Le blabla d'M'Bala M'Bala vu du Canada
Voici un article de l'éminent Richard Martineau paru dans la presse canadienne à propos de l'homme politique Dieudonné M'bala M'Bala et de sa propagande négationiste. Richard Martineau est chroniqueur au Journal de Montréal. Auteur de trois essais il a dirigé l'hebdomadaire Voir pendant six ans. Il écrit également une chronique régulière dans les magazines Elle-Québec et InfoPresse. Depuis 1998, il co-anime Les Francs-Tireurs, l'une des émissions-phare de Télé-Québec. En 2001, il remporta d'ailleurs le Prix Gémeau du Meilleur animateur pour une émission à caractère social. Pour voir son blog, cliquez ici.
Connaissez-vous Robert Faurisson ? Cet écrivain est l'un des personnages les plus puants de France.
Un antisémite enragé qui ferait pâlir Céline (pas la chanteuse, mais l'autre, l'auteur de Voyage au bout de la nuit, qui, en 1938, a écrit : «Les juifs sont des monstres, des hybrides qui doivent disparaître. Dans l'élevage humain, ce ne sont que des bâtards gangréneux, des ravageurs, des pourrisseurs...»).
MON AMI ADOLF
Négationniste, raciste, militant d'extrême droite, Faurisson -qui a toujours affirmé que le journal d'Anne Frank était un faux -a été condamné à plusieurs reprises pour «contestation de crime contre l'humanité».
En 1981, il a écrit que «Hitler n'a jamais ordonné ni admis que quiconque fut tué en raison de sa race ou de sa religion».
En mars 2007, il a affirmé que «les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique».
Et en décembre 2006, il a participé à une conférence sur l'Holocauste organisée à Téhéran, qui rassemblait les principaux négationnistes du monde entier. Bref, cet homme est une merde. Si ses propos avaient visé les Noirs plutôt que les juifs, les gauchistes du monde entier colleraient sa photo sur un mur pour lui lancer leurs souliers à la gueule.
UNE BONNE BLAGUE
Eh bien, imaginez-vous donc qu'il y a trois jours, alors qu'il présentait un spectacle au Zénith à Paris, l'humoriste Dieudonné a fait monter Robert Faurisson sur la scène pour lui remettre un «prix de l'infréquentabilité et de l'insolence» !
Un technicien habillé en déporté juif, avec une étoile jaune sur la poitrine (c'est drôle, non ?), est venu lui apporter son trophée devant près de 5 000 personnes, dont Jean-Marie Le Pen, parrain du dernier enfant de Dieudonné et fondateur du Front National, principal parti de l'extrême droite en France ! Et pendant ce temps, Dieudonné est accueilli à bras ouverts au Québec. Il écrit un projet de série avec Michel Courtemanche qu'il présente à Radio-Canada. Il fait rigoler la critique de La Presse Louise Cousineau quand il dit que les juifs souffrent de pornographie mémorielle. Il est invité sur toutes les tribunes, à toutes les émissions...
LE MASQUE TOMBE
Il fut un temps où l'on pouvait trouver Dieudonné frondeur, provocateur, insolent. Plus maintenant.
Le pseudo-humoriste a laissé tomber le masque, et montré à la face du monde ce qu'il est vraiment : un raciste, point final. Un antisémite virulent qui se cache sous le couvert de l'humour et de la provocation pour vomir son fiel.
Avant, on pouvait dire : «On a invité Dieudonné, on lui a donné la parole, mais on ne savait pas vraiment qui il était, quelles étaient ses opinions politiques...»
Aujourd'hui, plus personne ne peut dire ça. Plus personne ne peut prétendre l'ignorance.
Les communicateurs qui l'inviteront à leur tribune, les producteurs qui financeront ses tournées et les gens qui se présenteront à ses spectacles le feront en toute connaissance de cause, en sachant qu'ils donnent la parole et leur argent à un raciste qui fraie avec l'extrême droite.
Iriez-vous voir un spectacle d'un gars qui demande à l'un de ses techniciens de s'habiller en Kunta Kinte pour remettre un trophée à un auteur qui affirme que l'esclavage n'a jamais existé ?