Mais qui était le Ché ?

Publié le par JSS

Je me souviens lorseque je vivais en France, je voyais partout des posters en vente avec le Ché. A 15 ans,, je trouvais ca plutôt sympa... Il est pas si moche, et puis ses posters sont assez colorés. De ce que je savais de lui, c'est qu'il était révolutionnaire. Rien de plus. J'ai donc acheter un ou deux bouquins sur lui et fouiller le net pour le connaître un peu mieux. "Quoi, le Ché était un ami des factions terroristes palestiniennes"?  Le choc... Voilà mon compte rendu.


C'est probablement le portrait photographique le plus célèbre du monde. Il représente le Che, vêtu d'un treillis militaire recouvert d'un blouson, un béret avec une étoile enfoncé sur la tête. Nous sommes le 5 mars 1960. Un million de personnes assistent au cimetière de Colón, à La Havane, à l'un des discours enflammés de Fidel Castro. Il s'agit d'honorer les victimes (entre 70 et 100 morts selon les sources) de l'attentat attribué à la CIA contre le cargo français La Coubre qui déchargeait, la veille, des armes achetées par Cuba à la Belgique.

Sept ans passent, jusqu'au 9 octobre 1967, jour où Ernesto « Che » Guevara est abattu par l'armée bolivienne. Feltrinelli ressort la photo prise par Korda, fait tirer un million de posters revendus 5 dollars pièce, avec pour seule mention « Copyright Feltrinelli ». La photo entame son tour du monde. Et devient une icône.


Juin 1955. Ernesto Guevara vit la bohème avec sa première femme, la Péruvienne Hilda Gadea, et traîne son désir de révolution à México où il exerce divers métiers alimentaires, médecin à temps partiel mais aussi journaliste ou photographe de rue. Des copains exilés cubains le présentent à Raúl Castro, le frère cadet de Fidel. Libéré par Batista en mai, Raúl affiche des idées très à gauche. Communistes même, puisqu'avant de monter avec son aîné et leurs amis à l'assaut de la garnison de la Moncada à Santiago de Cuba, le 26 juillet 1953 - la première action d'éclat de Castro tourne au fiasco -, il avait déjà la carte du parti en poche. Cet engagement politique plaît à l'Argentin. Les deux exilés sympathisent ; ils se voient de plus en plus. Fidel, lui, est toujours à Cuba (condamné à quinze ans de prison, il a été libéré en mai) même si Raúl annonce sa prochaine venue. Un jour prochain, c'est sûr...

Ce jour finit par arriver. Nous sommes en juillet. Un grand escogriffe d'un mètre quatre-vingt-six pousse à la volée la porte du 49, rue Emparán, le rendez-vous des exilés anti-Batista de México. C'est lui, c'est Fidel ! Dans cette « auberge cubaine » où Mariá Antonia Gonzáles et son mari Avelimo Palomo accueillent tout le monde avec chaleur, Guevara attend le nouveau venu. Pour se laisser emporter par le torrent de verbe castriste. Conversation passionnée. De 8 heures du soir jusqu'à l'aube, Fidel parle. Guevara, subjugué, écoute, réplique quelquefois à mots brefs, évoquant ses souvenirs de juin-juillet 1954 au Guatemala, quand la CIA et ses alliés locaux renversaient le gouvernement de gauche de Jacobo Arbenz. Surtout, il fait montre d'une culture marxiste-léniniste qui ne laisse pas son interlocuteur indifférent.

« Révélation dans la révolution » : s'il est vrai que tout révolutionnaire cherche inconsciemment un maître, Guevara vient de trouver le sien. « C'est un événement politique d'avoir fait la connaissance de Fidel Castro, le révolutionnaire cubain, homme jeune, intelligent, sûr de lui et d'une audace extraordinaire. Je crois que nous avons sympathisé mutuellement », se réjouit-il le lendemain dans son journal personnel. Cette fascination ne se démentira jamais. Deux ans plus tard, le « Che » confie par exemple à son compatriote et ami Ricardo Masetti : « Fidel m'a laissé l'impression d'un homme extraordinaire. Il faisait face aux choses les plus impossibles et leur trouvait une solution. »

A la vie, à la mort. Leur aventure commune se confond d'abord avec le débarquement à Cuba du Granma, le 2 décembre 1956, puis avec les maquis de la Sierra Maestra. Guevara s'y montre bon guérillero. Et mieux, l'un des plus « castromaboules » parmi les « barbudos » - et la concurrence est rude ! La récompense ne se fait pas attendre. Le 21 juillet 1957, sans avoir consulté qui que ce soit, Fidel nomme l'Argentin comandante. Ainsi vont en effet les promotions dans l'armée rebelle : au bon vouloir du seul chef suprême.

Guevara monte en puissance. Le 21 août 1958, il prend la tête d'une colonne de barbudos qui quitte la Sierra Maestra, direction la province de Las Villas, au centre de l'île. L'objectif : mettre au pas les militants du mouvement castriste local et ceux d'un groupe rival, le Directoire révolutionnaire. Tâche délicate dont le Che s'acquitte si bien qu'il se rend maître de la province et, dans les tout premiers jours de janvier 1959, de sa capitale Santa Clara, verrou stratégique sur la route de La Havane. Voici notre barbudo promu au rang de vedette médiatique, coqueluche des photographes de la presse internationale à l'instar, et ça, c'est grave, de Fidel.

A lui, auteur d'une si belle percée, la gloire d'entrer le premier dans La Havane ? Non, tranche Castro. Prisonnier de son refus des honneurs, Guevara avale la couleuvre sans broncher. Et presque aussitôt, un reptile plus consistant encore. Promu « fusilleur en chef » du nouveau régime, il se couvre les mains de sang cubain. Quelle légitimité possède donc un Argentin à régler ainsi les comptes de l'ère Batista ? A l'heure où la dictature des frères Castro s'impose, l'Argentin reste béat d'admiration devant Fidel au point d'en perdre tout sens critique. Ce qui est bon pour le Líder máximo est, croit-il, bon pour la Révolution. Celle-ci prend un tour plus radical, dont Guevara, tout à son désir d'absolu, n'est pas le moindre des acteurs. Promu diplomate, il visite l'Union soviétique à la fin 1960 pour en revenir ébloui, assurant que ses dirigeants, bien qu'épris de paix, seraient prêts à risquer la guerre nucléaire pour protéger Cuba. Il clame aussi que les citoyens soviétiques auraient un très haut niveau politique, assertion de nature à plier tout bon Moscovite de rire, mais à La Havane...

Le plat de résistance s'appelle Amérique latine. Après un an et demi de vie clandestine, Guevara pénètre sous une fausse identité en Bolivie le 3 novembre 1966. Qu'il réussisse dans son entreprise de guérilla et Fidel pourra se présenter comme l'initiateur de l'opération, et en recueillir les fruits. Qu'il tombe au combat, et Castro récupérera son image héroïque pour s'en faire un drapeau. Dans tous les cas, c'est le dictateur des Tropiques qui sortira gagnant de l'affaire. Gentil Fidel, qui pousse une fois encore la « bonne volonté » jusqu'à faire rendre public, en mai 1967, ce fameux appel du Che à la conférence Tricontinentale, texte plein de morbidité qui se termine par ces mots terribles : « Qu'importe le lieu où nous surprendra la mort, qu'elle soit la bienvenue pourvu que notre cri soit entendu, qu'une autre main se tende pour empoigner nos armes et que d'autres hommes se lèvent pour entonner les chants funèbres dans le crépitement des mitrailleuses et des nouveaux cris de guerre et de victoire. » Qui jette de telles phrases sur le papier ne peut, là encore, plus reculer...

Le 9 octobre 1967, Guevara, capturé et déjà blessé, est assassiné par un sergent des rangers boliviens, issue fatale qui fait bien les affaires de Castro. Le dictateur a toujours su manipuler les symboles religieux omniprésents dans un vieux pays catholique comme Cuba, mais comment aurait-il pu prévoir ce merveilleux cadeau du destin: la photo du Che mort aux fausses allures de Christ ? Un Jésus martyr de la lutte armée: du jamais vu ! Et le pire, c'est que ça va marcher. Jusqu'au bout, Castro aura su tirer parti de l'aveuglement de son compagnon...

Publié dans Divers

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A
dommage,<br /> <br /> J'avais le portrait du Ché avec le Keffieh du sanguinaire Arafat, mais je ne sais pas passer les photos sur les commentaires
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C
Bonjour JSS, <br /> <br /> Ayant récupéré ton adresse sur le Tchat d'OB... me voici chez toi. Je suis pas un champion d'analyse géo politique... toutefois cela fait un petit moment que je survole ton blog... je le trouve fort intéressant m'étant moi-même essayé à ce genre d'articles(toutefois un peu moins journalistiquement ) <br /> <br /> Au plaisir d'y revenir<br /> <br /> Bonne journée<br /> <br /> C'kissa
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