Analyse géopolitique Arabo-Perse depuis le début de Plomb Durci

Publié le par JSS

Le chef du mouvement terroristes chiite libanais pro-iranien, Hassan Nasrallah, s'est borné à calquer son attitude sur celle de son puissant parrain iranien en jouant le ressentiment de la rue devant la passivité des régimes "arabes modérés", accusés de complicité avec l'État juif.

Son appel dimanche dernier au peuple et aux militaires égyptiens pour qu'ils contraignent leur gouvernement à ouvrir la frontière entre l'Égypte et Gaza a été considéré par Le Caire comme une véritable incitation à la révolte populaire et à la mutinerie de l'armée.

"Vous êtes un homme qui vous étiez acquis du respect, mais là vous avez insulté le peuple égyptien", lui à ainsi répliqué, lundi, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheït. "L'Égypte est grande et forte et personne ne peut la manipuler de l'extérieur. L'Égypte bouge quand le peuple et ses dirigeants le décident."

L'Égypte, qui refuse de briser "le blocus" de Gaza de crainte d'hériter de la responsabilité du sort de son million et demi de Palestiniens, voit dans l'attitude du Hezbollah la main de l'Iran, accusé de "manipuler des parties arabes pour ses propres intérêts".

Nasrallah, qui n'a pas oublié les reproches d'imprudence que lui avait adressé l'Égypte lors de la guerre de 2006 au Liban, a laissé entendre qu'il ne fournirait pas de prétexte à Israël pour lancer une nouvelle guerre à sa frontière nord mais a averti que le Hezbollah riposterait en cas d'attaque.

"Le Hezbollah est devant un dilemme. Malgré toute sa rhétorique sur la Palestine, il ne peut pas faire grand-chose pour Gaza, sauf à entraîner le Liban dans un autre désastre. Alors il prend la tête de la réaction populaire", explique Timur Goksel, ancien conseiller de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

Les gouvernements arabes qui espéraient que les combattants chiites libanais s'attaqueraient à Israël en représailles de son offensive contre le Hamas, soutenu par la Syrie et l'Iran, en sont pour leur frais et se retrouvent face à leur propre impuissance.

L'Égypte, l'Arabie saoudite et la Jordanie reprochent au mouvement islamiste palestinien son refus d'accepter un règlement prévoyant la coexistence d'Israël et d'une Palestine indépendante et ses liens avec Téhéran, dont elles perçoivent l'influence croissante dans la région comme une menace.

Selon certains spécialistes, Nasrallah a franchi de nouvelles limites en désignant les régimes arabes jugés complices d'Israël et en reprenant à son compte l'appel à une nouvelle intifada lancé de Damas par le chef du Hamas, Khaled Méchaal.

Cela ne place ni le Liban ni le Hezbollah sur la ligne de front mais attise la révolte populaire qui, d'Amman à Beyrouth, a fait descendre dans les rues des milliers de manifestants. À Aden au Yemen, mardi, des protestataires ont envahi le consulat d'Égypte pour manifester contre la "complaisance d'Hosni face à Olmert"

L'Iran et le Hezbollah, qui retenaient jusque-là (ouvertement en tout cas) leurs critiques contre leurs adversaires arabes de peur d'accentuer les tensions entre chiites et sunnites, ont jeté le masque, analyse le libanais Amal Saad-Ghorayeb.

Ils considèrent l'offensive à Gaza comme visant à réduire définitivement toute résistance à Israël et à son puissant allié américain. "C'est pour eux un conflit existentiel", souligne t-il.

"Malgré leur triomphalisme, leur héroïsme et leur puissance, le Hezbollah et Nasrallah ne sont pas en mesure d'aider Gaza militairement. Que Nasrallah ne l'évoque même pas est très inquiétant pour les radicaux de la région", estime quand à lui Paul Salem, directeur du centre moyen-oriental de l'Institut Carnegie de Beyrouth.
Le monde arabe serait-il en train de plonger petit à petit dans une guerre civile ? La Perse est-elle en train de réussir son pari de "diviser pour mieux régner" ? Le Hezbollah va t-il réellement rester sage très longtemps ? Le Hamas se pliera t-il aux consignes de l'OCI ? L'Egypte va-t-elle entrer en guerre ouverte contre les Frères Musulmans et le Hamas ? L'avenir du monde arabe est décidément plein de question encore sans réponse... Et dont personne ne  veut vraiement prédire la fin.

Publié dans Monde Arabe - Liban

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A
La place croissante de l'Iran dans la région est en effet inquiétante. Et les régimes arabes modérés ont de quoi être inquiets, dans la mesure où l'offensive israélienne pourrait bien radicaliser certaines populations et redonner un semblant de popularité à tous ces dirigeants extrêmistes. Il est clair que, dans le coin, en plus du problème israélo-palestinien (qui semble plus que jamais prioritaire), l'Iran est une autre épine dans le pied des Occidentaux. Attendons de voir ce qu'Obama et Clinton feront sur ces points !
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M
Malheureusement tout ça c'est de la poudre à canon..!
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