Plomb durci : balagan* diplomatique (mis à jour a 14h25)

Publié le par JSS

* (balagan signifie "bordel" ou "désordre" en hébreu)

Avant tout, l'actu des dernières heures :

12h25 Damas Le président syrien Bachar al-Assad déclare qu'il faut "arrêter les massacres israéliens perpétrés" dans la bande de Gaza, lors d'un entretien avec le sénateur républicain Arlen Specter à Damas.
12h10 Bruxelles La Commission européenne demande à nouveau mardi tant au Hamas qu'à Israël d'arrêter leurs attaques et appelle à des "mesures urgentes" pour permettre l'accès de l'aide humanitaire à la population civile de Gaza.
11h15 Pékin La Chine fait part de son inquiétude face à l'escalade de la violence dans la bande de Gaza en appelant Israël et les Palestiniens à résoudre leur conflit pacifiquement.
11h00 Tokyo Environ 200 personnes ont manifesté à Tokyo au Japon contre les frappes aériennes d'Israël sur Gaza.
10h40 Jérusalem Trois roquettes palestiniennes s'abattent sans faire de victime sur le sud d'Israël à Sdérot.
10h30 Aden Des manifestants investissent brièvement le consulat égyptien à Aden, au Yémen, dans un geste apparent de mécontentement à l'égard de l'attitude du Caire sur la question de la bande de Gaza.
9h35 Jérusalem L'offensive d'Israël contre le Hamas est "la première phase parmi plusieurs" déjà approuvées par le cabinet de sécurité, déclare le Premier ministre Ehoud Olmert.
8h55 Jérusalem Les forces terrestres israéliennes sont prêtes à agir contre le Hamas à Gaza, affirme une porte-parole militaire sans donner d'indication sur le moment choisi pour une telle action.
6h55 Jérusalem Une vedette de la marine israélienne éperonne un bateau transportant des militants propalestiniens qui tentent de briser le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.
5h35 Jérusalem L'armée israélienne annonce qu'un soldat israélien a été tué lundi soir par un tir de mortier contre sa base près de la bande de Gaza.

(Le Figaro et JSS) : L'Union européenne ne parvient pas à jouer un rôle dans le règlement de la crise. À l'ONU, Ban Ki-moon hausse le ton. Les USA ne sont pas vraiment clairs. Les pays-arabes dénoncent Israel à demi-mots...
Mais que se passe t-il exactement ?
Quatre jours après le début de de l'opération Plomb Durci, la communauté internationale continue à demander (officiellement) la fin des hostilités... Et ce; sans pour autant exercer de pressions contraignantes. Lundi, Washington à de nouveau réclamé que le Hamas cesse le feu sur Israël. «Les États-Unis comprennent qu'Israël doive agir pour se défendre», a indiqué un porte-parole de la maison blanche lors d'une conférence de presse courrageuse (au vu des articles du Times de ce matin, on se demande vraiment si la maison blanche arrive à faire passer son message).
Partout ailleurs dans le monde (sauf peut-être dans les Etats Fédérés de Micronésie), les concertations se multiplient. Lundi soir, Ban Ki-moon, lors d'une brève conférence de presse, a haussé le ton (devant les micros et caméras) : «Les partenaires régionaux et internationaux n'ont pas fait assez. Ils doivent faire davantage, ils doivent utiliser tous les moyens possibles pour faire cesser les violences et encourager le dialogue politique, en insistant sur les moyens pacifiques de résoudre les différends». Rien de vraiment nouveau dans ce discours. Je rappel que Moubarak est l'unique partenaire d'Israël dans ce que l'on appel "Le blocus de Gaza".
De son côté, Nicolas Sarkozy, qui est président en exercice de l'Union européenne jusqu'à jeudi, a évoqué avec Hosni Moubarak les «modalités envisageables» d'une sortie de crise. Il table sur une médiation de l'Égypte, sans garanties supplémentaires de succès.
Mais en dépit de la volonté affichée de jouer un rôle dans le règlement du conflit, l'Union européenne ne parvient pas plus que les autres puissances, à faire entendre sa voix. «L'impuissance n'est pas spécifique à l'UE, elle est le fait de tout le monde», explique Christina Gallach, la porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Javier Solana. Forcément, l'UE n'a jamais joué aucun rôle au Proche-Orient depuis plusieurs décennies... Alors il faut bien dire que personne n'y peut rien pour se rassurer...
En fait, les Vingt-Sept entendent se distinguer de la politique poursuivie par l'Administration Bush qui, ces derniers jours, fait porter l'entière responsabilité du conflit sur le Hamas. L'UE, dont les ministres des Affaires étrangères se réuniront en urgence aujourd'hui à Paris, condamne à la fois les «provocations» de l'organisation islamique et la «solution militaire» privilégiée par l'État hébreu. Parallèlement, l'UE est le principal pourvoyeur de fonds de l'Autorité palestinienne, avec 632 millions d'euros d'aides financières budgétés jusqu'en 2010. Jugée «équilibrée» par ses initiateurs, cette position fait au contraire l'objet de vives critiques depuis le déclenchement des raids aériens israéliens.
Angela Merkel, la chancelière allemande, vient de se prononcer en faveur d'une responsabilité exclusive du Hamas. Un avis peu partagé par la communauté internationale dans son ensemble qui condamne souvent "les provocations du Hamas" mais aussi parfois la "réponse disproportionnée d'Israël".
Le président français, Nicolas Sarkozy a exprimé sa "vive préoccupation face à l'escalade de la violence dans le sud d'Israël et dans la bande de Gaza". Egalement président en exercice du Conseil européen, il a  appelé dimanche par téléphone M. Abbas, et "a rappelé sa ferme condamnation des provocations qui ont conduit à cette situation ainsi que de l'usage disproportionné de la force".

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi s'est dit "inquiet" samedi par la reprise des hostilités entre Israël et les Palestiniens du Hamas, demandant leur arrêt "immédiat" et la reprise du dialogue pour trouver une solution "stable et durable".

"Le Royaume-Uni est en faveur d'un cessez-le-feu urgent et d'un arrêt immédiat de toutes les violences", a déclaré David Miliband, le ministre des Affaires étrangères, soulignant que "la détérioration de la situation humanitaire (était) extrêmement inquiétante".

La Chine, généralement plus virulente, s'est dite "choquée", mais sans plus.

Le Mexique qui exige l'arrêt "immédiat" des raids israéliens et condamne l'usage "excessif" de la force par l'armée, "rejette au même titre les lancers de roquettes sur le territoire israélien depuis la bande de Gaza".

Le Canada a quant à lui de nouveau dimanche rendu le Hamas responsable de l'escalade de la violence dans la bande de Gaza.

La demande de retour au calme a été formulée par la Russie, la Suède, l'Autriche, la Norvège, l'Espagne ou la Suisse, ces deux pays jugeant toutefois, comme le Brésil, que la riposte israélienne était "disproportionnée".

Les Pays-Bas ont appelé Israël à "une retenue maximum", tout en condamnant "les provocations du Hamas".

La Turquie a réclamé l'arrêt immédiat des raids israéliens sur Gaza et exprimé son "mécontentement" face à ce qu'elle considère comme un "coup porté aux initiatives de paix".

Le malaise est également perceptible dans le monde arabo-musulman. À Téhéran, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour réclamer aux cris de «Mort à l'Amérique», «la disparition d'Israël de la face du monde». Des manifestation soutenue et organisées par le pouvoir bien sûr.  Une colère qui n'est pas partagée par les dirigeants des monarchies pétrolières du Golfe. Ces derniers ont paru gênés par l'appel lancé par le Qatar en faveur d'un sommet extraordinaire sur Gaza. Réunis à Mascate dans le sultanat d'Oman, ils ont répété qu'un retour à l'unité nationale palestinienne est le préalable à une aide du monde arabe. «Il est inutile d'organiser un sommet qui n'aboutira que sur des communiqués» a commenté le prince Saoud Al-Fayçal, le ministre saoudien des Affaires étrangères.

 

 

 

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A
Le problème des chancelleris occidentales, c'est qu'elle multiplie les communiqués chacune dans leur coin et que, face à ce brouillard diplomatique, on ne retient que l'appel au cessez-le-feu, très timide, de presque tous les pays occidentaux. Les Etats-Unis, sans surprise, dénoncent le rôle du Hamas. L'Union européenne, comme tu le soulignes, étant absente de cette région, ne peut pas peser bien lourd. Il aurait fallu qu'elle décide de s'investir beaucoup plus clairement dans le dossier pour espérer pouvoir parler d'une même voix, forte. ce n'est pas le cas. Et on le voit bien aujourd'hui: la solution viendra sans doute de l'Egypte ou de la Turquie, si elles obtiennent un soutien clair de l'UE. C'est, semble-t-il, ce que Sarko serait sur le point de promouvoir. Mais, il se pose un problème majeur: à moins de jouer perso, comme président français, il va donner à l'europhobe président tchèque la présidence du Conseil européen après-demain. Or, je doute que Vaclav Klaus fasse du dossier proche-oriental une priorité. Heureusement, l'administration Bush dégage dans trois semaines !!
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