Amérique latine et accessoirement en Asie. Or ces catholiques sont plus que d'autres attachés aux liturgies traditionnelles et un schisme ouvert est un ferment de faiblesse face à la concurrence. Ce n'est pas un hasard si, en essayant de rattraper l'incident, le pape a réaffirmé « le service de l'unité » qui qualifie son ministère.
Pour parler marché, la priorité reste à la cohésion des forces de vente. Mais, en l'occurrence, les écarts d'un faible d'esprit ont défiguré l'argumentaire. Dommage que ç'ait été sur des valeurs aussi fondamentales.